Récolte de foin : des règles simples pour faire du bon fourrage

Couper une herbe jeune, par beau temps, et faner avec discernement sont gages de qualité.

Lorsque les conditions météorologiques sont favorables, la qualité des foins se construit grâce à un fourrage jeune, couplé à un fanage adapté qui doit permettre d’atteindre le plus rapidement possible 80% de MS. 

 

 

Faucher une herbe de qualité

La réalisation du foin demande une période de 3 à 5 jours de beau temps consécutifs, avec un ensoleillement important. Au printemps, ce n’est pas toujours facile de disposer de ces fenêtres. Dans le cas des prairies semées, il faut implanter des espèces souples d’exploitation, capables de préserver leurs valeurs alimentaires en cas de récolte retardée. La fléole pour les terrains acides et froids d’altitude, la fétuque élevée, ou encore la luzerne en sont quelques exemples. L’association graminées-légumineuses est à privilégier.

Un pâturage précoce avant la fauche permet de récolter un fourrage jeune malgré une coupe tardive. Les espèces les plus précoces ont été pâturées (déprimage). A la date de fauche, ce sont les espèces plus tardives qui dominent et qui sont exploitées au bon stade (repère de fauche à partir de 900°C de somme de températures).

Une hauteur de coupe de 6-8 cm a plusieurs avantages.  La surélévation du fourrage laisse passer l’air sous l’andain et permet une meilleure aération. On évite aussi l’incorporation de terre ou autre matière organique indésirable. La repousse est plus rapide, à condition que les couteaux de la faucheuse soient bien affûtés.

Du fanage énergique puis doux.

L’objectif est d’aérer et de sécher rapidement le fourrage. Faner de façon énergique immédiatement après la fauche évite les paquets. L’étalement du fourrage en couche régulière sur la plus grande surface possible est primordial. Plus on aère le fourrage, plus il sèche rapidement. Les fanages suivants doivent être plus doux pour éviter les pertes de feuilles. Les fanages successifs accélèrent la déshydratation et réduisent ainsi le temps de séjour au sol. Ils sont d’autant plus nécessaires lorsque l’on observe une différence importante d’humidité entre le dessus et le dessous du fourrage.

Il faut réaliser un andain le plus foisonné possible pour favoriser la circulation de l’air. La mise en andains se fait lorsque le fourrage atteint 80% de MS. Un foin à 80% de MS est craquant. A ce taux de matière sèche, on limite l’échauffement du fourrage dans la botte. Enfin, on évite le pressage au moment le plus chaud de la journée. Avec des foins, pressés trop secs, il faut rentrer les balles rapidement pour éviter les reprises d’humidité.  Avec des foins moins secs (75 à 80%), l’ajout de conservateur type acide propionique est préférable. 

Josiane Chaussaroux et Jean Zapata, Puy de Dôme Conseil Elevage.

 

" Dominique Viallard, Gaec de Sauvadet, St Genès la Tourette (63)

55 montbéliardes à 7500 kg, nourries au foin séché en grange.

Dominique, que conseillerais-tu pour faire du bon foin ?

« Il faut commencer tôt, quand les lilas fleurissent : cela correspond au début du bourgeonnement pour la luzerne et au début de l’épiaison pour les graminées. On commence par les parcelles les plus précoces, ça nous assure aussi les deuxièmes coupes. L’étalement de la fenaison sur un mois nous permet d’avoir des foins un peu plus riches en cellulose. Si tous nos foins étaient faits très précocement, on mettrait les vaches en acidose.

 On fauche plutôt l’après-midi car les fourrages sont plus riches en sucre. On a fait le choix d’une faucheuse conditionneuse à rouleaux. Ça coute 30% plus cher mais on s’y retrouve sur la qualité. On a beaucoup de prairies à base de légumineuses. Le premier fanage n’a lieu qu’à partir du jour suivant la fauche, une fois la rosée levée.

On ramasse très tôt le fourrage pour le mettre en cellule de séchage (J+2 ou J+3). Ça nous oblige à reprendre le foin en cellules pour éviter qu’il ne reforme des paquets.  C’est du travail, mais si on le laissait plus longtemps au sol, on perdrait trop en qualité à cause de la ré- humidification par la rosée.

Nous avons investi dans une remorque distributrice de foin qui préserve l’intégrité du fourrage lors de la distribution à l’auge. »

 

Propos recueillis par Jean Zapata, Puy de Dôme Conseil Elevage.

 

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