Quelle santé physique pour mon sol ?

Agriculture de conservation, techniques culturales simplifiées, semis direct … Ces pratiques visent à améliorer la structure des sols. Mais comment facilement l’évaluer ?

 

Les vers de terre – le bon indicateur de la vie du sol

Le sol est peuplé d’organismes vivants (bactéries, champignons, nématodes…) qui permettent son bon fonctionnement biologique et physique. Parmi ceux-ci les vers de terre sont les plus visibles. Il en existe plusieurs sortes, tous utiles. Comment les reconnaître, et quelle interprétation en faire ?

Les épigés : Vers de petite taille (2-8cm) vivant à la surface des sols et dans les amas organiques. Ils ne créent pas de galeries et se nourrissent de litières. Leur rôle principal est de fractionner la matière organique.

Les anéciques : Vers plutôt grands (10-20cm). Ils creusent des galeries verticales permanentes, ouvertes en surface, grâce auxquelles ils prélèvent la matière organique morte pour se nourrir. Ils permettent un brassage des matières organiques et minérales. Leurs galeries deviennent des voies préférentielles pour les racines. Ils participent donc à la régénération des sols compacts, grâce aux perforations.

Les endogés : Vers de taille moyenne (5-15cm). Ils creusent des galeries horizontales temporaires, qui sont très ramifiées. Leur travail permet la création d’une structure grumeleuse et participe à la décompaction des sols tassés.

Le gite et le couvert pour vos vers de terre 

Il faut d’abord privilégier l’apport de matières organiques via les apports extérieurs, comme les fumiers ou le compost. Dans les parcelles où l’apport de MO extérieure n’est pas possible, il est intéressant d’implanter des couverts. Une fois détruits ils participeront au développement de la vie du sol. Le travail du sol en profondeur et l’utilisation de produits phytosanitaires non raisonnée sont préjudiciables à la vie du sol.

Le test « bêche », un diagnostic facile de la structure

Il est possible d’établir rapidement et simplement une appréciation sur l’état physique et biologique d’un sol, dans le but d’évaluer l’impact des pratiques culturales sur les 25 premiers cm du sol d’une culture ou de prairies.

Muni(e) simplement d’une bêche et d’un tournevis, le test débute par le prélèvement d’une motte de terre, de la largeur et profondeur de la bêche. Une fois le bloc de terre retiré de son trou, nous pouvons évaluer la compaction du sol à l’aide du tournevis : plus l’on aura du mal à enfoncer le tournevis, plus le sol sera compacté, et ce sur les différents horizons. Vient ensuite l’observation des parois du profil : on recherche le développement des racines, des limites nettes entre les horizons, et de la présence ou non de marbrures (des traces de rouille peuvent traduire une hydromorphie). L’observation des mottes et agrégats permet aussi de noter la structure et l’activité biologique du sol. Si le test est effectué entre octobre et avril, l’observation des vers de terre peut également être réalisée.

Estimer la teneur en argile, calcium et matière organique

Il est aussi facile de déterminer le taux d’argile d’un sol : en prélevant un peu de terre et en faisant un boudin. Si le boudin est friable, alors le taux d’argile est très faible. Toutefois, si le boudin se tient, qu’il est possible d’en faire un arc, voire un anneau, alors le taux d’argile est plus élevé. Ce test aidera à estimer la capacité de stockage de l’eau et minéraux du sol.

 

En déposant de l’acide chlorhydrique dilué sur une motte de terre, la réaction chimique produit une mousse plus ou moins importante selon la teneur en calcium du sol. On observe le même type de réaction avec de l’eau oxygénée en présence de matière organique sur de la terre.

Ces tests simples pourront être complétés par des prélèvements et analyses de sol en laboratoire.

Globalement, nos systèmes de polyculture élevage sont très favorables pour la vie des sols. Les rotations, et notamment avec des prairies de longue durée, ainsi que l’apport d’effluents permettent une bonne activité biologique. Valoriser vos atouts !

Rémi Berthet, Florine Damians, Acsel Conseil Elevage

 

Semis direct, quels matériels utiliser ?

Les semis en direct se développent de manière importante. Choisir le bon matériel n’est pas toujours évident. Quelques éléments pour vous aider à faire le bon choix.

Le semis à la volée, un 1° pas vers la diminution du travail du sol

Le semis à la volée est intéressant au printemps dans des céréales ou l’été dans les maïs en conditions favorables. On peut utiliser des outils simples avec un très gros débit de chantier. Les principaux sont les épandeurs d’engrais centrifuges et les épandeurs d’engrais à rampe d’épandage. On peut aussi avoir des semis un peu plus localisés avec des semoirs à « petites graines » placés sur des herses étrilles. Cette technique est intéressante pour implanter une prairie ou de la luzerne dans une céréale au printemps. De même, placés sur un déchaumeur, on peut implanter des couverts végétaux après moisson. On observe de bonnes implantations et de bons résultats avec ces techniques de semis « low cost », si les conditions météo sont favorables. Dans le cas de semis à la volée dans une culture en place désherbées chimiquement, attention à la durée de rémanence.

Disques ou dents : 2 conceptions pour des attentes et des usages différents

L’investissement reste important mais c’est une bonne assurance de réussite. Jouer là collectif pour écraser les coûts !

Deux trémies, la bonne option

Il est essentiel en semis direct de pouvoir localiser de l’engrais dans la ligne de semis pour avoir un effet « starter ». Le sol n’étant pas travaillé, il se réchauffe moins vite et minéralise moins vite. La double trémie permet donc de doser précisément un apport d’engrais. Il est possible aussi de positionner une 2ème semence à une profondeur différente, ou même sur 2 lignes de semis différentes suivant les semoirs. Cette souplesse d’utilisation de la double trémie permet d’avoir un réglage précis de la densité et de la profondeur de semis en fonction de la taille des semences.

Témoignage

Thierry Deygas, éleveur caprin (St Donat sur Herbasse, Drôme), 370 chèvres en production, 70ha de SAU (dont 15ha PP, 10ha de luzerne, 5ha de RGI et 30ha de prairie temporaire multi-espèces longue durée) pratique le semis direct et le sursemis depuis 6-7 ans :

« J’ai un parcellaire très morcelé (50 parcelles pour 70ha) et en pente. J’ai souhaité simplifier mes pratiques pour gagner en temps de travail et limiter l’érosion. J’ai commencé par regarder des vidéos sur Internet, puis j’ai fait quelques essais avec le matériel que j’avais sur la ferme (semoir à céréales classique). En 2015 j’ai monté un dossier PCAE pour financer une partie de l’investissement dans un semoir direct à dents. J’ai commencé par recharger en direct mes prairies temporaires vieillissantes avec des trèfles. Les résultats ont très vite été au RDV. Puis j’ai commencé à faire des semis directs de méteils protéiques dans mes luzernes, récoltés en enrubannage. En résumé sur une rotation de 10 ans je n’ai que 3 interventions en semis direct (luzerne, méteil et RGH ou PT multi-espèces). Demain, avec l’expertise d’ADICE conseil élevage et l’opportunité d’agrandir légèrement ma SAU, je vais faire évoluer ma rotation en intégrant des céréales pour une meilleure autonomie en énergie et en paille. »

Rotation envisagée :

 

 

Adrien RABALLAND, Adice Conseil Elevage

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