Bâtiments, valoriser l'existant

Le contexte d’élevage évolue. Adapter les bâtiments à l’accroissement de cheptel ou au changement climatique est devenu un enjeu majeur pour l’efficience de l’exploitation.

 

 

 

Pour qui ?

Il est indispensable de recenser le type et le nombre d’animaux à loger. Si le site est éloigné, il faudra y loger des animaux nécessitant une fréquence de surveillance moins élevée. Valoriser les bâtiments éloignés permet aussi de disposer d’effluents et de fourrages « sur place » et peut limiter les transports entre les sites. Le temps d’hivernage devient de moins en moins long, l’aménagement spécifique d’un bâtiment pour des génisses est donc moins justifié. Monter des barrières de case paillée sur fourreaux et minimiser les marches rendent le bâtiment multifonctionnel. Il pourra ainsi accueillir en période estivale du fourrage ou du matériel agricole. Il est aussi nécessaire d’adapter le type de logement aux infrastructures présentes afin de limiter les investissements. L’absence de fosse à lisier ou de fumière amènera l’éleveur à faire le choix d’une gestion aire paillée intégrale ou avec quai autonettoyant.

 

Un bâtiment = une fonction

Le logement des génisses et/ ou le stockage du fourrage ont souvent disparu des bâtiments vaches laitières pour répondre à la demande de places supplémentaires. C’est une avancée importante pour l’adaptation des bâtiments aux variations climatiques. En effet, pas de fourrage contre le bardage, c’est un bâtiment qui respire ! Il est aussi plus aisé d’adapter la ventilation à une seule catégorie d’animaux. L’ajout de places de couchage ne doit pas se faire au détriment des surfaces d’exercice ou des largeurs de couloir, indispensables au confort des animaux dans leur déplacement. Le passage d’aire paillée à logettes permet d’augmenter le nombre de vaches logées sous la même surface de bâtiment. Cette transformation conduit généralement aussi à une réduction des coûts de fonctionnement du bâtiment (achat de paille, curage…)*. L’automatisation de la traite ou de l’alimentation permet aussi dans certaines situations d’augmenter les surfaces d’aire de vie. Attention l’aménagement ne doit pas se faire aux dépens des conditions de travail de l’éleveur (passages d’homme, contention des animaux…) et du confort des animaux.

 

*BRUEL A., COUTANT S., MARY J., PILET J.-M., ROCHETEAU P., GUIOCHEAU S., MENARD J.-L., 2015. Coûts de fonctionnement des bâtiments pour vaches laitières : coût et chiffrage de 17 bâtiments modélisés. Chambres d’agriculture des Pays de la Loire et Bretagne, Institut de l’Elevage, 92 pages.

 

Témoignage : Au GAEC DES PLATS D’ABOEN :  Un tapis d’alimentation pour créer 45 logettes supplémentaires

A la reprise des bâtiments lors de l’installation d’Antoine Collin, le site principal comprenait un bâtiment en bipente de 13 m de large. Il comptait 62 logettes et des cases à veaux humides et peu utilisées. Un bâtiment monopente de 9m accolé au premier servait de couloir d’alimentation et de stockage fourrage. Leur objectif : loger 110 vaches et repenser le bloc traite pour traire en 1 heure !

Comment avez-vous réfléchi à l’augmentation du nombre de places ?

« L’objectif était de créer des places supplémentaires sans agrandir fondamentalement les bâtiments. Il y avait déjà une surface couverte conséquente et nous avons cherché à l’optimiser. Il a fallu prendre en compte les contraintes existantes comme les emplacements des poteaux. Nous souhaitions aussi maximiser les aires de vie des vaches en lactation ».

Quelles solutions avez-vous mises en place ?

« Nous avons fait le choix d’installer un tapis d’alimentation afin de réduire l’emplacement de la zone d’alimentation. Le tapis a été positionné à la place de l’auge existante et a ainsi permis de doubler le nombre de places à l’auge. L’ancien couloir d’alimentation et de stockage a laissé place à une aire d’exercice raclée et une rangée de logettes. Nous avons aussi déplacé le bloc traite pour augmenter le nombre de postes, aujourd’hui en 2*14, et faciliter la sortie des animaux. Le bloc traite a pris la place des cases à veaux dans le prolongement des rangées de logettes existantes. Les vaches sortent directement sur les aires d’exercice, ce qui permet d’optimiser le temps de nettoyage ».

 

 

Quelles sont pour vous les atouts et les limites du tapis d’alimentation ?

« Nous n’avons pas besoin de repousser le fourrage. L’auge est facilement propre avant la distribution suivante. Les limites sont la visibilité des animaux qui se fait uniquement depuis les aires d’exercice et le risque de défaillance électrique. L’accès au tapis se fait avec manipulation de barrières afin de créer un passage dans les aires d’exercice mais c’est un choix car nous souhaitions que les animaux puissent circuler sans cul-de-sac. La mise en route a été faite en 2021, l’aménagement a permis d’atteindre 120 places pour un coût de 2500€/place (aménagements intérieurs [couchage, bloc traite, tapis d’alimentation] + gestion des effluents) ».

 

Témoignage d’Antoine Labrosse Conseiller Elevage Loire

« Depuis la mise en route du bâtiment les éleveurs sont très satisfaits de leurs investissements. L’objectif était d’avoir un outil permettant de faire tout le travail d’astreinte seul le week-end et c’est chose faite ! En 1h les 110 vaches sont traites et le lavage est fait. Les vaches passent très peu de temps au niveau du bloc traite. Pour l’alimentation, cela se fait très rapidement et la pénibilité est réduite car il n’y a pas besoin de repousser l’ensilage. Le ramassage des refus est très facile, il suffit de faire tourner le tapis à l’envers pour tout ramener au bout. La productivité du troupeau est en nette augmentation suite à ces aménagements, la ration est accessible 24h/24 et la circulation des animaux dans le bâtiment est optimisée ! »

 

Amélie BONTHOUX et Antoine LABROSSE, Loire Conseil Elevage

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