Système fourrager : Une exploitation cohérente c’est une exploitation rentable

Essayer, observer, mesurer vous permettra de prendre les bonnes décisions. Le parcellaire de votre exploitation sera une limite ou un avantage : que rapporte des heures de tracteur sur la route ? Comment sont valorisées vos parcelles les plus éloignées ? Aller jusqu’au remembrement pour une source de gain ?

 


Définir l’intensification optimale de son système

Il faut un niveau minimum de production laitière à l’hectare pour assurer du produit. Le potentiel des zones de montagne tout herbe est en moyenne de 4000 litres de lait produit par Ha de SFP, alors qu’en zone de plaine, avec du maïs, on approche les 6000 litres. Cet écart de productivité doit inciter les plus extensifs à raisonner leurs charges de structure, essentiellement en bâtiment et matériel. En intensifiant la production à l’hectare, il faut également veiller à ne pas pénaliser l’efficacité de l’exploitation en diminuant le ratio EBE sur produit. La réduction du produit primes et le dérapage des charges opérationnelles (coût concentrés, semences, engrais…)en sont souvent les principales causes.


Autonomie fourragère : pour dormir tranquille

Produire son propre stock fourrager est une condition minimale de pérennité de l’exploitation. Surdimensionner son exploitation en termes de cheptel et bâtiment c’est prendre un gros risque si les ressources fourragères sont insuffisantes. L’achat récurent de fourrage accentue la fragilité de l’exploitation, surtout en période de crise.


Autonomie protéique et énergétique : essayer de concilier les deux

Avec un système fourrager basé sur l’herbe, pâturage et récolte d’un ensilage d’herbe au top seront les facteurs de la réussite. La valorisation des céréales produites sur l’exploitation apportera tout ou partie des besoins énergétiques : épis de maïs et céréales à paille complètent bien une ration à base d’herbe. Autrement, des achats de concentrés à base d’amidon, de sucres et cellulose seront nécessaires.
En visant l’autonomie énergétique avec un système maïs et céréales, seuls des tourteaux seront achetés. Pour limiter la dépendance azotée, l’ensilage de maïs ne doit pas être en plat unique. Avec 15 à 25 kg d’ensilage de maïs dans la ration hivernale, incorporer 15 à 25 kg d’ensilage d’herbe toujours au top en azote et en fibres. La complémentation individuelle pourra se faire avec un mélange céréales à paille et tourteau. Varier les sources de tourteau permet d’avoir à la fois des vitesses de dégradabilité différentes et d’éviter des carences d’acides animés essentiels.


Florence Fargier, Loire Conseil Elevage

 

« GAEC des Chirates Mrs Berne, Mouton et Peyrachon, à St Sauveur en Rue dans le Pilat (42)

Nous avons choisi un système basé uniquement sur l’herbe

Le troupeau est constitué de 90VL à 7801kg/VL, 40.7g/kg de TB et 32.3g/kg de TP. Nous avons opté pour un système tout herbe dans une recherche de cohérence par rapport à notre milieu. Sur les 150 ha de parcellaire, seuls 6 ha pourraient permettre la culture de maïs et une quinzaine pourraient être cultivés en céréales. Il n’est pas envisageable de réaliser des rotations intéressantes sur si peu de surfaces labourables et mécanisables. Nous avons préféré nous concentrer sur la récolte de l’herbe pour viser à la fois l’autonomie en fourrage et la production d’ensilage d’herbe de qualité.


Comment gérer-vous le pâturage ?

Nous avons regroupé trois exploitations sur trois sites distincts. Le site où se trouve les vaches laitières, représente une petite centaine d’hectare en pente. Les deux autres sites sont utilisés pour les génisses. Nous essayons de gérer chaque site avec le moins de transport possible que ce soit pour les animaux,
les fourrages et les déjections.
Pour valoriser le maximum de pâture pour les laitières, nous gérons notre troupeau en deux lots. Le premier lot, de 50 vaches, valorise les pâtures de meilleure qualité, plus proches avec le minimum de dénivelé. Elles utilisent des surfaces jusqu’à 800 m de la stabulation en journée et ont une petite complémentation à l’intérieur au printemps. En juillet, l’apport de fourrages est augmenté. Le second lot comprend environ 30 vaches qui sont conduites en mono-traite sur la fin de lactation.
Elles produisent entre 10 et 20 litres sur la traite du matin en valorisant des surfaces très dénivelées et éloignées, jusqu’à 1,5km. Ces animaux produisent des déjections sur des surfaces non mécanisables et assurent « la fauche » !


Qu’en attendez-vous économiquement ?

Dans un contexte pédo-climatique difficile : sol peu profond, beaucoup de pente, peu de terres labourables, nous avons réfléchi à un système qui nous permettait de dégager un revenu pour chacun. Ce système cohérent a une bonne efficacité avec un rapport EBE/ Produit de 40%. Il est basé sur beaucoup de pâturage et un seul système de récolte. Ensuite, nous avons construit en 2009 un bâtiment en nous limitant en budget aux vues du contexte laitier de l’époque. De la même façon, nos annuités sont raisonnables et limitées : annuités bâtiment +mécanisation = 48€/1000l.


Propos recueillis par Joël Bruyère, Loire Conseil Elevage.

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