Céréales trop humides : pensez à l’inertage.

La récolte et la conservation des orges, triticales et blés récoltés humides, parfois germés et à faible PS imposent des précautions avant d’envisager de les distribuer aux animaux.

Les températures basses associées à de fortes précipitations ont grandement ralenti les moissons depuis début juillet. Ces conditions très particulières de début d’été favorisent dans certains secteurs la germination des graines d’orge, triticale et blé dans des parcelles versées ou non.  Séchage ou inertage : quelles stratégies mettre en place pour ces céréales destinées aux animaux ? 

Céréales trop humides ou germées : comment les récolter ?

A ce stade de maturité, les céréales ne peuvent plus être ensilées. La teneur en MS de la plante entière est beaucoup trop élevée pour pouvoir réussir la conservation du fourrage : tassement du silo impossible empêchant toute fermentation lactique nécessaire à l’acidification… La récolte doit se faire le plus rapidement possible  et en grain.

 

Conservation en grain encore possible si humidité inférieure à 20% et germes inférieurs à 1 cm

La teneur en eau du grain à la récolte doit être inférieure à 20 % afin de pouvoir assurer la conservation en voie sèche, en silo à grain. Pour une teneur d’humidité inférieure à 16% une ventilation simple suffira. Pour une teneur comprise entre 16 et 20%, une ventilation séchante est nécessaire.

 

Conservation en voie humide ou inertage

Dans le cas de  grains humides (MS<80%) et/ou germes  supérieurs à 1 cm le séchage est fortement déconseillé. La conservation  doit se faire par voie humide, en anaérobie de préférence broyé ou applati. On parle alors d’inertage.  La céréale est moissonnée, broyée et mise en silo hermétique. Les germes respirent pendant quelques jours, c'est-à-dire consomment de l'oxygène et rejettent du gaz carbonique. L’oxygène consommée, l'inertage est une technique de conservation sous atmosphère de gaz carbonique. Cette technique est très répandue pour récolter et conserver du maïs grain humide (avec ou sans broyage) pour les élevages ruminants et monogastriques.

 

Confection de silo boudin ou couloir

L'idéal est de recourir à la technique de conservation en “boudin” de plastique si on dispose d'un entrepreneur ou d'une Cuma équipés. Si on confectionne un petit silo couloir (on peut s'aider de balles cubiques), comme pour un ensilage « classique », les grains aplatis seront tassés, bâchés et fermés (hermétique) dès la fin du chantier. Il faut prévoir un avancement minimum de 10 à 20 cm (1 m3 de céréale broyée pèse environ 800 kg). Le broyage doit être ni trop grossier, ni trop fin. Si les grains ne sont pas assez humides à la récolte (< à 30% d’humidité), il est possible de rajouter de l’eau pour favoriser le tassement et la conservation.  Plus le grain est humide, plus le silo doit être tassé et hermétique. Attention toutefois, le produit peut se prendre en masse et la reprise est un peu plus compliquée.

 

Avec ce mode de conservation (inertage) les valeurs alimentaires du grain humide sont très proches du grain sec. Un début de germination sur pied ne modifie pas la valeur alimentaire du triticale. L’amidon est transformé en sucre sans perte de valeur énergétique. La teneur en protéine n’est pas modifiée et les grains présentent une meilleure digestibilité.

 

 

Attention aux mycotoxines

Le risque d'une présence excessive de mycotoxines est faible si la céréale a été séchée ou inertée rapidement après la récolte et si le produit a bel aspect. Si le délai entre récolte et inertage a été long ou si l'aspect du produit est douteux (présence ou odeur de moisi, le silo chauffe,…) ne pas distribuer (surtout aux jeunes et aux femelles en lactation ou en période de reproduction), ou bien faire réaliser au préalable une recherche de mycotoxines par un laboratoire.

 

 

Jean-Philippe Goron

Isère conseil Elevage juillet 2014

sources ARVALIS Institut du végétal

 

 

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