Arrivée du robot de traite : du changement à prévoir à la stabulation !

Dans les ECEL, des conseillers référents robots de traite vous accompagnent tout au long de votre démarche : de la réflexion initiale (positionnement dans le bâtiment, coûts d’investissement et de fonctionnement…), à la préparation de l’arrivée du robot, jusqu’à la conduite du troupeau au quotidien (rationnement, indicateurs de surveillance...). On fait le point sur les conditions de réussite de l’arrivée du robot de traite.

Retrouvez ci-dessous, l'article paru dans le journal Paysans de la Loire, supplément technique d'avril 2021.

Certains éleveurs ont franchi le pas, d’autres y pensent. L’introduction de robots de traite dans un bâtiment est toujours une petite révolution qui s’anticipe. Elle y a des répercussions sur l’ensemble du travail de l’éleveur

L’investissement dans un robot de traite répond à plusieurs impératifs. Parfois il permet de résoudre un problème de main-d’œuvre (départ des parents en retraite par exemple) même si le robot ne remplace pas totalement l’homme, et c’est heureux ! Il peut répondre aussi aux problèmes physiques qui touchent certains éleveurs en seconde partie de carrière (douleurs d’épaules par exemple). Enfin, l’investissement dans un nouveau bâtiment est parfois l’occasion de réfléchir aux choix stratégiques en matière de matériel.

Circulation des animaux

L’arrivée d’un robot de traite oblige à réfléchir différemment la circulation du troupeau. La circulation des animaux pourra être libre ou guidée (circuit imposé) selon la marque du robot. Il faut alors prévoir les déplacements jusqu’à l’auge et au couchage avec des portes anti-retour ou intelligentes pour obliger les animaux à passer dans le robot. Dans tous les cas, il faut éliminer tous les obstacles possibles (marches, racleurs à enjamber…).

Si le troupeau va au pâturage, le robot sera positionné au plus près de la sortie pour être sûr que les vaches y passent et n’attendent pas à l’opposé du bâtiment. Dans un bâtiment neuf, la réflexion et facilitée car on part d’une page blanche. Dans un bâtiment existant, l’installation du robot doit tenir compte des contraintes existantes : position de la salle de traite, de l’arrivée d’eau, de l’évacuation des eaux usées, etc. « Mais ça vaut le coup de passer 15 jours ou un mois de plus dans les travaux et de se faciliter la vie au quotidien par la suite », estime Hervé Bruyère, référent robot de traite à Loire Conseil Elevage.

En système logettes, il ne faut pas non plus oublier, si cela est possible, de se garder un petit coin en aire paillée pour soulager les animaux les plus faibles (vaches boiteuses, fraiches vêlées…).

Alimentation : maîtriser la hausse du coût de la ration

La seconde conséquence majeure concerne l’alimentation du troupeau. Dans un système où les fourrages sont récoltés, l’arrivée du robot n’entraînera pas de grands changements. En système pâturant, les stocks de fourrage peuvent vite être un problème. « Dans 9 cas sur 10, l’arrivée du robot entraîne la baisse ou l’arrêt des pâtures » souligne le technicien. Certains investissent dans une auto-chargeuse pour faire venir de l’herbe. Et puis, que faire des pâtures si le troupeau reste désormais à l’intérieur ? C’est une réflexion à mener en amont.

Il y a quasiment toujours une hausse du coût de la ration, surtout dans les systèmes pâturants. « on atteint un coût moyen de concentrés pour l’atelier lait de 100 € pour 1000 litres, c’est ce qu’on voulait. Mais il y a de grosses amplitudes d’un cas à l’autre, ça va de 60 à 160 euros par 1000 litres. » Mais pour le technicien, ce n’est pas une fatalité. « Avec réflexion et expérience, on parvient à maîtriser les coûts. Ceci en partie grâce à l’utilisation de matières premières, en limitant la consommation de luxe pour les animaux les moins productifs… »

Le robot de traite est un modèle économique adapté aux troupeaux plutôt productifs. « Il faut 8000 kg en montbéliardes et 9000 en Prim’hostein. » Il faut aussi calibrer l’investissement par rapport à la production globale de l’exploitation. « Dans la Loire, nous avons des robots à 300 000 litres par stalle et d’autres à 700 000 l. Donc parfois c’est plus dur d’amortir même si le marché d’occasion se développe. Dans l’idéal, il faudrait au minimum entre 450 et 500 000 l par stalle. »

« Lorsque l’on investit dans un robot, il ne faut pas oublier non plus les équipements annexes dans lesquels il faut investir bien souvent en même temps (silos de stockage de concentrés, tank tampon, changement de tank à lait, cage de parage, groupe électrogène…) qui, mis bout à bout, peuvent faire un investissement conséquent. La réalisation d’un coût de production pour valider la faisabilité du projet est vivement recommandée avant d’investir. »

Globalement les robots ont une bonne durée de vie. Dans la Loire, certains sont en fonction depuis 2011, mais ils méritent bien sûr un entretien soigné et régulier. Le robot amplifie les bonnes choses comme les mauvaises. Si vous avez un problème de désinfection des trayons, le risque de contamination et de monter en cellules est fort car avec une seule griffe pour traire 60 vaches, la contamination croisée est démultipliée. Il faut être vigilant. Mais quand tout marche bien, le robot offre des indicateurs fort utiles à la surveillance de la santé des mamelles.

Eleveurs passionnés

Avec un robot, les éleveurs deviennent plus pointus. Ils changent un peu de métier car ils analysent des données chiffrées « mais ensuite, ils doivent quand même aller voir la vache pour confirmer le problème ». Bref, c’est un outil à mettre entre les mains des éleveurs animaliers car la technologie ne remplace pas l’œil de l’éleveur. Si cela a pu éveiller des craintes chez certains, l’informatique n’est pas un frein. « Les logiciels sont très intuitifs, pas besoin d’être informaticien » assure Hervé Bruyère. Et si la masse de données est énorme il n’y a que quelques écrans à vérifier en priorité. Une partie des informations est même consultable sur l’écran tactile du robot. Certaines applications permettent aussi dit avoir accès directement sur smartphone.

Dans la Loire actuellement, on compte environ 60 exploitations qui sont équipés d’un robot. « Il y a des projets régulièrement, environ cinq par an sur le département. » Deux marques dominent nettement le marché mais d’autres « poussent » derrière. Tous les robots sont faits pour fonctionner, mais tous ont des particularités qui les distinguent, ce qui au final avec la proximité du SAV fait pencher le choix d’investir dans une marque ou une autre.


Article paru dans le supplément technique de Paysans de la Loire, 16 avril 2021


 

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