Les plantes bio-indicatrices en élevage laitier

Les plantes bio-indicatrices sont une aide au diagnostic pour qui sait les reconnaître. La flore spontanée des prairies et cultures fourragères est  indicatrice du milieu et des pratiques antérieures d’exploitation de la parcelle.

 

 

 

Les plantes ne poussent pas par hasard

Les conditions d’implantation des espèces sont spécifiques à chacune d’entre elles. Certaines espèces demandent des conditions très spécifiques pour s’implanter et se développer. Elles révèlent  alors les caractéristiques de fertilité du sol, elles sont dites bio-indicatrices. L’observation ne coûte rien, prenons le temps d’identifier les espèces présentes dans les parcelles.

 

Connaître les espèces : un préalable indispensable

La formation de terrain et l’utilisation de flores permettent à chacun d’apprendre à reconnaître les plantes bio-indicatrices. Lorsque plusieurs espèces indicatrices d’une condition de milieu sont identifiées et abondantes dans une parcelle, le caractère bio indicateur est retenu.

 

Un outil pour le diagnostic de fertilité du sol

 

Les plantes bio-indicatrices complètent les analyses de sols et les diagnostics de nutrition des prairies. Certaines plantes sont indicatrices  de la richesse du sol en nutriments accessibles (Ca, P, K, Mg…). D’autres nous renseignent sur le pH, la structure (battance, érosion, compactage, engorgement), ou l’état hydrique du sol. Encore plus précieuses sont les indications sur l’état et l’évolution des matières organiques végétales ou animales (accumulation, carence, excès ou à l’équilibre). Elles nous renseignent sur le fonctionnement  et la vigueur de l’activité biologique du sol.

En observant comment certaines espèces s’installent au détriment d’autres, l’agriculteur doit comprendre la pratique d’exploitation  qui en est responsable. Ainsi, il peut modifier ses conduites : rotation, travail du sol, fertilisation, mode de récolte…

Josiane CHAUSSAROUX , Puy-de-Dôme Conseil Elevage

 

 

« Jean ZAPATA, conseiller fourrage Puy De Dôme Conseil ELevage

J'utilise l'observation de la flore bio-indicatrice pour réaliser les diagnostics prairies

Je m’exerce en permanence à la reconnaissance d’espèces tout au long de l’année. Les espèces très fréquemment rencontrées ne sont pas si diverses que cela, une quarantaine d’espèces  reviennent très régulièrement dans les zones cultivées.

 

J’observe la flore de la prairie et pas uniquement à l’entrée de la parcelle

Si je suis dans une prairie qui, selon l’éleveur, devrait être très fertile, je m’attends à observer  au printemps un certain nombre d’espèces associées telles que le pissenlit, le rumex, le mouron, la céraiste, la véronique… Le fait de les rencontrer fréquemment, ou pas du tout, m’aide beaucoup dans le diagnostic. Je consulte des ouvrages référence : encyclopédie des plantes bio indicatrices  (G.Ducerf. ed. Promonature) et quelques flores pour croiser les informations.

 

Les échanges avec l’éleveur sont indispensables

Je prendrais l’exemple d’un éleveur qui se plaint que ses vaches refusent de consommer l’herbe au pâturage. J’observe des zones  très rases, surpâturées, avec beaucoup de plantes en rosette, comme les pâquerettes. A d’autres endroits, des zones de refus sont présentes avec des chardons, quelques ronces ainsi que de grosses touffes de graminées.  Mon accompagnement de l’éleveur sera orienté sur sa manière d’exploiter l’herbe : un chargement trop faible au printemps, un temps de repousse trop long entre deux cycles de pâturage, l’absence de fauche de refus… plutôt que sur la fertilisation ou le re-semis de parcelle.

Dans les parcelles fauchées, je repère les levées spontanées. Le pâturin annuel est un indicateur de tassement. Le rumex petit oseille peut indiquer une acidité prononcée et une CEC très faible. L’absence de dactyle peut indiquer un sol très pauvre ou trop mouillé à certaines périodes. L’absence de légumineuses peut aussi découler de fauches trop tardives.

 

Comprendre et adapter les pratiques d’exploitation

Parfois le conseil aboutit à la nécessité de refaire la prairie. Les plantes bio indicatrices rencontrées permettent  de déterminer les causes probables de la dégradation de cette prairie. Ensuite, c’est à l’agriculteur  de modifier  ses pratiques pour conserver des prairies en équilibre avec le milieu. »

 

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