Les grilles de paiement de la qualité du lait de chèvre évoluent, comment assurer son revenu ?

Les grilles de paiement du lait de certaines laiteries vont changer en passant le grammage de base de 33/28 (MG/MP) à 38/32. Les éleveurs laitiers doivent dès aujourd’hui rechercher des solutions pour obtenir un lait plus riche afin de maintenir voire d’améliorer leur revenu. Les éleveurs fromagers recherchent également l’amélioration du TP car 1 point de TP en plus c’est 330 à 590 g de fromage en plus pour 100 litres de lait. Pour ce faire, plusieurs leviers existent.

 

 

Travailler sur son troupeau

Utiliser ses résultats contrôle laitier pour orienter la sélection génétique de son troupeau est une voie d’amélioration sur le long terme. Entre 2007 et 2013, le TP moyen des adhérents au Contrôle Laitier est passé de 31,9 à 32,6 g/kg et le TB de 36,4 à 36,9 g/kg.

Savoir également adapter la ration au stade physiologique : entre le 4ème et le 7ème mois de lactation, le TB est bas, une complémentation en matière grasse peut s’avérer intéressante pour minimiser cette baisse. On peut également complémenter davantage les animaux à partir de la 3ème lactation pour qui, statistiquement, le TB diminue.

Enfin, garder la maîtrise sanitaire de son troupeau en évitant les périodes d’acidose, et donc baisse du TB, et les mammites subcliniques qui modifient la composition du lait.

 

Bien alimenter le troupeau

L’alimentation est la principale source de variation des taux : de 1 à 2 points pour le TP et de 5 à 7 points pour le TB. Voici quelques rappels de vigilance :

  • il est primordial de maintenir une bonne rumination pour conserver un bon TB. Il faut donc des fibres en quantité suffisante et pas trop petites.
  • la ration ne doit pas excéder 40 % de concentrés ni être déficitaire en matière grasse, toujours plus de 3 %. La chèvre valorise les apports alimentaires de matière grasse, allant des graines de tournesol aux matières grasses protégées.
  • des foins de qualité permettront une hausse du TP.
  • attention avec l’excès d’amidon, au-delà de 20 %, qui favorise certes le TP mais a tendance à détériorer le TB.

 

Des effets à plus ou moins long terme

A court terme, veillez à ce que la couverture énergétique de la ration soit suffisante. Trop peu d’énergie ne permet pas l’expression du TP et entraine un gaspillage d’azote. Ensuite, un apport de foin de qualité et de matière grasse dans les rations déficitaires peut s’avérer intéressant à condition de vérifier l’intérêt économique. Pour suivre tout cela, des relevés de l’état corporel d’une partie du troupeau se trouve être un indicateur de pilotage intéressant.

Sur le moyen et le long terme, l’éleveur pourra orienter la sélection de son troupeau davantage sur les taux sans pour autant dégrader sa production laitière.

 

Benoit Desanlis, Isère Conseil Elevage.

 

« EARL Chèvrerie de la Cayonnière, à Chassignieu (38)

Des taux plus élevés pour un meilleur rendement fromager

L’EARL Chèvrerie de la cayonnière possède un troupeau de 70 chèvres alpines à 937 kg de moyenne. L’ensemble de la production est transformée. Les chèvres mettent-bas en janvier, les chevrettes en février et 15 chèvres sont maintenues en lactation longue pour écrêter le pic de lactation.

 

Pourquoi vous intéressez vous aux taux ?

Nous nous intéressons aux taux afin d'améliorer la qualité de notre lait et donc notre rendement fromager. En effet notre TP de base étant très bas, nous ne faisions que 1,5 fromages (d’environ 130g démoulé) par litre de lait.

De plus, nous manquons de place dans notre bâtiment limité à  70 chèvres maximum. Pour deux personnes à temps plein, nous nous devons de jouer sur la quantité mais surtout sur la richesse de notre lait afin de ne pas trop augmenter le litrage en fromagerie (éviter trop de manipulation de lait mais surtout capacité de stockage du tank réduite), tout en augmentant le chiffre d’affaire.

 

Comment améliorer la richesse de votre lait ?

Pour améliorer nos taux, nous travaillons depuis 3 ans sur la génétique de notre troupeau, avec l'aide de notre conseiller d’élevage caprin. Nous inséminons 10 de nos meilleures chèvres en les combinant avec soit des boucs à taux pour les meilleures laitières et des boucs laitiers pour les plus fortes en taux. En même temps, nous sélectionnons une mère à bouc améliorateur en TP pour nos futures chevrettes.

L’achat de fourrages de qualité nous a permis cette année d’augmenter le niveau de production des chèvres ainsi que leur TP.

 

En avez-vous ressenti les effets ?

Nous commençons à voir les effets de ce travail depuis cette année. Notre moyenne troupeau est passée d’un TP de 27,5 g/kg en 2009 à 30,7 g/kg aujourd'hui. Cela s'est ressenti sur notre rendement fromager qui est passé de 1,5 à presque 1,7 fromages/litre (+ 13%).

 

Propos recueillis par Benoit Desanlis.

 

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