Canicule : Comment estimer le stress thermique des vaches ?

Les épisodes de canicule de l’été engendrent un inconfort important sur les laitières qui se traduit rapidement en baisse de production. Index THI et paramètres laitiers nous informent sur le degré de stress et les mesures correctives à mettre en place.

 

Le THI, estimation du stress thermique

 

Le THI est un index combinant température et humidité relative. Il permet d’apprécier la situation d’inconfort des animaux. Un THI à moins de 78 correspond à un stress léger pour les vaches laitières, de 78 à 88 un stress modéré et supérieur à 88 à un stress marqué. A l’aide de l’Institut de l’Elevage et dans le cadre d’une expérimentation régionale (NEF 2.0), le THI a été enregistré cet été dans 3 élevages de nos départements sous bâtiment et à l’ombre !  Le Gaec Berne Berruyer est situé dans le nord Drôme à st Michel sur Savasse, l’Earl des Collières à St Jean de Bournay (38) et le Gaec de la Richardière dans les terres froides (38).

Que nous confirme ce tableau des THI dans 3 élevages où nous avions mis les thermomètres enregistreurs... Sur le mois de juillet, nous avons 8 journées avec un stress thermique sévère et 23 autres journées classées sévère à modéré. La sévérité du stress thermique est d’autant plus marquée que les jours se succèdent ce qui a été le cas fin juin.  Dans les 3 bâtiments logettes non isolées, le THI a dépassé la côte d’alerte de 88, ventilateur ou non soit 5 jours consécutifs de stress sévère pour le mois de juin.

 

 

 

Le stress thermique se traduit par du déficit énergétique, une baisse d’ingestion et de l’instabilité ruminale. La première conséquence est la chute brutale en production. Les paramètres laitiers ont réagi fortement (1 à plus de 2 points de perdus de TP en 10 jours). Pour tenter de réduire l’impact de ce stress thermique les élevages ont privilégié l’alimentation à l’auge au détriment du pâturage. Tout a été mis en œuvre pour favoriser l’ingestion des laitières : Redensifier les rations, distribuer le soir ou en plusieurs fois, surveiller la qualité de l’eau et les accès aux abreuvoirs, favoriser les courants d’air.

Beaucoup de paramètres influent sur le confort des animaux et leur performance. Une analyse détaillée sera rendue aux éleveurs.

 

 

 

Les acides gras, indicateurs du déficit énergétique et d’instabilité ruminale

 

Les paramètres laitiers, sur de grands échantillons, sont assez stables. Grâce à l’analyse fine des données interprofessionnelles laitières de la Région de fin juin à début août, il est facile de caractériser l’importance des canicules de fin juin et de fin juillet. La 1° canicule (température à l’ombre supérieure à 36°c et minimum supérieure à 20°c) est sévère, la 2° fin juillet un peu moins importante. Les paramètres laitiers nous renseignent en décalé sur le comportement des animaux à ces périodes.

A la lecture du tableau, le TB n’est pas un indicateur facile à lire. Il varie autour de plus ou moins 39 g/l. Le taux protéique, signe de déficit énergétique, réagit avec des moyennes inférieures à 32 g/l sur les 2 semaines suivant la canicule. Ce déficit est renforcé par l’augmentation du C18 :1, traceur également du déficit énergétique. La journée d’analyse du 1 juillet en est le meilleur exemple avec un TP à 31.48 et un C18 :1 à 10.05.

Les acides gras saturés (AGSA) traduisent le manque d’ingestion. Cela se confirme avec des valeurs inférieures à 25 g/l sur fin juin et début juillet. La seconde période de canicule semble avoir moins marquée les animaux avec des AGSA et C18 :1 corrects (respectivement> 25 et proche de 9).

Le rapport C16 :0/AGSA nous renseigne sur l’instabilité ruminale. Si le rapport dépasse les 43%, cela veut dire que la synthèse de NOVO d’AGS a été pénalisée. Ce rapport est le plus élevé également sur fin juin et début juillet avec un rapport > 43% le 1 juillet.

D’autre part, les AGPI baissent fortement sur la période et sont plus bas à la même date qu’en 2018.

 

Le suivi en temps réel des bases de données régionales permet maintenant d’alerter rapidement les éleveurs sur les périodes à risques afin de prendre certaines précautions sur la qualité des rations et le confort du logement.

 

Yannick Blanc expert nutrition, conseiller élevage ADICE

Patrice Dubois, expert nutrition, directeur Rhône Conseil ELevage

 

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