Maïs : le bien-être est dans le sol

Les conditions climatiques de ces dernières années remettent en cause la culture du maïs. Pour l’optimiser, plusieurs pistes sont envisageables.

 

 

 

Le sol : un allié à protéger.

La réserve hydrique du sol est déterminante lorsque les précipitations sont réduites l’été. Elle est liée à la profondeur de sol, au taux d’argile et de matière organique. Choisir des parcelles profondes est une bonne stratégie. Le taux de matière organique est favorisé par des apports réguliers en fumure organique et en limitant les labours. La restitution des pailles, la mise en place d’inter-cultures et avec un mulching de dérobés avant semi direct sont des techniques à reconsidérer.Augmenter le taux de matière organique dans le sol améliore l’alimentation hydrique et nutritionnelle du maïs. Cela optimise aussi la mycorhization des jeunes maïs.

Le respect des rotations avec des cultures à besoins différents et des pratiques culturales adaptées favorisent la croissance du maïs. Enfin, on peut envisager de réduire les densités de semis pour favoriser la qualité de l’épi. Le manque d’eau peut impacter la floraison et le remplissage de l’épi.

 

S’adapter aux températures extrêmes

Gel tardif printanier, chaleurs fortes l’été, automne doux incitent à échelonner les dates de semis. En plaine, où les journées très chaudes se multiplient, il est important de semer dès que le sol est réchauffé : 12° pour que la floraison se fasse avant les stress thermiques et hydriques d’été. En condition très séchante, un maïs très précoce semé tôt pourrait s’envisager. Une stratégie de culture dérobée derrière de l’orge est possible. En altitude, le choix de variétés plus tardives est préconisé. Le rendement et la qualité de l’ensilage de maïs seront améliorés. Enfin, les semenciers travaillent pour créer des variétés plus résistantes. Ces variétés auront capacité à passer des étapes essentielles à la culture : stade 8-10, floraison, staygreen…

 

Maïs géant vert ou pop corn ?

Ces trois dernières années, 40% des parcelles sont ensilées trop tard. L’objectif reste toujours d’ensiler entre 32 et 35 % de MS.

Les conditions climatiques de ces deux dernières années demandent une surveillance importante quatre semaines avant la récolte. Les températures élevées et le stress hydrique entraînent une évolution très rapide du stade en fin de cycle.

Savoir reconnaître le stade 25% MS

Pour anticiper la date de récolte, il faut absolument savoir reconnaître la plante au stade 25% de matière sèche. Au sein de la Fidocl, nous avons créé une méthode innovante qui permet d’évaluer le taux de matière sèche précis à ce stade.

La méthode permet d’estimer une valeur de la matière sèche de la plante à partir de l’observation du grain à l’aide de la grille « Arvalis ». Une deuxième mesure est faite avec le Moisture Tracker, infra analyseur, calibré sur la matière sèche. Un broyage de deux pieds représentatifs de la parcelle est nécessaire pour la mesure. La moyenne des deux notes (grille Arvalis et Moisture Tracker) donne une bonne estimation de la MS. Sur la zone Ardèche, Drôme et Isère, Loire et Rhône du 10 août au 5 septembre 2018, ce sont 1200 parcelles expertisées, 30 journées réalisées et 400 éleveurs présents. Un vrai succès.

Cependant les analyses de cet hiver montrent encore 40% des maïs ensilés avec un taux de MS supérieur à 35% et 16% à plus de 40% MS. La valeur alimentaire des maïs ensilés à plus de 40% MS diminue : un rapport épis/plante bas, donc moins d’amidon et une digestibilité des parois végétales (ou NDF) faible.

Repérer les parcelles atypiques

La sévérité du stress hydrique du maïs en fin de cycle en 2018 a influencé rapidement et fortement la teneur en MS.

Sur la zone de suivi des parcelles, le gain de MS théorique calculé, compte tenu des températures réelles élevées sur la première quinzaine de septembre, était de quatre points par semaine. Or le gain de MS mesuré sur cette même période était de 16 points de MS en 14 jours. Au final, c’est un maïs à 42% MS alors qu’il était attendu à 33% de MS. C’est comme si un stress hydrique important cumulé à de fortes chaleurs accéléraient le gain de MS. Cela montre bien la nécessité de suivre au plus près la culture du maïs un mois avant récolte et de continuer les travaux d’investigation.

 

Florence Fargier et Patrice Dubois, Rhône Conseil Elevage

 

 

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