Cap'2ER : Evaluation des performances environnementales des élevages de ruminants

L’outil CAP’2ER® de l’Institut de l’Elevage s’adapte à la filière caprine en proposant le diagnostic de niveau 1. Celui-ci permet de sensibiliser les éleveurs aux problématiques environnementales et d’évaluer les principaux impacts environnementaux à l’échelle de l’atelier. Une comparaison à des références issues des fermes du Réseau national, par type de système fourrager, permet de se situer. Les premiers diagnostics sur nos secteurs viennent tout juste d’être réalisés en 2020 par nos conseillers d’élevage. Adice et la Fidocl sont ainsi moteurs dans la mise en place de l’outil en Région et la diffusion des premiers résultats obtenus.

 

 

Les émissions au niveau de l’élevage représentent 70 à 80% des émissions totales de l’ensemble du cycle de vie d’un produit laitier

Pour mesurer le réel impact environnemental des produits, il faut s’appuyer sur le concept de l’analyse de cycle de vie. Cette méthode considère l’ensemble des étapes liées à la production d’un produit : depuis la fabrication des intrants (fertilisants, concentrés,…) jusqu’à la commercialisation du produit fini (transport,...). L’approche Cap’2ER s’intéresse uniquement à l’amont c’est-à-dire la phase de production en élevage qui représente les ¾ des émissions de gaz à effet de serre. Les différents indicateurs mesurés sont ramenés à une unité de production (litre de lait produit) ou de surface (hectare).

 

Empreinte carbone nette et brute, les prairies stockent du carbone ! 

Le changement climatique est associé à un accroissement dans l’atmosphère des émissions de GES, dont les 3 principaux sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). Pour pouvoir facilement les comptabiliser, le méthane et le protoxyde d’azote sont convertis en équivalent CO2, en prenant en compte leur pouvoir réchauffant. Ainsi, 1 kg de CH4 et 1 kg de N2O correspondent respectivement à 25 et 298 kg équivalent CO2. Parallèlement, il existe des « puits » de carbone ou réservoirs qui ont la capacité d’absorber du carbone en circulation. L’élevage possède l’atout de pouvoir séquestrer du carbone dans les sols de manière pérenne et stable (via les forêts, les prairies). La différence entre les émissions de carbone et leur stockage représente l’empreinte carbone nette. Pour repère, un français moyen a une empreinte carbone nette annuelle de 7 à 12 tonnes éqCO2/an.

 

Origine des GES émis en élevage laitier

 
  •  Le CH4 est majoritairement généré par la fermentation entérique dans le rumen des aliments riches en cellulose (83% des émissions), et par la fermentation des déjections animales
  •  Le N20 est principalement issu de la nitrification/dénitrification dans les sols cultivés, phénomènes accentués par l’apport d’engrais azotés (minéraux et organiques). Ainsi que des déjections des animaux sur la pâture et du lessivage des nitrates
  • Le C02 provient de la consommation d’énergie (fioul, électricité...) sur les exploitations et lors de la fabrication des intrants (engrais, concentrés). Il est plus réduit que les deux précédentes.
 

Impact sur notre environnement

Cap’2ER permet d’apprécier l’impact des pratiques d’élevage sur

  • La qualité du l’air et de l’eau à travers l’excédent du bilan azoté de l’exploitation, exprimé en kgN/ha. Ce bilan mesure le solde entre les entrées (aliment, engrais, fourrage, paille, animaux) et les sorties (lait, viande, fourrages ou céréales). La différence est stockée dans le sol ou perdu vers l’air (acidification) ou vers l’eau (eutrophisation). Les pratiques et la nature de l’épandage, ainsi que la gestion et le stockage des déjections, ont une influence sur l’excédent du bilan N.
  • Les consommations d’énergie fossiles. Celles-ci prennent en compte les énergies directes (fioul, électricité acheté) et indirectes utilisées lors de la fabrication et le transport des intrants (engrais, aliments, fourrages,...).

 

Et Contributions positives

Cap’2ER c’est aussi une méthode pour apprécier les pratiques vertueuses, notamment :

  • Le maintien de la biodiversité : L’élevage de ruminant a un réel impact sur celle-ci, comme gestionnaire de surfaces. Dans l’outil, on dénombre les différents éléments agro-écologiques, traduits en hectare équivalent de biodiversité. Exemple : 1 ha de prairie permanente ou 100ml de haie = 1 ha équivalent biodiversité
  • La performance nourricière ou le nombre potentiel de personnes nourries par l’exploitation. La méthode est basée sur les besoins nutritionnels moyens d’un individu, exprimés en quantités de protéines animales.

 

Exemples de résultats en élevage caprin fromager et laitier

Le nombre d’élevage diagnostiqués n’est encore pas suffisamment important pour proposer des valorisations poussées. Voici deux exemples d’élevages de nos secteurs ayant une empreinte carbone plutôt faible au regard des premiers référentiels nationaux. Ces élevages ne sont pas très intensifs avec une productivité animale dans la moyenne (800 litres / chèvre). Ils ont une part importante de prairies permanentes qui leur assure une bonne compensation carbone (un quart des émissions). Les élevages ne consomment pas beaucoup de concentrés (340 g/L). Globalement la bonne efficacité des intrants permet à ces deux élevages d’être relativement performants en termes d’empreinte carbone nette.

Ces premiers résultats demandent à être confirmés par un plus grand nombre d’élevages. Ainsi Adice et la Fidocl souhaitent réaliser rapidement plus de 40 diagnostics.

La sortie prochaine du niveau 2 de Cap’ER permettra aussi de prendre en compte plus de détails dans les pratiques (fertilisation, type de logement, rations et gestion des effluents, ..).

Les principaux leviers d’action sur les GES sont le plus souvent techniques et améliorent la performance économique des élevages. Ainsi il y a un vrai enjeu de construction de repères, de diagnostics et de communication au niveau des filières et des élevages.

 

 

Alessio Moro, Adice

 

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