Rogner sur ses factures : la routine peut coûter cher

Souvent reconduits par tacite reconduction ou par habitude, certains frais de l’exploitation pourraient cependant être réduits en changeant ses pratiques.

Achat de matières premières

Compte tenu des fluctuations de prix de l’alimentation, il peut être intéressant de comparer le prix des différents fournisseurs, notamment pour l’achat de matières premières. Pour des produits tels que les céréales, tourteaux ou luzerne déshydratée, il est facile de comparer les prix : un simple coup de téléphone suffit.

L’achat de mélange céréalier ou de céréales sur pied directement au producteur peut également diminuer les charges alimentaires du troupeau.

Electricité

En 10 ans, le tarif de l’électricité a augmenté de près de 50%. C’est un poste de dépenses qui peut être important notamment pour les éleveurs fromagers (de 4000 à 18000€ par an). Peu nombreux sont les éleveurs qui cherchent à réduire cette charge. Plusieurs pistes sont néanmoins à creuser :

-          Revoir son contrat : les contrats type heures pleines/heures creuses sont rarement intéressants car les pics d’utilisation de l’électricité ne correspondent pas aux périodes creuses. D’autre part le prix de l’abonnement est plus élevé (+10-15%) et la consommation d’électricité doit dépasser les 40% en heures creuses pour se rapprocher du prix de base.

-          Changer de fournisseur : les clients ont de nombreuses craintes :  est-ce la même électricité ? En cas de coupure qui viendra me dépanner ? Il faut avoir à l’esprit que le producteur d’électricité (EDF, Enercoop, …), le transporteur (RTE), la distribution (ENEDIS) et le fournisseur (ENGIE, …) sont des entreprises différentes. Comme cela a été le cas pour la téléphonie, l’apparition de concurrents n’a pas forcément conduit à une moins bonne qualité de service, mais a entraîné une baisse notable des coûts pour le consommateur.
Un petit tour sur un comparateur d’électricité (attention à en choisir un indépendant du type « UFC que choisir ») va vous permettre de simuler l’économie qui pourrait être réalisée. Ne pas forcément prendre le moins cher mais bien vérifier le sérieux du fournisseur et les clauses (relativement bien décrites par l’UFC que choisir). L’économie peut être de l’ordre de 5-6% (annoncé 10-12% mais environ 50% de la facture correspond à des taxes) soit une économie de 240 à 1080€/an et plus, sans changer de « qualité » d’électricité.

-          Participer à une offre d’achat groupée : certaines communes (ex : Auxerre, Chevigny St Sauveur) ou des associations d’éleveurs proposent des contrats groupés (via des appels d’offre), ce qui diminue le tarif de l’électricité.

-          Plus couteux à court terme, investir dans du matériel économique en énergie (pré-refroidisseur…) voire produire sa propre électricité (photovoltaïque, etc…)

Les emprunts

Les taux d’intérêt ont nettement baissé ces dernières années. Pour un emprunt sur 10 ans, le taux est souvent <1% et de 1,5-1,7% sur 20 ans. Il existe de nombreux comparateurs de taux sur internet mais la dernière négociation se fera avec la banque en direct ou  par l’intermédiaire d’un négociateur. La renégociation de son crédit (plus efficace en venant avec une proposition de la concurrence) ou le rachat de crédit peut faire économiser plusieurs milliers d’euros.

 

Les frais bancaires

Les frais bancaires (cartes, tenue de compte, agios, etc…) peuvent représenter une somme importante sur une année. Dans certaines comptabilités ces frais peuvent dépasser les 2000€/an sans compter les majorations, rejets de prélèvements etc. Un emprunt court terme permet de diviser ces frais de moitié. Vérifiez si l’ensemble des options facturées sont utiles (attention notamment aux offres groupées avec une multitude de services). Les frais peuvent être négociables avec votre conseiller ou en changeant d’établissement bancaire. Ce changement est désormais facilité grâce à la loi Macron.

Les TPE (Terminal de Paiement Electronique)

De plus en plus utilisé par les producteurs fromagers, les TPE permettent à leurs clients de payer par carte bancaire. Souvent, les éleveurs se tournent directement vers leur banque qui leur loue le matériel et facture plus ou moins de frais selon les établissements (soyez attentif à la commission prélevée). Il existe au moins 2 alternatives qui peuvent permettre de réaliser des économies :

-          L’achat d’un TPE (neuf ou occasion) : être vigilant sur le coût, ses options et sur l’abonnement GPRS.

-          Des TPE alternatifs proposés par des startups type Sumup, etc …

Les assurances

Il est rare que les agriculteurs fassent jouer la concurrence. Pourtant, des économies peuvent être réalisées à garanties équivalentes. Il peut être intéressant de revoir son contrat avec son conseiller : par exemple les contrats d’assurances bâtiments peuvent être minorés grâce à l’ajout d’alarmes, extincteurs, etc...

Forfait téléphonique et internet

Ce n’est pas un gros poste de dépense mais pourquoi conserver son ancien forfait à 50-60€ mensuel (voire plus en cas de pack avec internet), alors que les prix du marché ont été plus que divisé par 2 ? Aujourd’hui on peut avoir un forfait téléphonique illimité (sans téléphone), sans engagement à partir de 5€, et à 10-12€/mois si l’on veut davantage d’internet. Le prix peut être encore plus bas au moment des offres spéciales de fin d’année.

Pour internet, la plupart du temps les forfaits les moins chers ne le sont que pendant 1 an : 10 à 16€/mois, parfois moins au moment de Noël. A voir de juger si vous préférez rester fidèle à votre opérateur ou changer de fournisseur 1x/an. Dans ce marché concurrentiel, les opérateurs rachètent souvent les frais de résiliation de l’opérateur précédent. Evitez les offres destinées aux pros, en règle générale elles sont plus chères.

Au total, l’économie est d’environ 480€/an avec de grandes variations suivant vos forfaits actuels.

Frais liés à la fromagerie

Il s’agit notamment des emballages, mais aussi des intrants de fromagerie (présure, ferments, aromates…). Ici encore pas de recette miracle, mais il existe plusieurs fournisseurs dont les tarifs diffèrent : n’hésitez pas à regarder la concurrence de temps en temps. Là encore une commande en plus grand volume via une commande groupée (plusieurs producteurs, syndicat de produit…) ou stock de l’année permet d’obtenir des tarifs plus avantageux.

Au final, rapidement ce sont quelques milliers voire dizaine de milliers d’euros qui peuvent être économisés sur l’année.

Benoit DESANLIS – Adice

 

Accompagnement des exploitants en difficultés = https://agriculture.gouv.fr//un-vade-mecum-pour-laccompagnement-des-expl...

Savoir si vous pouvez bénéficier d’aides sociales = https://www.mesdroitssociaux.gouv.fr/accueil/

 

De la graine de soja pour gagner en autonomie protéique

Gaec des 4 chênes – GRANE (26) ;

Maxime et Laëtitia Gueze, livreurs, 220 chèvres désaisonnées

Après plusieurs années de culture de soja semence, Maxime s’est intéressé à la graine de soja pour complémenter la ration protéique de ses chèvres. Il tente l’expérience en 2020 en implantant 5ha (tout irrigué, variété Celina). Voici son itinéraire cultural :

Semis 10/05 ; densité 400 000 grains/ha ; 2 herbicides avant floraison avec binage 10j après, 5 passages d’eau sur l’été. Récolte début octobre (30 quintaux/ha) ; 15T récoltées dont 9 gardées pour le troupeau.

 

Comment as-tu intégré le soja à la ration ?

Après récolte, la graine ne subit aucune opération de chauffe, je la distribue telle quelle à mes chèvres. Je distribue 300g/j. J’ai commencé la distribution mi-février, en seconde partie de lactation : j’ai alors retiré de la ration mon aliment CL 23%, ainsi que le tourteau de soja 48 et le tournesol. Je n’ai observé aucune différence sur le niveau laitier ou les taux à cette période de la lactation. Comme la ration a été abaissée, les chèvres ont pu consommer davantage de foin de luzerne, ce qui a surement aidé au maintien des performances.  Mais en démarrage de lactation prochain les 300g de soja seront peut-être un peu insuffisants : je verrais avec ma conseillère s’il me faudra réintégrer de l’aliment. En tout cas cette année mon stock m’a permis de tenir jusqu’à mi-juillet sans aliment du commerce.

Quel est ton retour sur cette expérience ?

Au départ, j’ai mis en place le soja pour nettoyer mes parcelles salies par du sorgho d’alep. Et puis je voulais avoir une ration plus sécurisée par rapport à la volatilité des prix des aliments : cette culture me permet de réellement gagner en autonomie protéique tout en maîtrisant le coût de ration, je sais combien va me couter la ration et cela ne va pas fluctuer au cours de l’année. Cette année, j’ai économisé 15T d’aliment du commerce. J’aimerais calculer le coût de la culture pour réellement connaitre l’économie que j’ai réalisée. Ce printemps j’ai mis en place 4.5ha. À terme, j’aimerais arriver à en implanter plus pour produire environ 25T, quantité nécessaire selon moi pour nourrir tout le troupeau à l’année.

Propos recueillis par Florine Woehl – ADICE 

 

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