Automatisation en élevage caprin : s'équiper pour réduire la pénibilité et le temps de travail

Des solutions multiples pour toutes les tailles de structure

L’automatisation commence à prendre sa place au sein des élevages caprins de nos régions. On trouve une multitude de matériel destiné à se simplifier le travail et réduire la pénibilité, du petit au gros investissement.

 

 

Pourquoi investir dans l’automatisation ?

 

Le gain de temps et la baisse de la pénibilité sont souvent les premiers avantages cités. En effet, ces automates viennent directement se substituer à la main d’œuvre : la pénibilité de distribution des aliments est réduite tout comme le temps de distribution ; les distributions peuvent être fractionnées avec les distributeurs automatiques de concentrés. Tous ces éléments permettent une meilleure valorisation de la ration, à condition de ne pas en abuser (4 à 5 distributions de concentrés maximum, garder une plage de repos d’au moins 4h l’après midi pour une rumination efficace). La régularité des repas est aussi meilleure : les quantités distribuées sont précises et les heures de passage sont fixes.

 

Les équipements disponibles 

 

  • Les distributeurs de concentrés :

Dans les systèmes les plus communs, on retrouve les distributeurs automatiques de concentrés fixe (DAC), sur rail, ou au sol (combiné à une lame repousse fourrage). Le DAC est une station fixe dans laquelle les chèvres se présentent de façon individuelle : identifiée électroniquement à l’oreille, elles peuvent venir manger quand elles veulent et ont une dose de concentrés individualisée en fonction de leur niveau de production. Avantages : économie du coût de ration et optimisation des performances laitières. Il est possible de distribuer plusieurs aliments en même temps.

Le distributeur sur rail est fixé à la structure du bâtiment, au-dessus d’un couloir de distribution ou d’un tapis. La quantité de concentrés distribuée est la même pour tout un lot d’animaux. Il peut distribuer plusieurs aliments différents (en fonction du nombre de cellules dont il est équipé) et ses heures de passage sont programmées par l’éleveur. C’est l’un des équipements les plus installés pour réduire la pénibilité en élevage (port de seaux).

 

 

On peut également citer les brouettes distributrices (dont certaines peuvent être motorisées) qui évitent les allers-retours. La version motorisée évite le port de charge, la brouette standard doit tout de même être soulevée et poussée.

Le distributeur automatique au sol est à la fois un distributeur de concentrés et un repousse fourrage. Il se déplace sur le quai d’alimentation en suivant un fil intégré au sol. Il peut faire un passage uniquement pour repousser les fourrages, ou être combiné à un repas de concentrés. Sur la partie distribution de concentrés, il a les mêmes caractéristiques qu’un distributeur sur rail, à savoir une alimentation programmée par lot. Là aussi le nombre de cellules est variable. Sur la partie repousse de fourrage, la lame positionnable permet de repousser plus ou moins proche des cornadis. Sur les couloirs d’alimentation, les fourrages sont constamment poussés par le tri des chèvres et ce robot leur permet d’avoir moins de moments où le foin n’est plus accessible.

 

 

 

 

  • Les repousse-fourrages

Une multitude de repousse-fourrage existe : porté, automatique, semi-automatique, sur rail, lame déportable, etc… il en existe pour tous les budgets et toutes les tailles de troupeau.  Certains équipements retirent également les refus. La repousse du fourrage est une activité particulièrement pénible du fait du poids des fourrages (notamment pour l’ensilage ou le vert) et l’automatisation de ce poste est un vrai gain de confort. La repousse plus régulière incite également les animaux à consommer d’avantage, ce qui engendre de meilleures performances.  

 

 

 

 

  • Les dérouleuses et dérouleuses-pailleuses

La dérouleuse permet de réduire considérablement le temps de distribution d’un ballot et surtout la pénibilité physique : il n’est pas nécessaire de manipuler les ballots à la main. Une dérouleuse fait également consommer jusqu’à 6 fois moins de fioul qu’une désileuse ou mélangeuse. Enfin la qualité du fourrage est préservée car peu manipulé.

Les dérouleuses-pailleuses associent le principe d’une dérouleuse et un système de projection de la paille.  Elles créent moins de poussières que les pailleuses à turbine traditionnelles. L’optimum : les machines à disques qui ne paillent que sur 2 à 3 m de chaque côté. 

 

 

 

  • Les mélangeuses

Ces équipements sont plutôt réservés aux troupeaux de taille importante ou mixte. Elles sont parfois achetées à plusieurs. Le principal intérêt reste la simplification du travail. Le but est de réaliser un repas unique avec la totalité (ou quasi) des aliments composant la ration. Ces équipements demandent cependant une certaine technicité et un temps de réglages au démarrage pour obtenir un mélange fibreux et homogène, appétant et avec une qualité de fourrages préservée. Les concentrés peuvent y être intégrés ou distribués à part. En cas de ration sèche, il est nécessaire de rajouter de l’eau ou de la mélasse par exemple pour apporter de l’humidité et « lier » le mélange. Le temps de préparation pur n’est pas important pour l’éleveur, en revanche l’appareil doit brasser de 15 min à 1h selon les aliments intégrés et la consommation de fioul est importante. L’ingestion des animaux a tendance à augmenter, les refus sont souvent réduits. Mais la fibrosité doit être parfaitement maîtrisée pour ne pas provoquer d’accident alimentaire. Les mélangeuses peuvent également être équipées d’un système de paillage.

 

 

  • Les autres équipements

Le paillage par soufflerie commence également à se faire connaitre en élevage caprin. Le principe : le ballot est déposé directement dans un broyeur. Une fois broyée, la paille passe dans une gaine de ventilation équipée d’une chaine à pastille. La paille est évacuée par les orifices de la gaine faisant toute la longueur de l’aire paillée. Le paillage se fait sans projection et un aspirateur entre le broyeur et la gaine permet de limiter la poussière. Grâce au broyage une économie importante de paille peut être faite.

Les équipements disponibles sur le marché sont nombreux et tous n’ont pas été cités. Il est vrai que l’automatisation a un coût. L’investissement doit être réfléchi selon les besoins et la situation économique de l’exploitation. Dans une autre dimension, les cuisines font leur arrivée en élevage mixte (difficile pour un troupeau caprin d’assumer un tel investissement) : il s’agit d’un système totalement autonome qui prépare le mélange, le distribue et le repousse. La préparation du bol mélangeur est totalement automatisée : une griffe vient se servir directement dans l’aire de stockage, il prélève et pèse les fourrages dont il a besoin puis les dépose dans le bol mélangeur. Après brassage, le bol lui aussi automatisé se charge de faire la distribution dans le couloir d’alimentation. Il est capable de détecter si le fourrage est manquant à l’auge et programme donc lui-même un réapprovisionnement. Il repousse également les refus et distribue les concentrés. Ce système nécessite une aire de stockage particulièrement grande qui doit tout de même être réapprovisionnée plusieurs fois par semaine.

 

Florine WOEHL, ADICE

 

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