Le Gaec Ferme de Baumugnes, lauréat du concours TOP Alim FIDOCL 2016 en race tarine

Le Gaec Ferme de Baumugnes est le grand gagnant de notre concours TOP Alim FIDOCL 2016 en race Tarine. Cet élevage des Hautes-Alpes présente un taux de TP faible en début de lactation de seulement 7,7%, des TB hors norme maitrisé à 10,2 %, 6,7% de vache en acidose sur le début des lactation, et une efficacité rumen presque parfaite à 2,7% des animaux en alerte en moyenne tout au long de l'année.

 

 

Après 5 années passées dans le Haut Jura au sein d’un Gaec à 4 associés, Cécile Stefani et Baptiste Vialet se sont installés en 2007 dans les Hautes Alpes. Le couple recherchait une petite exploitation à reprendre quand ils sont arrivés au hameau de Baumugnes, situé à l’Ouest du département des Hautes Alpes limitrophe avec la Drôme dans une zone plus propice à l’élevage ovin qu’à celui des bovins.

L’exploitation reprise en 2007 était conduite dans un système extensif avec un recours fréquent à l’homéopathie. Ce système convenait à Cécile et Baptiste qui souhaitaient s’orienter vers l’agriculture biologique. Après une année de démarrage en conventionnel, c’est en 2008 que l’exploitation entame sa reconversion en bio.

 

Baumugnes, un secteur particulier !

Le nom de ce lieu à une consonance quelque peu littéraire. En effet, il est le théâtre d’un roman de Jean Gino écrit en 1929.

Situé à 950 m d’altitude dans la vallée du Buech, ce village qui comptait 18 familles en 1850 avait vu son dernier habitant disparaitre en 1960. Puis c’est en 1969 qu’un couple d’anciens ouvriers agricole originaires du sud de la région rachète à la SAFER une vieille bâtisse, ainsi que 70 ha dont une grande partie de parcours, pour créer de toute pièce une exploitation bovine laitière à 950 m d’altitude dans un secteur sans collecte laitière, soumis à une forte influence du climat provencal (très sec et pas d’irrigation).

En 2002, cette exploitation en race Tarine (Famille Bauchau), orientée vers la vente directe, avait déjà fait parler d’elle puisque avait été lauréate du trophée national des trèfles blancs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La transformation fromagère comme finalité :

Du fait de l’éloignement des zones de collectes laitières et de la structure de l’exploitation, le modèle choisi repose sur un système très extensif et une valorisation maximum du produit par de la transformation fromagère.

La transformation et la commercialisation, c’est le domaine de Cécile ! Les 60 000 L de lait produits sont transformés pour moitié en fromage de type gruyère et raclette, 40 % en tomme et les 10 % restant en fromage blanc, faisselle, yaourt et lait en bouteille. Les fabrications sont réalisées un jour sur 2 afin de pouvoir assurer plus sereinement les livraisons mais aussi de conserver une certaine qualité de vie. Depuis janvier 2016 l’élevage a adhéré à Biolait suite à la mise en place d’une tournée sur les Hautes Alpes et le Sud Isère. Avec seulement 10 000 L de vendu à Biolait sur cette première année, le volume reste faible. Pour les éleveurs c’était la volonté d’adhérer à la démarche. Avec un prix moyen de 430 € la tonne, le niveau de valorisation est plus faible que le résultat obtenu sur le lait transformé (500€ la Tonne), mais avec les charges de travail en moins. De plus, ces livraisons à Biolait permettent au couple de souffler un peu de temps en temps et de prendre leur première semaine de congés en 2016.

La commercialisation se répartit en 55% auprès de 5 magasins spécialisés, 30% à la ferme et 15% AMAP, collèges…. Cécile réalise 2 tournées de livraisons (soit 200 km de parcourus par semaine). Le magasin à la ferme est ouvert seulement le samedi après-midi… là aussi, pour conserver du temps !

 

Une alimentation à l’économie :

L’alimentation du troupeau repose avant tout sur le foin (prairies naturelles et luzerne). Celui-ci représente 80% de la MS distribuée en hiver et ne descend pas à moins de 20% en été (le pâturage sur les parcours ne permettant pas de couvrir les besoins).

Depuis leur installation en 2007, sur les 5 ha de céréales cultivées et autoconsommées (laitières, génisses et quelques porcs), 2 sont faites en méteil (mélange orge, pois, épeautre et avoine).

Les faibles achats de tourteau de 2016 viennent d’être supprimés grâce à l’achat au printemps dernier de 5 ha de terrain qui permettent d’augmenter la part de luzerne et ainsi couvrir les besoins en azote.

Les seuls achats de concentrés qui restent se limitent à 2 tonnes de déchets de minoterie de bonne qualité (essentiellement des grains cassés).

Au total la consommation de concentrés est de 600 kg par vache et par an… faible en volume, mais élevée au regard du niveau de production du troupeau, ce qui est aussi révélateur de la difficulté d’assurer la couverture des besoins en été.

 

 

 

 

Mais la mise en pratique de principes de bases simples :

Eté comme hiver, le fonctionnement reste le même, seul les quantités changent. Matin et soir, environ 1h30 avant la traite, un kg de foin grossier est apporté, puis une demi-heure plus tard la demi ration journalière de bon foin. Le concentré est ensuite distribué au moment de la traite (méthode « à l’ancienne » qui pose quelques difficultés et que l’éleveur souhaite changer).

Avant le vêlage, 100 gr de magnésium par jour est distribué pendant un mois. L’éleveur met en avant l’amélioration de l’immunité sur les veaux (aucuns soucis de diarrhée), des vêlages sans problèmes et un effet calmant. Sur les débuts de lactation la quantité de concentré distribuée ne dépasse pas 4 kg par jour et par animal (pics de productions entre 20 et 25 kg).

 

 

 

 

 

Le Témoignage de l’éleveur :

"Je ne cherche pas la performance des animaux, car la structure de mon exploitation, l’utilisation de parcours difficile en été, la zone très séchante et l’absence d’irrigation ne me le permettent pas. Par contre j’attache une grande importance à mes animaux. Pour cela je me suis énormément appuyé sur les formations proposées par l’association ELIOSE et en particulier sur celles concernant l’observation des animaux et l’homéopathie.

Donc je regarde 2 choses, mes animaux et les résultats du contrôle laitier et à partir de cela je recale ma ration qui elle s’appuie sur une base simple de 80% de foin (Prairies naturelles + luzerne) en hiver et de 50 à 70% de pâturage sur les parcours en été."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le point de vue de Pierre Pellegrin, conseiller élevage :

La structure de l’exploitation a imposée à l’éleveur de rester modeste sur le potentiel de production. Un juste équilibre a donc été trouvé et celui-ci donne satisfaction !

 

 

 

L’éleveur a tout simplement mis en pratique des règles élémentaires simple :

  • L’observation des animaux
  • L’utilisation des données contrôle laitier
  • La distribution des aliments dans un ordre qui facilite la digestion ainsi qu’une attention particulière qui est apportée à l’observation des animaux. Même en période hivernale, dès que le temps le permet les animaux ont accès à l’extérieur du bâtiment.

Malgré quelques difficultés sur la gestion des cellules (pas de mammites cliniques mais un taux moyen un peu trop élevé), les résultats sont bons, il est vrai facilité par le niveau de production qui reste faible.

 


Jean-Michel MAZET - CHambre Régionale d'Agriculture PACA

 

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