Pérenniser son exploitation : anticiper dès aujourd’hui pour concrétiser demain.

Le renouvellement des générations est un enjeu de taille pour l’agriculture française. Près de 40% des agriculteurs ont plus de 55 ans et partiront à la retraite d’ici 2030. Mais actuellement, seul un départ sur trois est remplacé.

 

 

Faire face à l’évolution des structures agricoles.

Force est de constater que ces dernières décennies, les exploitations ont subi des évolutions notables de leur productivité, de leur technique et de la main d’œuvre. Parallèlement à la baisse du nombre d’exploitations, le métier d’agriculteur peine à attirer des candidats.  Maintenir le nombre d’actifs agricoles constitue pourtant un défi essentiel. Entretenir les espaces naturels, garantir la sécurité alimentaire, préserver le dynamisme des zones rurales sont autant de sujets brulants qui interagissent avec le réel besoin en main d’œuvre du monde agricole.

La main d’œuvre est le carburant de la production agricole

Trouver la personne de confiance et compétente avec qui collaborer pour faire face à un accroissement de travail ou une évolution de la structure relève du défi. Intégrer une nouvelle personne dans son équipe demande de la disponibilité et des ressources aussi bien humaines qu’économiques. Que ce soit pour une embauche ou une transmission d’exploitation, cette recherche doit s’anticiper. Dans quel cadre juridique ? Sous quelles conditions financières ? Ce sont autant de questions qui se posent au moment de franchir le pas.

S’appuyer sur des réseaux locaux pour recruter

Si le bouche à oreille reste un excellent moyen de communication, dans chaque département des relais peuvent aider les chefs d’exploitation à concrétiser l’embauche d’un salarié.

Plusieurs structures sont au service des exploitants. Le pôle emploi agricole permet de centraliser les offres et les demandes pour le salariat agricole. Il est même parfois possible de lui déléguer les formalités administratives (contrats de travail, fiches de paies).

Le service de remplacement peut apporter une solution plus ou moins temporaire avec des possibilités de contrats pérennes.

Le groupement d’employeurs dans le cadre d’une embauche dans plusieurs fermes peut être une alternative sur mesure.

L’enseignement agricole est une porte d’entrée. L’apprentissage a le vent en poupe ! Cela permet d’intégrer à l’exploitation des jeunes souvent motivés. Toutefois, même si les demandes sont nombreuses, il ne faut pas oublier que le jeune doit compléter sa formation théorique par la pratique. Cet exercice demande un vrai rôle pédagogique pour le bon déroulement de la formation.

Transmettre ou intégrer un nouvel associé : se faire accompagner est indispensable

L’installation s’accompagne de nombreux défis : bâtir un projet d’entreprise viable dans la durée d’un point de vue économique et social tout en étant adapté aux nécessités de transitions du monde actuel. Pour avoir une visibilité satisfaisante, que ce soit pour le cédant ou pour le repreneur, les démarches doivent se réfléchir bien en amont !

Pour réussir une transmission, des points étapes sont à disposition. Le cédant peut se faire connaître au point accueil transmission. Le répertoire départ installation pourra ensuite mettre en relation des repreneurs en recherche d’exploitation ou d’association. Le point accueil installation (PAI), lui, permet de s’informer sur les démarches à entreprendre pour une reprise réussite.

 

Chambre de France, 2020

Le chemin est encore long. Il faut se former, élaborer et chiffrer son projet et veiller à sa pérennité. Vais-je dégager un revenu de mon activité ? Vais-je avoir des conditions de travail correctes ? Vais-je m’entendre et avoir les mêmes objectifs que mes futurs associés ? Autant de questions qui amènent à réflexion pour mener à bien le projet. Des stages de parrainage sont très souvent proposés pour sécuriser et accompagner les porteurs de projets, humainement, techniquement et économiquement.

 

RETOUR D’EXPERIENCE :

Roland FRISON et Jean-Louis CLAPEYRON, associés au GAEC DU BEAU SITE à ST ROMAIN LACHALM (43) ont fait le choix de transmettre progressivement le métier. Arrivés en fin de carrière, ils ont réfléchi à la transmission de leur outil de travail.

 

Profiter des dernières années pour lever le pied.

Jean-Louis et Roland savaient qu’il n’y aurait pas de reprise familiale. Il y a 4 ans, ils ont choisi d’intégrer à leur structure un apprenti pour alléger le temps de travail. Pour Roland, « arrivé à 55 ans on commence à penser à la suite et on aimerait se faire relayer un peu pour souffler. C’était une volonté commune tant sur le plan humain que pour lever un peu le pied pour notre santé ».

 

Pourquoi avoir fait le choix de l’apprentissage et non pas du salariat ?

 

« La main d’œuvre sur l’exploitation concerne tous les associés. Avec Jean Louis, nous avons estimé que la charge de travail ne nécessitait pas un temps plein. L’apprentissage nous semblait plus facile à gérer que le partage d’un salarié. Puis, nous avions l’envie de transmettre un peu de notre expérience et donner le goût du métier à un jeune ». Le recrutement s’est fait naturellement : Louis, fils d’éleveur du coin s’est présenté et l’embauche s’est faite aussi simplement que ça.

Pour Louis, ce parcours lui a été profitable : « ça coupe de l’école, l’approche est beaucoup plus pratique, j’ai énormément appris à leurs côtés et me suis ouvert à d’autres techniques et méthodes ».

 

 

 

 

 

 

Comment envisagez-vous l’avenir de l’exploitation ?

« Nous avons trouvé notre repreneur Damien grâce au « bouche à oreille ». Aujourd’hui il a intégré l’exploitation en stage parrainage et nous travaillons sur la faisabilité technique et économique

 du projet avec un seul repreneur. Nous sommes conscients que cela demandera un recalibrage de l’exploitation ».

Pour Damien, désirant s’installer en lait sur une exploitation du secteur, l’exploitation, fonctionnelle et bien entretenue, lui plaisait. Il a démarré les études et démarches à l’installation : « les démarches sont longues mais pas inintéressantes, les nombreux échanges en formation permettent de se questionner, de se situer et de faire murir le projet ».

Damien a aujourd’hui intégré le GAEC DU BEAU SITE et pourrait concrétiser son installation en fin d’année, lors du départ en retraite de Roland. Souhaitons beaucoup de réussite et d’accomplissement dans les projets de chacun.

Jérôme GACHET, Haute-Loire Conseil Elevage

 

Tags: