48h chrono pour un silo d'ensilage réussi

"En passant de 15 à 5 % de perte, c’est 1ha tous les 10ha de gagné. Nos fourrages coûtent trop cher à produire, conservons-les correctement." C'est ce que nous disait Laurent Bory (GAEC au Cœur du Forez, St Romain le Puy) lors d'une visite sur son exploitation avec un groupe d'éleveurs de la Loire. Nous avions alors observé un ensilage de maïs sans zone à trier. La conservation était irréprochable, gage d'appétence, de gain de temps au chargement de l'ensilage, de pertes moindres et au final, de gains économiques multiples ! A l'occasion des ensilages d'herbe, nous sommes retournés sur l'exploitation pour découvrir, en images, quelles pratiques permettaient ces bons résultats.

 

 

« Je surveille le stade des prairies pour faire un ensilage de qualité »

30 ha sont fauchés pour réaliser l’ensilage d’herbe. Pour 50 %, il s’agit de Ray Grass d’Italie. Cette année, ils étaient au stade 3 nœuds à gonflement de l’épi (2 à 3 cm de long). Pour obtenir un ensilage à moins de 25% de Cellulose brute, la fauche doit avoir lieu avant apparition des épis. Ainsi la qualité de la plante sera au rendez-vous. Sur les prairies de mélanges, les graminées et les légumineuses étaient au stade montaison. De la même façon, le trèfle incarnat dans les prairies était au début de bourgeonnement. Mr Bory nous confirme que dès que ce stade est dépassé (bourgeonnement) la valeur de la récolte baisse de façon significative (0.70 UFL). Le semis de légumineuse permet de réduire de 30% à 50% la fertilisation azotée (150 kg d’ammonitrate sur trèfle incarnat cette année)  tout en maintenant le niveau azoté de l’ensilage d’herbe.

 

« J’assure une ingestion maximale en visant un ensilage entre 28 à 37% de MS »

Pour obtenir cette teneur en MS, Mr Bory démarre la fauche l’après-midi lorsque la rosée s’est levée. En premier, les prairies à base de ray grass sont fauchées et regroupés en 6m. Les prairies temporaires sont fauchées en dernier et regroupés sur 9m. La hauteur de coupe s’est faite de 5 cm à 8 cm selon la qualité de préparation du lit de semis. On vise habituellement 7 cm pour éviter l’apport de terre dans les andains et favoriser la repousse.

Cette année les conditions climatiques étaient très favorables. La température avoisinait les 18°C sous un ciel ensoleillé et un vent sec. Habituellement, Mr Bory retourne une majorité des andains de ray grass.  En 2014, seuls les andains ont été retournés sur 3.5 ha car la dessiccation a été rapide. Dans ces conditions  de récolte, on peut espérer un taux de MS entre 30 et 35% de MS.

La longueur de coupe de l’ensilage est de 3 à 5 cm. Après 2 années difficiles pour la récolte de l’ensilage d’herbe et la récolte de prairies de mélanges comprenant une bonne quantité de légumineuse, Mr Bory a utilisé cette année  deux types de conservateurs biologiques. Des bactéries homo fermentaires et enzymes qui ont pour but de favoriser la production d’acide lactiques à partir des sucres et ainsi de faire baisser le pH le plus rapidement possible. Des sels d’acides peuvent aussi jouer ce rôle. Un pH est supérieur à 4 induit une reprise de fermentation à la réouverture. Le deuxième conservateur biologique utilisé est à base de lactobacillus buchneri. Ce sont des bactéries hétéro fermentaires. Après avoir dégradé les sucres en acides lactiques, ces bactéries sont capables de produire, à partir de celui-ci, de l’acide acétique qui est un puissant inhibiteur des levures (anti-fongique). C’est le conservateur pour les silos secs et utilisés en été. Cela permet de stabiliser les fronts d’attaque.

Mr Bory nous réaffirme que l’essentiel pour la conservation du silo reste son tassement et son étanchéité et que rien ne remplacera cela.

 

« J’apporte un soin tout particulier au tassement de l’ensilage »

 

 

 

 

 

 

 

 

Le chantier d’ensilage est prévu à l’avance. Les silos sont propres sur les murs et au sol. Une bâche neuve ou nettoyée est placée contre les murs. S’il faut utiliser deux bâches sur la longueur, Mr Bory utilise de l’huile pour rendre hermétique la soudure. Cette huile de cuisine est versée à la jointure et est étalée sur 50 cm. Ce joint va coller les 2 bâches. Celles-ci descendent jusqu’au pied du mur et sont maintenues sur les murs par des silos sac. Depuis 2007, les silos sacs sont utilisés. Ils ont été remplis au 3/4 de graviers de 4 à 8 mm et sont stockés sur palette. Ainsi peu de sacs éclatent.

Les tracteurs pour le tassement sont préparés. Le premier, qui fait 9 tonnes avec masses et fourche à ensilage avant, est équipé de pneus basses pression. C’est le tracteur poussant-tassant. Pour le chantier, Mr Bory les gonfle rapidement à 2.5 bars après avoir enlevé l’obus de la valve. De la même façon, il les dégonflera ensuite. Il faut simplement prendre des précautions pour ne pas perdre de pièces. Le deuxième tracteur fait 7.5t, il assure le tassement. Lors du remplissage, des couches de 10 cm d’herbe sont écartées et une attention toute particulière est apportée pour tasser les côtés du silo. Il est maintenu avec une forme concave pour pouvoir s’approcher des murs. Mr Bory ne dépasse pas la hauteur du mur pour assurer un tassage maximum. A la fin, le silo retrouve une forme convexe qui permet les écoulements sur les côtés.

 

« Je réalise un silo hermétique »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La bâche de côté est rabattue sur 1 m. Si des trous ont été fait sur les côtés, ils sont rebouchés avec de l’adhésif. Ensuite, la bâche micro film 40 microns est déroulée sur la longueur. Par-dessus, la bâche haute performance (grand pourcentage d’étirabilité et bonne résistance à la perforation) 110 microns est déroulée. Ensuite, un angle de chaque bâche est amené sur les 2 bords du silo. Cette position est fixée et à partir de là, deux personnes de chaque côté étirent les deux bâches jusqu’à l’autre bout du silo. Le silo est bâché.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur les deux fronts sont placé des silos sacs qui se touchent. La bâche 110 micron est relevée et une deuxième rangée de silos sacs est mise en place. Ainsi l’accumulation d’eau sur le front plaquera d’autant mieux la bâche. A partir de cette rangée de sac, des sacs sont posés le long du mur de la même manière. Une valve d’évacuation des gaz est placée d’un côté du silo. Elle permet d’évacuer les gaz qui sont produits les premiers jours. Le silo gonfle !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensuite, des grilles de 240g/m2 sont placées sur le silo pour protéger de toute perforation. Elles ont été rangées sur palette après avoir été séchées au soleil et nettoyées au balai. Une bande de silo sac est placé tous les 4 mètres sur la largeur du silo. Le sac central est décalé les 5 premiers jours pour permettre l’évacuation des gaz vers la valve.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après 3 à 4 jours, la valve est fermée et le silo fermé au moins 1 mois. Le front d’attaque est adapté à la taille du troupeau pour permettre un avancement de plus de 10 cm d’hiver et plus de 20 cm l’été.

Les pertes au silo peuvent aller de 5% (fermentation nécessaire à l’acidification) comme au GAEC au Cœur du Forez jusqu’à 25% en cas de pourri sur le front d’attaque. Cette variation est due principalement, à un manque de tassement et une couverture non hermétique. C’est 2.5 ha de perte pour 10 ha ensilé, c’est de du fourrage à distribuer en plus, de l’autonomie en plus et de l’argent à gagner.

 

La devise de Mr Bory : « Un bon stade de récolte, du tassement et un silo étanche ».

Voici ci-contre le résultat avec l’ouverture du deuxième silo de maïs toujours très bien conservé. A vous de faire aussi bien.

 

Florence FARGIER - Loire Conseil Elevage

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