Le coût de production, un outil qui permet d’assurer la pérennisation de vos exploitations
Pour gérer une exploitation laitière et s’adapter à la fluctuation des prix de marché et les aléas de l’environnement, la maîtrise du coût de production est primordiale.
Depuis plusieurs années, une centaine d’élevages laitiers adhérents à ACSEL Conseil Elevage calculent le coût de production de leur atelier. Les groupes de comparaison ne sont pas composés des mêmes élevages chaque année.
Par rapport à l’année précédente, le coût de production moyen a peu évolué. La productivité du travail a augmenté et les charges d’alimentation sont dans l’ensemble maitrisées. Dans tous les systèmes hors zones AOP, les produits ont augmenté en lien avec la hausse du prix du lait par rapport à la campagne précédente.
Les signes de qualité tirent le produit lait à la hausse
Le produit global des élevages ACSEL est de 581€/1 000 L. Le prix du lait représente 71% du produit. Il s’est établi à 353€ en plaine, soit + 27 € par rapport à 2016-2017. Ce sont surtout les élevages de montagne ou avec un signe de qualité qui tirent le prix à la hausse.
Le produit viande est en légère diminution. Il n’y a pas eu l’effet de capitalisation dans le cheptel femelle qui avait été constaté sur les années précédentes (avec les sollicitations de vente de génisses pour l’export). L’utilisation de la semence sexée est plus maitrisée avec une part de mise en place de croisement viande pour compenser le surcoût.
L’évolution du montant des aides ne s’explique que par les variations des élevages composant les groupes.
Objectif : maitrise des charges
Le coût de production au niveau d’ACSEL a augmenté de 10€/1 000 L. Il est passé de 561€/1 000 L à 571€/1 000 L. Il y a une augmentation moindre que l’année passée.
La moyenne cache des disparités entre les différents systèmes : de 670€ pour les systèmes de montagne en foin AOP à 491€ pour les systèmes de plaine (hors robot). Ce sont les élevages de plaine qui ont le mieux maitrisé la gestion de leurs charges. Leur coût de production diminue de 1,5% alors qu’il augmente de 1,8% pour la moyenne des élevages d’ACSEL.
Les 2 postes qui ont le plus augmenté sont le travail et le bâtiment, avec une augmentation de + 15,7% pour le premier et + 4,9% pour le deuxième. Le groupe robot est celui qui évolue de façon la plus importante avec +5,8% d’écart entre les 2 années. Cela peut s’expliquer par le fait que les marges de progrès sont importantes dans ces élevages. La programmation des tables d’alimentation n’est pas toujours optimisée pour maitriser les coûts. De plus, seulement 7 élevages robotisés réalisent un calcul de cout de production cette année, contre 14 à la campagne précédente.
Les disparités sont toujours plus importantes intra-systèmes. Dans tous les groupes, l’écart entre les coûts de production maitrisés et les plus élevés est de plus de 200€ environ.
Ce graphique situe les couts de production de tous les élevages des groupes. En plaine (groupe 1) et en montagne ensilage (groupe 4) l’amplitude entre les couts est de 200€. Pour la zone AOP comté (groupe 3), l’amplitude est de 300€ entre les élevages. Les élevages robot (groupe 2), moins nombreux, ont une amplitude de 100€ entre le plus faible et le plus élevé.
Des marges de progrès sont donc possibles pour tous.
La productivité du travail
La productivité du travail représente le lait vendu par Unité de Main d’Œuvre (UMO) affectée à l’atelier Bovin Lait. Sur l’ensemble de la zone ACSEL, le lait vendu par UMO affectée à l’atelier bovin lait se situe autour de 300 000 litres. Elle est plus élevée dans les secteurs de plaine et en traite robotisée. Elle est plus faible dans les élevages en systèmes foin.
Cette productivité va impacter le calcul du cout du travail en équivalence de nombre de smic. Lorsque la productivité est élevée, le cout du travail ramené au 1000 litres est plus faible, il faut moins de main d’œuvre pour faire plus de lait.
La méthode de calcul du coût de production intègre une rémunération forfaitaire des exploitants. Elle est basée sur 1,5 SMIC par associé affecté à l’atelier lait. Plus la productivité du travail est élevée et moins la charge de rémunération sera importante.
Exemple de calcul :
Les produits ne couvrent pas les charges…
En superposant les produits et charges, on constate que les produits ne couvrent pas la totalité des charges dans la plupart des systèmes hormis les élevages en système foin AOP. Sur la moyenne de la zone ACSEL, le prix du lait en 2017-2018 a couvert les charges d’alimentation, les frais d’élevage, la mécanisation, les charges liées aux bâtiments et une partie des frais des gestions.
… et la rémunération est hétérogène
Le prix d’équilibre nous permet de connaître le prix auquel il faudrait vendre le lait pour couvrir les charges courantes, les remboursements d’emprunts et des prélèvements équivalents à 1,5 SMIC/UMO. C’est une approche qui est proche de la gestion de la trésorerie, les amortissements ne sont pas pris en compte.
Le prélèvement permis permet d’exprimer la capacité de prélèvements privés et d’autofinancement des exploitants lorsque toutes les charges sont financées. Il est exprimé en nombre de SMIC/UMO
Dans les systèmes où le prix du lait payé en 2017-2018 est supérieur au prix de fonctionnement, le prélèvement permis est > 1.5 SMIC/UMO exploitant. C’est le cas pour le système montagne foin AOP. Pour les autres systèmes, la rémunération permise est inférieure à 1,5 SMIC.
Dans tous les systèmes hors AOP, cette rémunération potentielle tend à augmenter pour atteindre la rémunération permise il y a 3 ans. Les élevages en robot ont toujours une trésorerie tendue. Mais pour le groupe de cette année, la rémunération du travail est supérieure aux années précédentes.
Des pistes de progrès sont possibles dans tous les systèmes. La bonne adaptation des techniques de production aux contraintes de vos élevages est le meilleur levier. Les conseillers d’Acsel sont compétents et à votre service pour vous aider à trouver vos marges de progrès
Anne Blondel et Alice Remy, ACSEL Conseil Elevage
Avril 2019