Dans l’Ain, un groupe d’éleveurs de la Dombes (entre Lyon et Bourg-En-Bresse) s’est formé pour échanger et réfléchir à une alternative à la dérobée composée de Ray Grass Italien associé à du trèfle Incarnat. Rémi Berthet, conseiller de secteur, a œuvré pour le développement et l’animation de ce groupe et y a apporté son soutien technique. Cette réflexion a abouti à des essais de méteil dès l’automne 2014.
Des intérêts multiples
Le Ray Grass Italien-Trèfle Incarnat (RGI-TI) offre des valeurs alimentaires intéressantes. Néanmoins, le stade optimal pour récolter ce fourrage est très réduit dans le temps, à une époque de l’année où la météo peut compromettre la qualité de l’ensilage.
Lors de la première réunion du groupe, qui s’est déroulée en juin 2014, il a été proposé de semer du méteil fourrage en substitution du RGI-TI.
En Rhône-Alpes, les éleveurs drômois, dans un contexte où la culture du maïs n’est pas toujours possible, implantent des méteils pour produire de la matière sèche et de l’énergie. En Dombes, alors que la culture du maïs ne pose pas de problème et donc que l’énergie n’est pas limitante, l’intérêt est de produire de la protéine et de la fibre. Utiliser ce type de méteil dans une ration de vache laitière nécessite de concentrer l’énergie en complément. L’ensilage de maïs plante entière peut être remplacé par du maïs grain humide ou du maïs épi ou coupé sous l’épi.
Au-delà de l’objectif d’amélioration de l’autonomie protéique, les éleveurs, qui ont réalisé ces essais, sont sensibles aux intérêts agronomiques pour leurs sols, et nutritionnels pour la santé de leurs animaux. Au niveau agronomique, la féverole fait l’effet d’un pseudo labour. Les méteils n’épuisent pas le sol comme les ray-grass. Un éleveur rapporte l’intérêt qu’il a trouvé à l’implantation de méteils, comme engrais vert et pour le travail du sol. Au niveau de la santé animale, la ration est sécurisée avec une diminution du risque d’acidose et une meilleure expression des chaleurs.
Composition des méteils semés en 2014
La composition des méteils a été variable selon les envies et besoins de chaque exploitation. La quantité de céréale semée (triticale ou avoine) a varié de 0 à 120 kg, le pois et la vesce ont été semés partout et de la féverole a été ajoutée dans une majorité de mélanges.
La féverole, au-delà de son apport protéique, offre un tuteur aux vesces et pois qui pourront ainsi être récoltés facilement.
Pour ces méteils semés courant octobre, un tour de plaine réalisé début mai a permis de mieux apprécier les différences et points importants de la culture. Lors du semis, il est important de rouler pour garantir une levée optimale de la féverole, parfois seule tutrice.
Résultats après récolte 2015
Les analyses 2015 montrent que les méteils comprenant de grandes quantités de céréales (100 à 120kg/ha) ont donné des résultats à l’analyse autour de 12 à 14% de MAT, ce qui ne correspond pas à l’objectif local. Les méteils avec seulement 20 à 40kg de céréale par hectare ont titré 19 à 22% de MAT, avec 0,7 UFL et 140 PDI. Semés autour du 5-10 octobre 2014, ils ont été récoltés autour du 10 mai 2015, avec un rendement de 3 à 5 tonnes de matière sèche par hectare. Restés au sol deux jours, leur taux de matière sèche est de 30 à 40%, rendant l’emploi de conservateur obligatoire.
Suite à cette première année d’essais, les éleveurs ont décidé de semer un méteil identique composé de 20kg d’avoine (céréale la mieux adaptée en tuteur en Dombes), 60kg de féverole, 20 kg de Vesce et 60kg de pois.
Pour réduire le coût de semences souvent élevé (130 à 300€/ha), il a été décidé de réaliser une négociation groupée de semences, avec un engagement de surfaces de l’ordre de 200ha pour cet automne.
Vincent Mamet & Camille Olier, Conseiller référent fourrages 01/71