L’impact de l’élevage sur le changement climatique : en parler sans tabou

L’élevage français contribue à hauteur de 13% des émissions de Gaz à Effet de Serre dont 6% pour les bovins lait. En même temps, il a la capacité de compenser partiellement ses émissions de carbone par du stockage. En 20 ans (1990-2010) les émissions de GES ont été réduites de 15% avec la diminution de l’utilisation des engrais et de la consommation d’énergie directe ou indirecte. Comment aborder l’empreinte carbone en élevage laitier ?

 

 

 

Connaître son empreinte carbone

Depuis plusieurs années, les organismes de conseils en élevage proposent aux éleveurs laitiers la réalisation de diagnostics CAP2ER qui leur permettent de se positionner par rapport à leurs émissions de GES et du stockage du carbone. En moyenne, les GES sont pour 60% sous forme de méthane CH4 (essentiellement fermentations entériques), pour 18% de protoxyde d’azote N2O (liées à la gestion des déjections animales) et pour 22% de CO2 (consommations d’énergies). Et la capacité moyenne de stockage de carbone des exploitations (prairies, haies) compense à hauteur de 15 à 30% les émissions de GES. Des simulations d’évolutions possibles permettent à l’éleveur d’envisager la mise en place de leviers pour réduire les émissions et/ou augmenter le stockage de carbone.

 

Plusieurs pistes techniques pour réduire son empreinte carbone

Coté troupeau, la limitation du nombre d’animaux improductifs est le premier levier. L’optimisation de l’âge au vêlage (pas après 36 mois) et l’élevage du bon nombre de génisses lié à un taux de renouvellement choisi, et non subi, sont deux pistes à travailler. De plus, le suivi assidu de la reproduction évite de maintenir dans le troupeau des vaches à problème et assez peu productives.

Par ailleurs, pour la gestion des effluents, on peut éviter les pertes d’azote en couvrant les fosses. L’utilisation d’un matériel d’épandage avec pendillards est préférable.

Coté fourrages, la valorisation du pâturage permet de réduire les émissions de GES, la production de fourrages de qualité permet de viser une meilleure autonomie protéique, en particulier. Enfin, l’allongement des durées de rotation, le non retournement des prairies et la couverture maximale des sols favorisent le stockage du carbone.

Quand réduction de l’empreinte carbone et résultats économiques vont de pair

Les études montrent une corrélation positive entre les résultats économiques des exploitations et l’amélioration de leur empreinte carbone. C’est logique puisque les principaux leviers consistent à travailler sur l’optimisation des conditions de production. Quelque soient les systèmes de production et les régions d’élevages, on observe une différence de 30 € de marge brute en faveur des 10% des élevages ayant la meilleure empreinte carbone nette.

Source : Adrien Tropenat, Cantal Conseil Elevage

 

 

 

 

 

Des éleveurs qui s’engagent

Dans le cadre des programmes Carbon Dairy et La Ferme Laitière Bas Carbone en partenariat avec les Régions, les CRIEL et les laiteries, plus de 12000 éleveurs ont réalisé des diagnostics au niveau national. Depuis 2020, des collectifs d’éleveurs se sont engagés dans des appels à projets visant à l’obtention du « label bas carbone » avec la possibilité de commercialiser des crédits carbone sur 5 ans. En 2021, ce sont 5000 nouveaux installés qui vont rentrer dans une démarche d’accompagnement « bas carbone et adaptation au changement climatique » du plan de relance du Ministère de l’Agriculture.

Une communication positive sur l’élevage

Les diagnostics mettent en avant la capacité de stockage de carbone de l’exploitation mais également sa performance nourricière sur la base des protéines animales et la surface de biodiversité entretenue. Par exemple, en région AURA, l’exploitation laitière moyenne auditée nourrit 1700 personnes, stocke 176 tonnes d’équivalent CO2, entretient 229 équivalents hectares de biodiversité dont 4500 mètres linéaires de haies.

Joël Guillemin, Cantal Conseil Elevage

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