Le guide technique 2021 sur le pâturage des chèvres

L’Idele, avec FCEL et d’autres partenaires, ont publié un guide à destination des éleveurs et techniciens pour piloter la gestion du pâturage des chèvres. Revenons sur quelques points clés.

 

 

 

Concevoir son système de pâturage

On ne parle pas de pâturage mais « des pâturages » car chaque système a ses spécificités. Le mode de valorisation de l’herbe va dépendre de la structure et la nature du parcellaire, de la saisonnalité de la production, de la complémentation en bâtiment, ainsi que de l’organisation du travail tout au long de l’année.

Pour un parcellaire adapté, visez néanmoins 5 ares par chèvre au printemps sur prairies à bon potentiel avec 100% d’herbe pâturée dans la ration fourragère, et intégrez la surface accessible pour le troupeau qui devra tenir compte des rotations. Par exemple, si le rythme de renouvellement des prairies est de 3 ans avec une 4ème année en céréale, le supplément de surface à dimensionner sera de 33%. Si vos prairies sont de rendement moyen (permanentes ou temporaires sur terrain séchant), doublez la surface ou prévoyez 50 à 75% d’herbe dans la ration fourragère. Afin de poursuivre le pâturage l’été et l’automne, sélectionnez des espèces à implanter et ajustez vos surfaces et rotations qui s’accommodent le plus à votre contexte pédoclimatique. Souvent, plusieurs années de tests avec des espèces, des associations, itinéraires et techniques différentes sont nécessaires pour arriver à un système qui répondra à vos besoins.

Choisir son mode de pâturage va aussi avoir un impact sur le comportement des animaux et la valorisation du parcellaire.

  • Le pâturage au fil permet de limiter le surpâturage et d’éviter le retour, mais nécessite de déplacer les fils un à deux fois par jour.
  •  Le pâturage tournant avec des paddocks délimités pour quelques jours d’herbe est moins contraignant au quotidien mais l’entretien peut s’avérer plus pénible.
  • Le pâturage continu (une seule grande parcelle pour plusieurs jours, voir toute une saison) est plus simple mais n’optimise ni la ressource ni son ingestion.

Fig1. Crédit « Le pâturage en élevage caprin » Institut de l’élevage, Collection Synthèse

 

La gestion de pâturage au quotidien

Le pilotage au quotidien repose sur quatre grands axes : ajuster les surfaces et le temps de présence quotidien, adapter les fourrages et les concentrés distribués. Pour valoriser au printemps une ressource riche et à moindre coût, privilégiez une sortie précoce dans la saison, une fois la transition achevée, prévoyez 9h de présence par jour au minimum, offrez 1,5 fois les besoins en herbe au troupeau par jour, limitez les concentrés à 800g/jour à 16-18% de MAT, et rentrez sur des parcelles avec une hauteur d’herbe comprise entre 6 et 12cm pour les graminées (avant le début de l’épiaison), c’est-à-dire entre le talon et en dessous de la mi-botte.

Pour connaitre la quantité d’herbe offerte, le calcul est le suivant :

(Hauteur d’herbe de la parcelle – 5 cm) X Surface de la parcelle X Densité de l’Herbe.

La densité de l’herbe varie entre 150 et 250kg MS/cm de hauteur/ha, et est le reflet de l’état de la prairie et des espèces la composant.

Fig2. Crédit « Le pâturage en élevage caprin » Institut de l’élevage, Collection Synthèse

Une saison de pâturage intégrant la maîtrise du parasitisme gastro-intestinal

N’est abordé dans ce guide que le parasitisme par les strongles gastro-intestinaux, très présents dans les élevages caprins pâturants et au pouvoir pathogène plus élevé. Pour réduire le risque lié au parasitisme, la surveillance s’établit sur les parcelles et sur l’animal. La gestion par blocs permet de contenir le niveau d’infestation, et préserve également la ressource en herbe. Pour être efficace, le temps de retour entre deux parcelles varie entre 20 à 45 jours, et la période d’utilisation maximale d’un seul bloc est de 3 mois. Le bloc est ensuite théoriquement laissé au repos 9 mois de l’année (la fauche ou pâturage par des bovins est possible). Lors de changements de blocs, on fait en sorte de rentrer avec des animaux peu infestés ; si besoin, un traitement anthelminthique est administré à une partie ou l’ensemble du troupeau. La coproscopie permet d’objectiver la présence de parasites et d’évaluer le niveau d’infestation. Il est important de réaliser régulièrement des coproscopies pour suivre l’évolution des parasites au sein du troupeau.

Tableau copro :

 

Alessio Moro, ADICE

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