Lutter contre les infections mammaires des chèvres en les traitant au tarissement

Les infections mammaires sont responsables des dégradations qualitatives du lait, augmentation de la numération cellulaire et diminution des TP et TB. Lutter contre ces infections est donc indispensable afin d’éviter les pénalités pour les producteurs laitiers et les baisses de rendements pour les fromagers.

 

 

Le tarissement : la période clé pour assainir

Le repos de la mamelle durant le tarissement suffit parfois pour observer, en début de lactation suivante, quelques guérisons parmi les chèvres infectées (de 20 à 60 % de guérisons spontanées).

Mais durant la première semaine du tarissement, de nouvelles infections peuvent également survenir. La mise en place progressive du bouchon de kératine en bout de trayon ainsi que des défenses immunitaires de la mamelle offrent des opportunités d’installation et de prolifération de germes favorisés par l’engorgement naturel de la mamelle et l’absence de chasse quotidienne du lait.

 

Traiter au tarissement : oui …

Afin d’améliorer le pourcentage de guérison, des traitements antibiotiques existent (un seul a une AMM caprine sur les deux produits les plus répandus) et peuvent être mis en place au moment du tarissement de façon curative. Les pourcentages de guérison après traitement varient entre 50 et 90 %, soit un gain de 30 % par rapport aux guérisons spontanées.

Les traitements antibiotiques au tarissement peuvent également être utilisés de manière préventive pour lutter contre les nouvelles infections. Ils diminuent ainsi le risque d’infection de 20 % en moyenne.

 

… mais à raisonner !

Malgré tout, ces traitements ne sont pas miracles et leur réussite dépend des conditions de mise en œuvre. Les animaux ayant déjà fait l’objet d’un traitement et donc considérés comme incurables ainsi que ceux ayant été victimes de mammites cliniques sont à exclure des lots traités. Il en est de même pour les chèvres récidivistes, gravement infectées ayant cumulées plus de trois contrôles au-dessus de 2 millions de cellules. Une concertation entre éleveur, vétérinaire et conseil d’élevage est nécessaire pour organiser le tarissement et le redémarrage de lactation (détection de traces d’antibiotiques en début de collecte). Le mot d’ordre est qu’il est plus rentable de protéger les saines que de traiter les incurables.

Nathan Pouliquen, Drôme Conseil Elevage.

 

« EARL Ferme des Blanches, à Recoubeau Jansac (26)

Diminuer les taux cellulaires : échanger pour progresser

L’EARL Ferme des Blanches est composé d’un couple associé qui conduit 174 chèvres Saanen, en 2 lots de mise bas, un saisonné et un désaisonné, avec quelques lactations longues.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en place un traitement au tarissement ?

Nous avions envie de travailler sur les taux cellulaires, c’est pour nous une voie d’amélioration de notre production car les résultats cellulaires étaient souvent élevés (21% de G, 59% de I et 21% de S sur les chèvres classifiées) sur nos contrôles. Nous avons d’ailleurs participé à la formation cellules mise en place par le contrôle laitier et le GDS. Elle nous a permis de nous rendre compte des pertes économiques engendrées par la présence de cellules dans le lait et des pratiques à mettre en place pour lutter contre l’augmentation de la numération cellulaire dans notre lait.

 

Les résultats sont-ils à la hauteur de vos espérances ?

Nous avons effectué les traitements sur un nombre restreint de chèvres, 10, avec NAFPENZAL. Nous avions choisi les chèvres à l’aide des différents résultats de contrôles sous Caplait et en échangeant avec le conseiller du contrôle laitier. Les chèvres à priori incurables et les chèvres les plus gravement infectées (plus de

3 contrôles au-dessus du seuil des 2 millions de cellules) ont été écartées et les bonnes productrices infectées ont été privilégiées. Nous sommes très satisfaits des résultats avec 8 chèvres guéries sur 10 traitées.

 

Envisagez-vous de renouveler ces traitements à l’avenir ?

Oui certainement le taux de réussite est encourageant et les guérisons se font sentir sur la production. Mais on reste tout de même vigilant, il s’agit de bien choisir les animaux, de ne pas créer d’accoutumance au produit. Les résultats sont favorables cette année, mais est ce que ce sera la même chose l’année prochaine, on ne sait pas…

 

Propos recueillis par Nathan Pouliquen.

 

Tags: