Une ration complète pour des génisses de "compèt"

Actuellement, dans les élevages laitiers nous pouvons retrouver plusieurs types d’alimentation des élèves. Un sondage issu de « web agri » a prouvé qu’environ 42% des élevages interrogés utilisaient une ration à base de foin avec complémentation ; 34% distribuent une ration complète à base d’ensilage et seulement 13% sont en ration sèche ou mash fermier.

La préparation de la ration complète nécessite l’emploi d’une mélangeuse, ainsi que des installations et un aménagement de bâtiments adaptés à son utilisation. Mais bien utilisé, ce matériel permet un réel gain de temps sur la durée de l'alimentation des génisses. Deux voies sont possibles : donner une seule et même ration aux vaches et aux génisses, ou réduire la fréquence de distribution.

 

La clé de la réussite pour satisfaire l’ensemble des génisses


Pour que la ration complète marche bien dans les élevages, il faut que cette dernière soit calculée pour satisfaire les besoins d'un plus grand nombre de lots. Il est donc nécessaire de connaître la valeur des fourrages (analyses recommandées) pour équilibrer au mieux le mélange. Etant donné que le mélange n’est pas distribué quotidiennement, donc en grande quantité, il faut que la ration soit fraîche et appétante pour éviter le gaspillage. La ration effectuée à la mélangeuse permet de peser précisément les quantités d’ingrédients. Il est alors possible de composer des rations dont la valeur alimentaire est calculée au plus juste. Néanmoins, la ration complète permet de diminuer le temps de travail, la pénibilité du travail. Cela permet aussi de donner des fourrages de moins bonne qualité. Mais il faut également raisonner l'investissement en fonction des installations déjà présentes (ex : 2 sites de distribution), la taille du troupeau et des objectifs de l'éleveur.

 

Les contraintes de ce type d’alimentation

Les génisses pleines ou à inséminer auront une croissance de 800g/j pour développer le squelette, alors que les 6-12 mois auront une croissance entre 500 et 800g/j. Il faut donc faire attention à la densité de la ration (teneur en azote et énergie) pour satisfaire les besoins des plus petites (à surveiller : un GMQ >850g/j chez les 6-12 mois va pénaliser la fertilité et la production laitière). Mais attention à ne pas sur-alimenter les plus grosses (une ration trop riche au niveau de la puberté réduit la production d'hormones et le développement des tissus sécréteurs du lait).

Au-delà des contraintes techniques, il faut déjà avoir un outil de distribution, et qu'il soit adapté au bâtiment des génisses laitières.

 

Ne pas négliger la minéralisation…

En ration complète, il ne faut pas oublier les minéraux. Étant donné que le mélange doit satisfaire un grand nombre d'animaux, il ne faut pas hésiter à apporter entre 100g et 150g de CMV. Avec possibilité de mettre des pierres de sel / pierre oligo à volonté.

 

Ils l’ont fait… Témoignage du GAEC DE GALBRAND à Branges (71) & du GAEC DES MAGNOLIAS à Loisy (71)

  • GAEC DE GALBRAND ; GAEC à 3 associés possédant environ 110 vaches laitières à la traite et 90 génisses de renouvellement.

« Une devise sur l'exploitation est de faire les choses bien mais en toute simplicité. Les veaux sont allaités à l'aide d'un DAL avec une poudre à 22% de protéines, un aliment à 17% de protéines et foin à volonté. Dès le début, les animaux ont de la ration fraîche tous les jours pour habituer les papilles du rumen. A partir du sevrage jusqu'à leur 1 an, les animaux reçoivent exclusivement une dizaine de kilos de la ration des vaches laitières avec une complémentation entre 2 et 6 mois (300 g de tourteau 50%soja/50%colza + 1 kg de céréale). Et donc de 6 à12 mois, toujours 10 kg de ration et foin à volonté. Après 1 an, elles bénéficient seulement des refus consommables et de foin à volonté. Étant donné que nous avons des vêlages toute l'année, les animaux sortent au pâturage dès la 1ere année, mais nous sommes obligés d'amener là aussi les refus consommables dus au manque d'herbe. Nous avons des animaux à la rentrée qui sont très en état. Lors de la saison hivernale, les animaux prêts à inséminer (18 mois) qui sont eux sur un autre site, reçoivent une ration complète tous les 3 jours. Celle-ci est composée de 1/3 foin, 1/3 ensilage maïs, 1/3 d'enrubannage avec 0,800kg de tourteau de colza et 80gr de minéral (3-28-7). Nous vêlons actuellement à 29 mois mais avec les croissances que les génisses ont, un vêlage plus précoce pourrait être envisagé. La ration des vaches est totalement valorisée. Depuis peu, nous avons mis les DAC et la ration est moins concentrée, nous devons rester vigilants pour la croissance des petites et à terme, il faudra peut-être re-complémenter un peu plus longtemps. »

 

  • GAEC DES MAGNOLIAS ; GAEC à 2 associés qui comprend environ 80 vaches laitières à la traite et une centaine d'élèves.

« Il y a un site avec les vaches laitières et les veaux de l'année et un autre site avec toutes les autres génisses. Nous essayons de faire du vêlage précoce pour avoir une génération de moins dans les bâtiments l'hiver. D'un point de vue alimentation, les plus jeunes ont de la poudre de lait à 23% de protéines à une concentration de 150gr, un aliment unique à 20% de protéines et paille à volonté. Nous avons fait le choix de donner de la paille aux jeunes, car nous avions trop de variation sur les foins d'une année sur l'autre en terme de qualité et de fibrosité. A partir du sevrage, les génisses reçoivent une ration mélangée à base d'enrubannage (57%), foin (38%), mélasse de canne, tourteau de colza (0,8kg), orge (0.5kg) et 140gr de minéral (5-25-5). Étant donné que les plus grosses ne sont pas sur le même site, cette ration est distribuée tous les 2,5 jours, cela nous permet une meilleure qualité de travail (distribution mécanique) et un gain de temps car il n'y a pas de stock sur place. Nous faisons cela depuis 3 ans. Néanmoins, nous devons re-complémenter une dizaine d'animaux, les plus jeunes, pour satisfaire leurs besoins. »

 

AnneLise MAZURAT, ACSEL Conseil Elevage

 

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