Le pâturage en élevage caprin, une pratique à (re)découvrir

Qualité de l’herbe, maitrise du parasitisme et bien-être des animaux sont les clés d’un pâturage réussi. Le pâturage, souvent délaissé ou remis en cause dans la conduite des troupeaux, présente pourtant certains avantages non négligeables s’il est bien maîtrisé.

 

 

Des difficultés surmontables

Le principal inconvénient du pâturage mis en avant est la variabilité de la production des animaux. Elle est due à une ingestion fluctuante de l’herbe, car la qualité et la quantité de celle-ci évolue au fil du stade végétatif et des saisons. On estime entre 6 et 12 cm, la hauteur d’herbe permettant de maximiser l’ingestion. Un autre frein à la pâture reste la gestion du parasitisme : peu d’immunité des animaux conjuguée à une résistance croissante aux produits de traitement, ainsi qu’à une diminution du nombre de produits utilisables en lactation… La réalisation régulière et à périodes-clés de coprologies permettra de contrôler les infestations et d’en limiter les impacts.

Enfin, les aléas climatiques peuvent également compliquer sa bonne conduite.

 

Un intérêt économique indéniable

Avec des valeurs alimentaires d’1 UFL et dépassant les 100 g de PDI/kg de MS au printemps pour une prairie permanente, l’herbe apparaît comme un aliment riche et complet pour un prix défiant toute concurrence. Ainsi, pour valoriser ce fourrage de qualité il faudra ajuster la quantité et la concentration de la ration distribuée à l’auge. Un aliment mélangé apparaît clairement plus adapté qu’un aliment complet pour un troupeau pâturant. On pourra par exemple à cette période diminuer la part du correcteur azoté dans les apports. Les proportions du mélange devront être adaptées tout au long de l’année aux valeurs de l’herbe qui fluctuent mais également aux besoins nutritionnels des animaux qui évoluent avec le stade de lactation. A noter également qu’avec l’effet de substitution des concentrés, une diminution de l’efficacité du concentré au-delà de 800 g par jour est observée.

Enfin, sous l’effet du soleil, l’épiderme des chèvres synthétise la vitamine D, augmentant ainsi l’absorption d’autres minéraux comme le calcium et le phosphore. Le pâturage des animaux est un argument commercial indéniable en vente directe, les clients ayant une préférence pour cette conduite d’élevage.

 

Frédéric Pacaud - Saône et Loire Conseil Elevage

 

« Marie-Françoise REBUFFAT et Jean-François BOUILLOT à Prizy (71)

Le pâturage : un attachement au terroir pour un produit typique

Situé au cœur du Brionnais, une région réputée pour ses pâturages traditionnels et de qualité, l’élevage y conduit son troupeau d’une cinquantaine de chèvres 8 mois durant.

 

Pourquoi avoir choisi de faire pâturer vos chèvres ?

Tout d’abord, cela nous permet de valoriser une ressource alimentaire locale. En tant que producteurs fermiers, le pâturage est un lien avec le terroir et fait la typicité de notre produit final.

Cette conduite est plus économique car elle limite les frais liés à la réalisation du fourrage et à l’achat de concentrés. Elle est aussi plus économe en temps de travail du fait de la moindre manipulation et distribution du fourrage. Enfin en faisant pâturer les chèvres librement, le terme de bien être animal prend tout son sens.

 

Comment le pâturage est-il géré?

La mise en place du pâturage tournant au printemps permet d’utiliser l’herbe au maximum de son potentiel, tant qualitatif que quantitatif.

Le parcellaire est divisé en trois blocs. Seul le premier est utilisé en pâture en début de saison. Il est divisé en 7 parcelles sur lesquelles les chèvres restent 3 ou 4 jours. Le nombre de parcelles pâturées est adapté à la pousse de l’herbe. Une parcelle peut être fermée et fauchée  afin de toujours pâturer au stade végétatif optimal. A partir de l’été, les deux autres blocs, d’abord réservés pour le foin, sont ouverts successivement aux animaux afin de leur faire bénéficier au maximum des repousses de bonne qualité.

 

Qu’en est-il du parasitisme ?

Les chèvres attendent 60 jours avant de retourner sur un bloc précédemment pâturé. Cela laisse le temps à l’herbe de repousser et limite la pression parasitaire des strongles. Afin de surveiller l’infestation des animaux, des coprologies sont réalisées tous les mois. L’année dernière, le premier traitement n’a eu lieu qu’en fin d’été. Le pâturage tournant a été concluant sur la campagne 2014, nous sommes partants pour renouveler l’expérience cette année.

 

Propos recueillis par Frédéric Pacaud - Saône et Loire Conseil Elevage.

 

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