Alimentation : du GMQ sans gras

Faire des lots, calculer des rations, mesurer la croissance et l’état d’engraissement… pas de bonnes génisses sans un suivi rigoureux.

On arrive encore souvent à reléguer l’élevage des génisses  à la seconde place vis-à-vis du troupeau des laitières et pourtant celui-ci doit faire l’objet d’attentions particulières.

 

 

Des lots d’animaux homogènes

A la rentrée en stabulation, il est impératif de constituer des lots d’animaux homogènes, ayant une période d’insémination similaire, donc des objectifs de croissance proches. Une fois bien allotées, vos génisses seront prêtes à valoriser efficacement l’alimentation.  Il faut au préalable calculer les rations en fonction des disponibilités en fourrage et du GMQ visé. L’analyse des fourrages est souvent délaissée  pour cette catégorie d’animaux. Pourtant, afin d’établir une ration conforme aux objectifs de croissance, il serait nécessaire d’évaluer leurs valeurs pour adapter la complémentation.

 

Un lot, un objectif, une ration

Pour du vêlage précoce, la croissance devra être  soutenue et régulière à un niveau de  800 g/jour de GMQ. Cela implique l’utilisation de  fourrages de qualité,  très digestibles. Pour du vêlage de 30 à 33 mois, il y a un peu plus de souplesse, les ressources  en alimentation peuvent être plus hétérogènes notamment entre l’hiver et la  période de pâturage. Le GMQ  visé est alors de l’ordre  de 600-700 g/jour.

Dans la pratique on distingue le plus souvent trois lots :

•Les jeunes génisses vides de 6 à 12 mois avec des croissances à assurer sans engraissement excessif pendant le période de pré puberté : GMQ objectif de 700-800 g/jour.

•Les génisses à inséminer après une transition de un mois, qu’il faut booster en énergie, en vitamines et sans  excès azoté jusqu’au diagnostic de gestation confirmée.

•Les génisses pleines, qu’il faut accompagner avec des croissances suffisantes pour assurer le développement du squelette : 800 g/jour en vêlage précoce, 650-700g/jour en vêlage 30-33 mois.

 

Repères de rationnement adaptés selon les objectifs de  croissance

 

Surveiller l’état d’engraissement

Il faut maintenir  une distribution régulière, accessible et à volonté des fourrages. Pour se fixer un repère, on estime qu’une  génisse consomme en matière sèche 2.2 % de son poids vif. Afin d’optimiser la valorisation énergétique de la ration, l’apport d’azote ne doit pas être limitant sur les rations à base de foin et de concentré. Il en va de même sur les régimes ensilage où là, l’apport de fibre est nécessaire pour favoriser un développement corporel équilibré.

Concrètement, en janvier il faut évaluer l’état d’engraissement et corriger la ration si besoin. Un rapport PDI/UFL à 105 minimum permettra une bonne croissance musculaire et squelettique tout diminuant le risque de sur engraissement.

La mesure du tour de poitrine couplée à la l’utilisation de la toise pour évaluer la hauteur au sacrum sont des mesures très efficaces pour se donner des repères visuels.

 

 

La ration complète : une pratique qui se développe

On estime que près de la moitié des éleveurs pratiquent dans leur élevage  un régime  classique à base de foin ou d’enrubannage  avec une distribution de 1 à 3 kg de concentré en fonction des objectifs. Mais de plus en plus d’éleveurs (1/3), utilisent une ration complète à base d’ensilage, complétée avec du foin rajouté dans la mélangeuse ou à disposition en libre-service. En limitant le phénomène de tri, la ration mélangée permet une croissance homogène pour l’ensemble du lot et surtout elle peu répondre à une contrainte d’organisation du travail.

 

Quantité de ration complète des vaches laitières à distribuer / jour / génisse.

(Exemple pour une densité de la ration complète de 0.92 UFL et 95 PDI)

 

 

Souvent négligée, il faut assurer une minéralisation régulière

L’apport de minéraux doit être journalier, assuré par la distribution d’un AMV adapté ou à défaut, par des blocs à lécher pour des raisons de commodité.

Exemple de la teneur minimal souhaitable de l’AMV en vitamines et oligo-éléments pour une distribution de  100 à 130 gr /jour/génisse en fonction de l’âge (de 10 mois au vêlage).

 

Philippe ANDRAUD, Puy-de-Dôme Conseil Elevage

 

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