Optimiser le pâturage de vos génisses

L'élevage des génisses au paturage est idéal d'un point de vue sanitaire tout en assurant un développement optimal du squelette des animaux. Voici quelques points importants à propos de la conduite des génisses à l’herbe.

 

 

Jouer sur la croissance compensatrice

L’herbe pâturée est une alliée précieuse pour réussir de bons développements grâce à la croissance compensatrice, qui permet de différer la croissance de quelques mois. C'est-à-dire que si le développement a été modéré sur une période d’environ 3 mois avant la mise à l’herbe, le phénomène de croissance compensatrice va permettre de rattraper le retard sur les 3 mois suivants au pâturage, grâce à la richesse de l’herbe consommée. Ainsi, on pourra se permettre de lever légèrement le pied en fin d’hiver (sans bien entendu délaisser les génisses !) et profiter d’une bonne conduite de pâturage pour parvenir aux objectifs de croissance.

En première année de pâture, l’apport de 1 kg de céréales est souvent nécessaire au printemps, voire toute l’année pour soutenir la croissance dans un objectif de vêlage à 24 mois. Ceci a aussi l’avantage de permettre un apport constant de minéraux, en mélangeant un minéral au concentré. On choisira un produit type 0-28 car l’herbe est riche en phosphore. De plus cette pratique améliore le rapport éleveur/animal. Concernant la seconde année de pâture, l’herbe à volonté est suffisante pour satisfaire les besoins de la génisse gestante.

 

Lutte contre le parasitisme : objectif immunité

Pour travailler la ligne de conduite, rappelons qu’une première année de pâturage correctement gérée devrait permettre une mise en place suffisante de l’immunité, et donc de permettre des impasses de traitements sur les secondes années de pâture et les vaches laitières ! (hormis les douves et les paramphistomes)

Pour permettre le développement immunitaire, il faut que l’animal soit en contact avec les parasites : suffisamment pour déclencher une réponse immunitaire, mais pas trop pour que le jeune puisse se défendre et ne pas perdre en GMQ ! Tout est question de compromis et c’est bien là toute la difficulté.

Le choix des parcelles est prépondérant : il faut donc que des animaux modérément infestés aient pâturé (et donc excrété) au préalable ces parcelles, pour les contaminer. On choisira des génisses en seconde année de sortie, ou les vaches laitières après un déprimage au printemps, avec un temps de séjour relativement court sur les parcelles.   A part dans ce cas-là, le troupeau laitier reste relativement dangereux pour les génisses sur le plan parasitisme, car excrétant de grandes quantités de larves. Sur des parcelles à risques, la fauche permet d’assainir en partie la prairie.

Deux autres éléments sont déterminants : le plan de prophylaxie et le choix du type de traitement. Là encore, l’utilisation de produits vétérinaires doit permettre une mise en contact des animaux avec les parasites, et leur rôle est de venir seconder la défense immunitaire. La date d’application des différents traitements dépend de leur rémanence ; définissez la stratégie à adopter avec votre vétérinaire et votre technicien. Notons aussi qu’il est possible d’entrevoir des modes de conduites avec peu ou sans déparasitage, avec un schéma du type : 3 semaines de pâture (=phase infestation) – 3 semaines en bâtiment (=phase lutte et développement immunitaire) – sortie définitive.

Pour conclure, nous pouvons dire que le pâturage a tout à fait sa place dans l’élevage des génisses de renouvellement, pour ses intérêts techniques  mais aussi économiques. Le principal risque est le parasitisme,  dont la gestion requière une certaine attention. Ainsi la maîtrise du pâturage et de la croissance compensatrice restent des facteurs de réussite d’un vêlage précoce !

Cédric Clerc, Loire Conseil Elevage

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