Comment s'assurer d'un ensilage maïs de qualité ?

Après récolte, la qualité de confection de l’ensilage va influer sur les performances alimentaires du troupeau ! Ainsi, la qualité du silo est tout aussi importante que la qualité du fourrage récolté. Explications :

 

 

La qualité de confection du silo

Le premier point rentrant en compte est le hachage du maïs. Celuici a deux objectifs qui semblent contradictoires :

  • hacher fin pour faciliter le tassement du silo ;
  • laisser des brins assez longs pour la mastication des vaches.

En pratique, on visera une finesse de hachage de l’ordre de 8-15 mm. Pour prendre en compte l’effet mécanique des outils de distribution (déssileuse, mélangeuse) on pourra ajouter entre 3 et 5 mm de longueur.

Les gros morceaux (> 20 mm) sont indésirables car ils gênent le tassement du silo, et provoquent des refus à l’auge qui entrainent une baisse de consommation des vaches.

Moins il y a de particules moyennes, meilleur est le tassement, surtout si la teneur en MS du maïs dépasse 35 %. Le tamis secoueur (ITCF ou Penn State), est un outil efficace pour juger la finesse de hachage.

L’objectif après récolte est d’obtenir rapidement un milieu anaérobie, avec un pH < 4, favorisant les fermentations lactiques tout en évitant les échauffements et les moisissures.

Plus le maïs est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité. On estime qu’à 30 % MS (EMPE), on enferme environ 1 litre d’air par kg de matière sèche. En 3 à 4 heures il n’y a plus d’oxygène dans le silo et les bonnes fermentations débutent.

Quand le maïs fourrage est plus sec (35 % MS), le silo est plus difficile à tasser, il faut 3 à 5 jours pour épuiser l’oxygène enfermé. Le hachage fin est donc utile pour augmenter la densité de matière sèche. Pendant ce délai, les fermentations lactiques ne démarrent pas, mais les levures et moisissures se multiplient. Si le silo est bien hermétique, leur activité s’oriente vers une vie ralentie et cesse d’échauffer le silo…

L’absence d’oxygène est nécessaire pour que les fermentations se déroulent bien. Le renouvellement de l’oxygène relance les échauffements et fait apparaître les moisissures… Le jour de la récolte, la fermeture du silo doit donc être le plus hermétique possible !

En cours d’utilisation, on veillera également à vérifier la bonne étanchéité du silo et l’absence d’entrée d’air (trou dans la bâche, front d’attaque).

Lors de l’utilisation de l’ensilage, les pertes interviennent surtout au front d’attaque. Une des conditions à respecter pour éviter les échauffements consiste à avancer le front du silo plus vite que la reprise des fermentations. On retient généralement les valeurs suivantes : 10 cm par jour en moyenne en hiver, 20 cm par jour en moyenne en été. La largeur et la hauteur des silos doivent donc être adaptées à cette vitesse de consommation.

 

Quid des conservateurs ?

Quand la porosité du silo est maîtrisée par un bon tassement, l’incorporation de conservateur dans l’ensilage n’apporte aucune amélioration du point de vue de la conservation, ni pour les fermentations lactiques juste après la récolte, ni même pour contrecarrer le développement de moisissures.

Cependant, l’application d’un conservateur « anti-moisissures », peut intervenir quand on sait d’avance que la porosité sera trop élevée (stade de maturité trop élevé ou pas atteint…). Cette application peut ne concerner que la couche la plus exposée aux dégradations, sur les 20 à 30 derniers centimètres du silo. Quand le conservateur a un effet, il se manifeste par un allongement du délai de stabilité de l’ensilage (échauffement plus tardif…). Quant au sel, son incorporation a pour seul effet de limiter la multiplication des bactéries butyriques dans des zones de condensation à la surface des silos.

 

A l’ouverture du silo : que faire ?

Il est difficile d’évaluer la qualité de l’ensilage lors de la confection du silo, il est donc nécessaire de prélever des échantillons pour évaluer la teneur en matière sèche et la valeur alimentaire du fourrage. La teneur en matière sèche est utile pour évaluer les stocks puis la consommation du troupeau, les valeurs alimentaires permettent d’ajuster les rations en choisissant les aliments complémentaires les mieux adaptés.

Lors du prélèvement de ces échantillons, il est également intéressant d’évaluer l’évolution de l’ensilage entre la mise en silo et sa distribution au troupeau. Les pertes liées à la conservation d'un ensilage de maïs peuvent varier de 5 à plus de 25 %. La fourchette basse des 5 % correspond aux pertes dites « normales », que ce soit au moment de la récolte ou du fait des fermentations lactiques qui abaissent le pH pour assurer une bonne conservation. Tout ce qui est au delà des 5 % peut être évité.

Visuellement il est possible de constater quelques pertes par moisissures en périphérie, mais cela ne représente qu’une infime partie du gaspillage. Les pertes les plus importantes sont celles liées à l’échauffement du silo (consommation de l’oxygène et des sucres par les fermentations des levures), diminuant la valeur énergétique. Les causes principales sont un tassement insuffisant à la confection du silo, un avancement trop faible ou irrégulier du front d’attaque. Les silos « mal tassés » sont de plus en plus fréquents, conséquence des débits de chantier importants.

Les densités théoriques des ensilages de maïs sont prises comme références (700 kg brut/m3 en plante entière et 800 kg bruts/m3 en épis de maïs), mais elles restent difficiles à apprécier. A l’inverse, l’échauffement ou la reprise des fermentations ainsi que le pH sont évaluables par l’utilisation de sonde de température (ou caméra thermique cf photos) et de pH avec des mesures réparties sur l’ensemble du font d’attaque.

Un outil d’évaluation actuellement sur le marché (le Silo’Scan) permet de traduire des relevés de densité, de température, de pH, combinés à la vitesse d’avancement du front d’attaque pour informer l’éleveur des pertes quotidiennes subies (voir sur une projection à 6 mois). Cet outil permet d’affiner le bilan fourrager, ainsi qu’une sensibilisation de l’éleveur pour ne pas ce laisser dicter le tassement de son silo par le débit de l’ensileuse !

 

Eric BERTRAND - FIDOCL Conseil Elevage

Tags: