Le saviez-vous ? Un gramme de sol contient plus de cinq kilomètres de filaments mycorhiziens et des milliards de bactéries.
Le sol est la base de toute production agricole, d’abord végétale puis animale. Bien le gérer, c’est en prendre soin, et surtout le nourrir. Les apports peuvent être d’origine végétale (couverts végétaux, résidus de culture, ...) ou animale (fumier, lisier, ...). Pour assurer sa fertilité, il est indispensable d’apporter de la matière organique mais aussi de la valoriser en la faisant travailler.
Les micro-organismes, indispensables à la vie du sol, jouent un rôle essentiel dans le maintien de sa fertilité et de sa santé. Leur activité est en lien avec la matière organique qu'on leur apporte. En intégrant les déjections animales dans vos pratiques culturales, vous bouclez le cycle de l’azote en restituant aux sols les nutriments exportés par les cultures. Ces apports activent la vie microbienne et mycorhizienne, améliorant ainsi une fertilité naturelle et durable.
Toutefois, pour optimiser leurs bienfaits, l’utilisation des déjections animales nécessite une gestion réfléchie et adaptée à votre système d’élevage et de culture.
Les lisiers contiennent des éléments minéraux utiles au sol et aux cultures en place, mais pour maximiser ses bénéfices, il est essentiel de l’épandre au moment le plus opportun.
Le lisier est riche en azote et en potassium, mais peu en phosphore. Sa qualité est meilleure lorsqu’il est stocké dans une fosse couverte, car cela limite les pertes par volatilisation ainsi que la dilution. L’azote contenu dans le lisier est principalement sous forme nitrique, ce qui le rend rapidement assimilable par les plantes. Cependant, cette forme est aussi très mobile et peut facilement être lessivée si elle n’est pas épandue au bon moment.
Ainsi, pour optimiser son efficacité, il doit être épandu au moment où les cultures en ont le plus besoin, généralement au printemps, pendant leur phase de croissance active. Il peut aussi être apporté en automne, donnant ainsi un coup de pouce pour se fortifier avant l’arrivée de l’hiver. Ces apports réfléchis maximisent la valorisation des nutriments tout en limitant les risques pour l’environnement.
Les fumiers constituent souvent la principale ressource de fertilisation organique produite directement sur l’exploitation. Sa composition varie en fonction du type de litière utilisée et des conditions de logement des animaux.
Les fumiers, plus riches en matière minérale que les lisiers, offrent une forme de nutriments plus stable, mais moins rapidement assimilable pour les plantes. Leur rôle est avant tout celui d’un amendement : ils agissent sur le long terme en nourrissant d’abord la vie du sol avant de soutenir directement la croissance des cultures. Grâce à leur apport, ils augmentent la matière organique dans le sol, ce qui améliore la capacité d’échange cationique et la réserve utile du sol. Avec un rapport C/N autour de 16,6, le fumier agit plus lentement certes, mais permet une amélioration progressive et durable de la fertilité des sols.
Ces différences mettent en lumière l'importance de gérer ces apports de manière réfléchie pour maximiser leurs bénéfices. Nos fermes produisent une ressource essentielle : les déjections animales. Bien utilisées, elles enrichissent nos sols, limitent le recours aux engrais minérales, et réduisent ainsi les coûts de production de nos fourrages. Cette valorisation contribue à la durabilité et à la rentabilité de nos exploitations. Cependant, il est crucial de prêter attention à la nature des apports et à leur impact sur le sol.
Source : Patricia Tissandier (Chambre d’agriculture 43)
Témoignage
Au GAEC du DEVES, situé sur la commune de Saint-Christophe-sur Dolaison, à 1 000 mètres d'altitude, la gestion des effluents d’élevage est une priorité.
Avec un troupeau de 110 vaches laitières en logettes paillées et 80 génisses en aire paillée, les trois associés ont mis en place une stratégie rigoureuse pour valoriser au mieux leurs fertilisants naturels tout en optimisant leurs cultures.
L’exploitation distingue clairement l’utilisation des différents types de fumier. Le fumier de l’aire paillée, plus riche en éléments fertilisants, est épandu à raison de 40 tonnes par hectare avant l’implantation du maïs. “Ce type de fumier apporte une quantité importante d’azote et de matière organique, idéale pour assurer un bon démarrage des maïs, qui atteignent en moyenne 12 tonnes de matière sèche par hectare.” Quant au fumier des logettes, plus pailleux, il est utilisé à hauteur de 30 tonnes par hectare sur les céréales ainsi que sur les prairies temporaires avant implantation. “L’objectif est de nourrir ces prairies sur la durée afin d’améliorer leur potentiel de production.” Cette approche porte ses fruits puisque les blés atteignent environ 70 quintaux par hectare, tandis que les ray-grass donnent en moyenne 5 tonnes de matière sèche en deux coupes d’ensilage.
L’exploitation dispose d’une fosse à lisier de 850 000 litres, une capacité qui permet une gestion optimisée de cet effluent. “Nous utilisons principalement le lisier sur les prairies en sortie d’hiver ou après la fauche. Cela favorise la repousse et stimule le couvert végétal, ce qui est essentiel pour maximiser la production fourragère.”
Afin d’optimiser encore davantage l’épandage des effluents, le GAEC utilise un logiciel pour réaliser un plan de fumure précis. “Grâce à cet outil, nous savons exactement les quantités épandues et celles nécessaires pour chaque culture en fonction du précédent et des objectifs de rendement.” Cette gestion fine permet d'ajuster les apports au plus juste et d'éviter les excédents ou les carences dans les parcelles.
Chaque type d’effluent a une destination bien définie et remplit des objectifs spécifiques. Grâce à cette approche réfléchie, ils optimisent l’absorption des nutriments par les plantes tout en limitant les risques de lessivage et de pollution des eaux. “Notre but est d’utiliser au mieux les ressources disponibles sur l’exploitation et produite grâce à l’élevage, en conciliant performance agronomique, maitrise économique et respect de l’environnement”, concluent-ils.
Vos entreprises de conseil en élevage accompagnent les éleveurs sur toutes les thématiques agronomiques : diagnostics, plans de fumures, potentiel biologique du sol, ajustement des pratiques culturales, optimisation du coût de la fertilisation, obligations réglementaires. Contactez votre conseiller pour plus d’informations.
Baptiste RANHADA, Haute-Loire Conseil Elevage