Changements climatiques : comprendre, anticiper et agir !

S’il y a 10 ans certains pouvaient encore douter du changement climatique, si certains grands politiques et états refusent encore la réalité, il paraît maintenant certain que le réchauffement est réel, avec des phénomènes toujours plus importants et démesurés. Patrick RIBES, Président Adice Conseil Elevage nous présente son point de vu et sa vision :

 

Plus localement 2018 a été l’année la plus chaude. Notre bon sens paysan a depuis longtemps pris la mesure de ces changements : moins de neige l’hiver, récolte d’herbe ou de maïs plus précoce, sources taries, deuxièmes coupes de foin aléatoires, et ravageurs nouveaux. Toutes les prévisions tendent vers un réchauffement accru lié à l’accroissement des gaz à effet de serre (GES).  Ces dérèglements sont dus aux activités humaines et l’élevage ruminant a sa part de responsabilité (production de méthane) mais aussi des atouts à faire valoir (stockage du carbone). Ainsi, nous, éleveurs et techniciens de nos organismes de conseil en élevage, avons un rôle important à jouer.

 

Réagir face à l’urgence de la situation

La sécheresse de cet été et automne a contraint dès les mois de juillet-août à affourager les animaux aux parcs. Les regains sont inexistants. Le maïs a souffert et l’automne n’a pas permis de renflouer les stocks, au plus bas. En plus d’une production en baisse, cela implique des achats supplémentaires de sous-produits et de fourrages. Face à l’urgence il a fallu réagir au cas par cas : resemis, décapitalisation d’animaux, prévisionnel de trésorerie…

 

Accompagner le changement                                                     

Ces aléas nous obligent à modifier en profondeur pratiques et systèmes. Nos conseillers, à travers les diagnostics autonomie alimentaire ou cohérence système, peuvent nous proposer des pistes et en mesurer la pertinence : modification du chargement, implantation de couverts, pâturage plus précoce au printemps ou tardif à l’automne, délégation des cultures… La remise à plat du système fourrager et de la conduite du troupeau amène à revoir les volumes produits et la place du maïs fourrage. Dans nos territoires, nous sommes condamnés à privilégier la valeur ajoutée et gagner en efficience.

 

S’appuyer sur la recherche locale

L’adaptation de nos systèmes ne peut se faire sans recherche et innovation. La FIDOCL est impliquée depuis plusieurs années à travers le dispositif PEP(1). En 2019 elle renforce ses moyens de recherche à travers des actions régionales menées dans le cadre du nouveau dispositif PEPIT(2). Ces actions concernent aussi bien les bovins lait et viande que les caprins lait comme Pâtur’AURA, Méteil, Top ensilage herbe ou encore Maïs sec. Il s’agit de trouver des leviers d’actions pour l’ensemble des éleveurs autour de 4 ressources majeures : la récolte d’herbe, les dérobés, le pâturage et le maïs. Ces ressources doivent se combiner au mieux selon les élevages et leur territoire.

 

Sensibiliser et communiquer sur nos actions en faveur du climat

Nos ECEL régionaux participent depuis plusieurs années au programme life carbon dairy(3) impulsé par le CNIEL et l’Institut de l’élevage, dont France Conseil Elevage est partenaire. Nous restons mobilisés sur cette thématique en développant les prestations CAP’2ER avec l’aide de la Région et de laiteries partenaires. CAP’2ER permet de mesurer la production de GES des exploitations puis de déterminer les leviers d’action pour réduire leur impact carbone. Outre la sensibilisation des éleveurs et les plans d’actions mis en œuvre, nous avons une responsabilité que nous souhaitons assumer auprès des filières, des élus et du grand public.

Les éleveurs et ECEL de la région Auvergne Rhône-Alpes sont ainsi en première ligne face au changement climatique.

(1) Pôle d’Expérimentation et de Progrès

(2)  Dispositif d’appui régional aux expérimentations agricoles PEPIT’AURA (Pôles d’Expérimentations Partenariales Agricoles Pour l’Innovation et le Transfert)

(3) programme européen de mesure des émissions de gaz à effet de serre en élevage bovins laits

 

Propos recueillis par Jean-Philippe GORON, Adice Conseil Elevage

 

 

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