Agrandir son troupeau caprin, une decision réfléchie

La demande de lait de chèvre et l’amélioration du prix du lait pour les éleveurs livreurs peuvent inciter à l’agrandissement des troupeaux : moyens de production, équilibre du troupeau et rentabilité doivent être pris en compte et estimé au mieux. La décision ne doit pas être prise à la légère…

 

Quelle stratégie sanitaire et de sélection ?

On privilégiera l’accroissement du troupeau par un renouvellement interne plus important. L’éleveur pourra augmenter l’utilisation de l’insémination artificielle pour obtenir des chevrettes de bonne valeur génétique, dans la limite du choix des chèvres à inséminer. Etant donné qu’il ne pourra pas exercer une sélection efficace en conservant beaucoup de chevrettes, il faudra poursuivre le fort renouvellement deux ou trois ans après avoir atteint l’effectif final. Ainsi, l’éleveur pourra éliminer les chèvres peu productives et parvenir à un bon niveau de production par animal. En cas d’achat, il paraît indispensable d’acheter des animaux jeunes et de s’appuyer sur les statuts sanitaires proposés par les GDS afin de limiter les risques d’introduction de pathologies comme le CAEV, la paratuberculose, la fièvre Q et la chlamydiose. La connaissance de l’historique du cheptel naisseur vis-à-vis des mycoplasmes est également importante.

Quelle stratégie alimentation, bâtiment et travail ?

L’accroissement du troupeau doit obliger l’éleveur à réfléchir ses moyens de production : comment nourrir le nouveau troupeau ? Y a-t-il des marges de progression sur la production de fourrages et de céréales sur les surfaces de l’exploitation ? En parallèle, l’organisation de la distribution de l’alimentation, du logement des animaux et de la traite doit aussi être sérieusement étudiée. Les décisions prises auront un impact sur le travail et sur les futures charges de production.

Quels impacts sur la rentabilité ?

Le suivi des élevages montre l’importance des coûts de la mécanisation et de l’alimentation dans la production laitière. Pour un atelier prévoyant 100 à 150 000 litres par Unité de Main d’Œuvre, il est conseillé que ces deux postes cumulés ne dépassent pas 350 € par 1000 litres produits.Il est vital pour la durabilité de l’atelier de conduire toutes ces réflexions avec attention, en prenant conseil auprès des organismes techniques avant toute prise de décision.

Vincent DESBOS, Ardèche Conseil Elevage

 

« GAEC des Maillots, Rochefort Samson (26)

Doubler le troupeau en 3 ans

Christine Grand et Sylvain Vachier passent d’une exploitation avec deux ateliers, caprins lait et bovins viande, à une exploitation spécialisée en doublant le troupeau pour atteindre 400 chèvres alpines.

Pourquoi avoir choisi de se specialiser en caprin et d’agrandir ?

Les deux ateliers demandaient trop de travail. Nous avons voulu nous recentrer sur l’atelier caprin pour prendre le temps de faire au mieux et ne pas négliger les moments clés. Nous voulons gagner en performance. Agrandir était nécessaire car 200 chèvres pour deux Unités de Main d’Œuvre ne suffisent pas ! L’objectif est d’être à 400 chèvres en septembre 2017, soit doubler le troupeau en 3 ans.

Où avez-vous choisi d’acheter vos chevrettes et pourquoi ?

Introduire des animaux est plus risqué au niveau sanitaire que le renouvellement interne, mais il présentait pour nous de nombreux avantages : rapidité, homogénéité et niveau génétique garanti. Nous sommes adhérents à Capgènes, nous avons donc choisi d’acheter 120 chevrettes à Chevrettes de France pour une mise-bas en septembre 2015. Pour 2016, nous aurons 350 mises-bas. Nous aurions pu atteindre les 400 tout de suite mais nous avons manqué de femelles en 2015 et surtout, nous avons voulu conserver la pression de sélection.

Comment vous organisez-vous ?

Avant que les chevrettes n’entrent en production, nous avons doublé le nombre de postes dans la salle de traite. Nous avons aujourd’hui  50 postes avec décrochage automatique, pour une traite à un seul trayeur. La distribution de l’alimentation est automatique, en salle de traite. L’entretien du bâtiment est régulier et quotidien. Nous travaillons tous les deux en même temps sur l’atelier, chacun à ses postes de prédilection.

Solène DUTOT, Drôme Conseil Elevage

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