Alimentation des vaches laitières avec les fourrages 2018

 

L’année climatique a été marquée par un printemps frais, humide puis sec, un été caniculaire et un automne sans pluie. Tous les territoires de l’Ain et de la Saône et Loire ont été impactés de manière identique, à l’exception de passages orageux très localisés. Les fourrages récoltés sont malgré tout corrects en valeurs alimentaire même si des disparités existent entre zones et types de récolte.

 

 

Des conditions difficiles pour les vaches et pour les fourrages

 

Les vaches et génisses ont souffert tout l’été de températures supérieures à leur zone de confort. Les ruminants craignent la chaleur dès 25°c. De plus, l’absence d’herbe dans les prés n’a pas permis de fournir suffisamment d’alimentation. Les animaux ont donc subi, cet été, des stress alimentaires et thermiques. Ces phénomènes ont pu être accentués par un abreuvement insuffisant.  Il en résulte une diminution de la flore microbienne du rumen, un amaigrissement plus ou moins accentué et une baisse de l’immunité.

Les aliments consommés par les vaches sont transformés par les microorganismes du rumen, en différents nutriments qui sont ensuite utilisés par les cellules de l’organisme pour produire du lait, des taux, de la viande… Pour retrouver l’expression du potentiel de production des animaux, il faut donc du temps et des transitions.  En septembre, les températures sont restées élevées. Les prés n’ont pas reverdi par manque de pluie. Les silos de maïs 2018 ont pu  être ouverts sans avoir eu le temps de se stabiliser.  Tout cela n’est pas favorable à la production laitière. Les résultats des contrôles de performance en font la preuve.

Depuis septembre, La production de lait  est inférieure de plus d’un kilo, en moyenne sur toute la zone Acsel, par rapport à 2017. Cette baisse n’a pas profité aux TB et TP. Le déficit de fourrages en montagne est bien visible sur la production.

 

 

Les systèmes foins

Sur la montagne, la fenêtre météo a été trop courte pour faire les foins en mai, au stade optimum des plantes. Seuls les éleveurs équipés de récolte en ventilé ont  pu faire une 1ere coupe précoce et la valeur est au rendez-vous. Pour les autres, il a fallu attendre le 20 juin. Trop tard pour espérer un foin riche en énergie. Malgré tout, les conditions de récolte étaient ensoleillées et venteuses. Cela a limité les pertes en sucres. Ces foins sont plus appétants et moins encombrants que certaines années, au vu de la date de récolte. Avec une valeur énergétique autour de 0,64 UFL, les foins 2018 ne seront malgré tout pas très laitiers.

Depuis le 15 juillet et jusqu’à l’arrivée de la neige, les repousses se sont faites attendre en vain. Sans pousse estivale les éleveurs ont dû entamer les stocks de foins pour nourrir les animaux. Il n’y a pas eu de  fauche de regain ou très limitée.

Valeurs moyennes des foins 2018 – Analyses César

 

Les stocks de fourrages pour les zones « foin » sont insuffisants pour couvrir les besoins des troupeaux. En dehors de l’achat de bottes supplémentaires quels conseils apporter ?

-          Compléter les rations avec des granulés de luzerne et/ou de pulpes de betteraves.  La luzerne va apporter de la cellulose, de l’azote et du calcium. La pulpe fournira des sucres et de l’énergie sous forme de parois donc non acidogène. Il est préférable d’associer les 2 aliments dès le début de l’hiver pour maitriser les stocks de foins et limiter les transitions.

-          Limiter les objectifs de production au lait permis par l’énergie des foins. Avec 0,64 UFL, il est difficile de produire plus de 20kg de lait de moyenne sans apporter plus de 8 kg de concentrés totaux. A ce niveau, les problèmes métaboliques apparaissent vite.

-          Réduire le nombre d’animaux à alimenter. En visant plus de trois lactations par vache et 25% de taux de renouvellement, le lait par jour de vie et la rentabilité économique augmentent, et les bouches à nourrir diminuent…

 

Les systèmes ensilages

En plaine, les récoltes d’herbe ont été un peu étalées et plutôt tardives par rapport aux stades optimum. Tous confondus, les ensilages sont un peu moins riches qu’en 2017. Il manque de 5 points d’azote et 0,02 point en énergie.

Valeurs moyennes des ensilages et enrubannages d’herbes  2018 – Analyses César

 

Pour les maïs, la fécondation s’est faite avant l’arrivée des grosses chaleurs, dans la majorité des situations. Il y a du grain qui n’a pas pu atteindre sa maturité avant la récolte. La canicule a lyophilisé les plantes. On retrouve dans les analyses des taux de matière sèche, de protéines et de sucres élevés. Le taux d’amidon est faible et avec une digestibilité dans le rumen plus élevée que sur des maïs plus mûrs. En proportion, la cellulose et les fibres (NDF) sont plus élevés que pour un maïs idéal. Mais elles sont assez digestibles. Les valeurs moyennes des analyses cachent des disparités qui peuvent être importantes entre les silos. Des analyses sont indispensables pour connaitre les potentiels réels de vos fourrages.

Les rations d’hiver avec les ensilages ont débuté en septembre. Les silos n’ont pas tous fermentés. Ils sont chauds et donc moins appétants. Des problèmes de conservation sont possibles si le tassement n’est pas optimum.

Le lait n’est pas au rendez-vous. Les conditions d’alimentation de cet été : baisse ingestion, alimentation plus concentrée, limitation des apports de tourteaux à cause du prix… vont se faire ressentir encore, le temps que les vaches vêlent après une préparation favorisant l’ingestion et la flore microbienne ruminale.

 

Valeurs moyennes des ensilages de maïs 2018 – Analyses César

 

Comment équilibrer les rations avec ces ensilages

             -  Apporter des céréales ou du maïs grain pour remonter le niveau énergétique à 0,90UFL, si besoin. 

             -  Surveiller les ingestions réelles. Si les fourrages sont appétants les silos vont avancer vite.  Cela passe par une distribution à volonté sur 24 h.

             -  Assurer des transitions entre les silos. Il faut trois semaines pour qu’une flore microbienne efficace s’adapte aux nouveaux fourrages.

 

Les conseillers sont à votre service pour vous aider à ajuster les rations au plus près des potentiels de vos fourrages et de vos objectifs.

 

Anne Blondel – Experte nutrition Acsel Conseil Elevage.

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