Les éleveurs de la Valserine se forment au pâturage

Retour d’expérience au gaec du ban du char

01/10/2018

 

 

 

L’objectif principal des exploitants est de produire du lait autonome, en valorisant au maximum les pâtures autour du bâtiment en complétant avec du foin en cas de déficit d’herbe. L’apport de concentré est assez faible : 70g de concentré par kg lait en période de pâture. L’apport de foin est préféré au concentré.  La performance de production par vache n’est pas un objectif en soi pour les associés du gaec.

 Le bâtiment, construit en 2010 pour 55 vaches, borde 50 ha accessibles à la pâture.

 

 

Une mise en place du pâturage progressive

En 2010, la surface disponible autour du bâtiment était moindre et le pâturage ne se faisait que de jour.

L’éleveur était craintif de sortir le troupeau jour et nuit par peur de manquer d’herbe et de dérégler le troupeau. Finalement la mise en route du pâturage jour et nuit, en 2018, s’est très bien passé car les vaches se sont vite habituées. Les vaches adaptent leur consommation d’herbe à leur temps de présence dans la parcelle et le fait de sortir les vaches, jour et nuit, n’a pas forcément doublé leur consommation d’herbe : elle a seulement été plus étalée sur 24h.

La fumure se résume à 20 T de fumier à l'automne sur la moitié accessible des surfaces. Une solution possible pour augmenter le rendement des parcs de nuits qui sont plus exploités serait de mettre un peu d’azote minérale (20 unités) sur un passage.

 

 

 

Gestion des parcelles

La majorité de la surface est en PN et quelques PT en mélange, dont un mélange suisse s

emé sous couvert d’avoine. Le mélange a eu du mal à démarrer car l’avoine l’a étouffé au début (avoine semée un peu épais et pâturée trop tardivement). L’éleveur trouve que le ray gras s’implante mal au contraire du dactyle : il va donc faire maintenant son propre mélange de semence car les mélanges du commerce sont souvent trop à base de ray grass à son gout.

Les surfaces reprises depuis 2010 étaient pauvres car surexploitées par les anciens fermiers. L’écart de production était flagrant entre les paddocks historiques et ceux repris plus tard. Cette différence de production s’est comblée grâce à l’apport de fumure organique et au pâturage dynamique. La pousse d’herbe est plus importante, la prairie peut constituer des réserves et ainsi démarrer plus tôt au printemps et mieux tenir en été.

 

 

Le parcellaire est découpé selon la pente et selon l’accès à l’eau. Les plus gros paddocks servent pour 4 jours avec fil avant et herbe fraiche tous les jours. Il y a moins de surface pour la nuit. Ce sont  les parcs proches du bâtiment. La rotation est plus rapide la nuit que le jour.

La rotation ne suit pas un ordre préétablit. Elle se fait selon la pousse de chaque parcelle, différente à cause de la pente, l’altitude et la météo. L’éleveur passe une demi-journée par semaine au printemps pour faire des mesures d’herbe en faisant le tour de son parcellaire avec un herbomètre.

 

 

 

 

Observation des parcelles le 1 octobre.

Il y a peu d’herbe dans les parcs ce jour. La saison est déjà avancée et il y a une volonté de nettoyer les parcs avant l’hiver pour ne pas laisser de résiduel qui pénalisera le printemps suivant. L’apport de foin est d’environ 10Kg en ce moment, apporté la nuit. Les vaches pâturent dans un pré récemment repris par l’exploitation et conduit principalement en fauche. La pauvreté relative du sol se traduit par des taches d’herbe plus foncées et plus denses, correspondant aux bouses des passages précédents enrichissant ces zones en azote.

Il n’y a pas de fauche de refus ni de surpâturage sur une rotation lorsque la pousse ralentit (juillet cet année). Cet automne, les parcs sont très propres et ne nécessitent en effet pas de nettoyage mécanique. Il est rappelé que le surpâturage n’est pas problématique sur un passage car cela permet de nettoyer la parcelle. Par contre il faut absolument éviter de la faire sur plusieurs passages car ensuite c’est le potentiel de la parcelle qui est amoindri et son redémarrage est plus lent. Les éleveurs ont suivi ce conseil : si la pousse est nulle, il vaut mieux sacrifier une parcelle parking plutôt que de surpaturer partout.

 

 

 

 

A suivre

Une piste évoquée pour combler le déficit estival serait de semer du sorgho fourrager, qui serait pâturé. Avec des dates de semis étalées et un apport suffisant en fertilisation (30U d’azote/passage), cela pourrait être une bonne alternative. Attention toutefois à ne pas négliger la topographie particulière (fond de vallée) qui rend le climat toujours plus frais.

Un mélange à base de chicorée pourrait aussi être intéressant pour les parcs de nuit car ils sont pâturés plus souvent.

 

Vincent Mamet, Lina Raymond et Hervé Balanche

Octobre 2018

Acsel conseil élevage

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