Les haies bien gérées participent à la performance technique, économique et environnementale des exploitations agricoles.

Le rôle d’ombrage des haies pour les animaux pâturant est connu et avec le dérèglement climatique l’effet brise-vent devient de plus en plus visible sur les cultures. Elles ont également un rôle important sur la limitation de l’érosion et la préservation de la qualité de l’eau. Bien exploitées, elles apportent de la biomasse valorisée en plaquette mais aussi du feuillage qui peut servir de complément alimentaire notamment pour les petits ruminants. Elles ont un potentiel non négligeable sur le stockage du carbone et compensent en partie les émissions de méthane de nos ruminants.

Des acteurs investis

Dans la majorité des départements, des associations en relation avec les missions haies, les chambres d’agriculture et les fédérations départementales des CUMA sont actives dans la réimplantation et l’exploitation des haies.

Ces entités sont aussi présentes pour accompagner les éleveurs et agriculteurs dans l’objectif d’établir un état des lieux de leurs haies, puis de proposer un plan de coupe dans l’optique d’une gestion durable. Le recours à des CUMA ou à des entreprises agricoles est obligatoire, car l’exploitation des haies demande un matériel spécifique couteux.

Par exemple, le département de l’Ain possède une ressource bocagère intéressante, et des possibilités d’implantations multiples. Durant l’hiver 2022-2023, 22kms de haies ont été implantés dans 32 exploitations.

Augmenter les rendements grâce aux haies

Une étude menée par la mission haies en 2022, a permis de démontrer l’importance des haies en effet brise-vent pour la protection des cultures. Dans les premiers mètres contre les haies, le rendement diminue mais l’effet brise-vent limite l’évapotranspiration des cultures et le rendement des mètres suivants est accru. Cet avantage est valorisé depuis de nombreuses années par les agriculteurs de la vallée du Rhône confrontés au mistral. Des parcelles avec des haies bien gérées ont des rendements améliorés

Une ressource de biomasse

Les haies sont une ressource de biomasse qui permettent également de dégager une marge positive. Les plaquettes produites lors du broyage des haies peuvent servir au chauffage individuel et collectif, mais également au paillage des animaux d’élevage ou encore d’espaces verts.

Le broyage des haies est mécanisable. Dans l’Ain, la CUMA de St-André/Vieux-Jonc s’est équipée d’une machine à tambour et à grappin coupeur. Cette machine permet une alimentation régulière grâce à un débit important. La régularité du calibrage des plaquettes en dépend.

Un chantier doit être bien organisé pour obtenir un bon débit, il faut prévoir au minimum 70m3 de bois à déchiqueter. Le coût du broyage est compris entre 5 et 8€/m3.

Une haie qui fonctionne bien produit 10 à 30m3 de plaquettes par an et par kilomètre linéaire. Une coupe pouvant être réalisée tous les 15 à 20 ans, 1km de haie peut donc produire jusqu’à 600m3 de plaquettes.

En quelques chiffres, 4m3 de plaquettes pèsent 1T et 1T de plaquettes peut remplacer 1T de paille.

Utiliser les plaquettes de bois en élevage

Il est possible de substituer ou d’allier la plaquette de bois à la paille pour la litière des animaux de tous âges.

La plaquette de bois a un pouvoir absorbant similaire à celui de la paille et une capacité de drainage pouvant aller jusqu’à 350L/m3.

Pour remplacer la paille, l’utilisation des plaquettes se fait en couche de 40cm à travailler quotidiennement avec un outil à dents pour faciliter le drainage et étaler les déjections. L’apport d’une nouvelle couche se décide en fonction de la propreté des animaux. Attention toutefois, les plaquettes noircissent vite. Cependant, la couleur ne fait pas foi d’efficacité.

Pour compléter un paillage, il est possible d’utiliser une sous-couche de plaquettes, de 10 à 20 cm d’épaisseur, puis de pailler par-dessus. L’effet drainant des plaquettes permettra de garder une litière sèche, sans jus, et avec une bonne portance, et donc de diminuer la fréquence de paillage.

Ce que les éleveurs utilisateurs de plaquettes en litière constatent, est en premier lieu une litière sèche, qui résiste au piétinement, idéale pour les zones très sollicitées.

Les plaquettes sont dépourvues d’épines, il n’y a donc pas de risques de blessures. De plus, les plaquettes ne se coincent pas dans les sabots.

Globalement, il a été observé moins de mammites cliniques sur les laitières et moins de gros nombrils et diarrhées sur les veaux grâce au côté asséchant permettant une litière plus saine. Au-delà de l’aspect sanitaire, les plaquettes constituent une litière peu odorante grâce à un dégagement d’ammoniac plus faible.

Le retour au sol

Comme toute litière, la litière à base de plaquettes de bois peut ensuite être épandue : à l’automne, ou encore au printemps plutôt sur des prairies riches en légumineuses.

La litière à base de plaquettes présente un rapport carbone sur azote très élevé, favorisant le développement des mycorhizes dans le sol, donc la résistance à la sécheresse. Contrairement à des idées reçues, les plaquettes même issues de résineux n’acidifient pas le sol et sont même une source d’apport en calcium.

La préservation de l’environnement

Les haies dans nos systèmes de polyculture élevage permettent de préserver la qualité de l’eau leur système racinaire très développé permet, lors d’épisodes pluvieux, de filtrer l’eau et de maintenir sa qualité. Dans le Bassin parisien où aucune haie et prairie n’ont été conservées, les communes sont obligées régulièrement de distribuer de l’eau en bouteille à leurs habitants. Le lessivage est accéléré et l’eau perd sa potabilité. Ces haies ont également un rôle primordial pour la biodiversité et permettent le maintien d’insectes pollinisateurs.

Florine Damians, Acsel Conseil Elevage