Utilisation du Propylène Glycol en curatif mais pas en systématique

Le recours au propylène glycol est à réfléchir vache par vache et ne doit pas occulter la bonne gestion indispensable des démarrages de lactation. Le propylène glycol s’utilise en cas d’acétonémie sur les vaches en début de lactation.

 


L’acétonémie, une maladie fréquente dans nos élevages

L’acétonémie est due à une balance énergétique négative. Elle se déclare au vêlage, voire quelques jours avant et peut se retrouver 4 semaines après le vêlage. La vache puise sur ses réserves pour produire de l’énergie. Le foie s’engorge de corps cétoniques qui  intoxiquent la vache.


La détection des animaux à risque

Les vaches les plus sensibles à l’acétonémie sont les vaches avec une note d’état  élevée avant vêlage ainsi que les fortes productrices et les vaches à 3 lactations et plus.
Une prédisposition raciale existe. 25 % des Holstein sont atteintes contre 12 % pour les Montbéliardes.
Les premiers  symptômes de l’acétonémie sont une baisse de l’appétit et particulièrement des concentrés suivi d’une baisse de la production. L’analyse du lait montrerait une augmentation du rapport TB/TP avec un TB anormalement élevé (> 40 g/kg) et un TP plutôt bas (vers 28 g/kg).  Si la maladie persiste, l’amaigrissement est important, des bouses à tendance sèche et parfois une odeur d’acétone.
La première attitude est de revoir la conduite et l’alimentation 1 mois avant vêlage et un mois après vêlage.


Pourquoi  administrer du propylène glycol ?

Le propylène glycol, hautement digestible et riche en énergie, précurseur du glucose, rétablit la balance énergétique et donc limite l’acétonémie et l’intoxication par les corps cétoniques.  Tout son intérêt réside dans l’apport aux animaux à risque.


Il existe plusieurs formes de distribution

Il peut être administré en drogage à hauteur de 250-300 ml par jour pendant une semaine. Cette technique est contraignante mais la plus sûre. Elle assure la bonne prise de la dose car le propylène est très peu appétant.  Il se donne aussi  en granulés mélangé à la ration de base. L’inconvénient de ce dernier est qu’il est moins concentré que le propylène liquide.
Il est aussi possible d’installer une pompe à propylène sur un DAC ou un robot. Par contre, cela peut conduire à des excès où tous les animaux sont complémentés  et de plus pendant une période trop longue.
Le propylène glycol coûte environ 5 € par vache pour une semaine de traitement. D’un point de vue économique, il est peu recommandé de systématiser le traitement et de le faire plus de 15 jours.
Le valorisé aide à la détection des animaux en acétonémie sub-clinique.


Chloé Ménager, Ardèche Conseil Elevage
 

« GAEC Dumousseau, Saint Etienne de Serres (07)

Une anticipation des débuts de lactation


Le GAEC Dumousseau possède un troupeau de 53 montbéliardes à haut potentiel. Il utilise le propylène glycol pour pallier à des déficits énergétiques en début de lactation
lorsque cela est nécessaire.


Sur quelles vaches et comment ?

Le problème d’acétonémie concerne environ 15 vaches par an. Les vaches les plus sujettes sont les multipares fortes productrices. Le principal signe est la baisse d’appétit qui s’observe par le fait que les vaches boudent les concentrés. La perte de poids est faible car le propylène est administré rapidement. « Danacol en est à son 1er contrôle et à un TB à 46,6 et un TP à 30.5. Un tel écart de taux montre une possible acétonémie et probablement une perte de poids, elle est la parfaite candidate pour un traitement au propylène glycol. »
Les éleveurs administrent 500 ml de propylène glycol par jour pendant une semaine et une cure de méthionine et de vitamine B12 (un flacon de 250 ml/vache) pour aider le foie à se désengorger.
Les éleveurs notent peu de grosses chutes de lait et une reprise rapide de l’appétit des vaches.


Tarissement et prévention

Afin de limiter le nombre de vaches ayant besoin de ce traitement, le GAEC Dumousseau prête une attention particulière à la gestion des tarissements. Les vaches sont taries à un état homogène d’engraissement ni trop grasse, ni trop maigre. Elles sont sorties au pré été comme hiver et sont complémentées en foin et enrubannage de ray grass.
Les vaches sont rentrées 3 semaines avant le vêlage. Elles sont nourries avec du foin et une partie de la ration des laitières. Cette transition permet aux vaches de s’adapter à la ration de base et d’être en forme pour le vêlage.
La bonne conduite des taries aide à réduire les acétonémies et l’utilisation du propylène glycol est faite sur les animaux à risque.


Propos recueillis par Chloé Ménager, Ardèche Conseil Elevage