Nouveau terme à la mode, aujourd’hui on peut trouver des coachs sur différents thèmes (sportif, de vie, en nutrition, en entreprise, …).
Une formation de 12 jours en présentiels (hors travail en dehors des modules de formation) permet aux conseillers d’élevage de se former au coaching au sein du réseau FCEL. Cette approche permet de proposer aux éleveurs un accompagnement différent, non plus centré sur la technique ou l’économique mais davantage centré sur l’humain. L’objectif est d’avoir une approche plus globale de l’exploitation, de comprendre les objectifs et les choix des éleveurs sans porter de jugement, comprendre ce vers quoi il veut aller.
Coach d’éleveur, en quoi ça consiste ?
Un accompagnement en coaching relève toujours d’une démarche volontaire et motivée de l’éleveur. En effet, son engagement est indispensable et va faciliter l’atteinte de son objectif de façon durable.
L’éleveur peut faire part d’un problème ou d’un questionnement sur des thèmes divers et variés tels que : arrivé d’un futur associé, projet de bâtiment, création d’un nouvel atelier, réduire sa pénibilité au travail, améliorer son revenu, avoir plus de temps disponible, … Je peux alors accompagner l’éleveur avec lui-même, avec un groupe, son environnement social, familial et/ou son exploitation agricole. Le but est d’écouter, d’entendre, d’accompagner puis d’agir.
L’outil privilégié du coaching est le questionnement. C’est un élément essentiel qui permet d’être à l’écoute de l’éleveur, de l’entendre et de le comprendre. L’autre élément essentiel à savoir est que le coach ne donne pas de conseil à son client, ne lui propose pas de solution et ne l’influence pas. Un coach ne sait pas, ce n’est pas un conseiller. Il faut donc faire attention lors de ces accompagnements de ne pas se laisser influencer par sa nature de conseiller. Seuls les éleveurs peuvent atteindre leurs buts, leurs objectifs. Le coach est là pour les aider dans leur réussite professionnelle et/ou personnelle. Certains éleveurs font la remarque qu’ils auraient souhaité recevoir des conseils, ce qui aurait été plus facile et moins exigeant mentalement. Le problème des conseils c’est qu’ils n'engagent pas personnellement les éleveurs, ne sont pas ajustés et qu’ils ne sont pas toujours suivis.
Cet accompagnement se déroule en plusieurs temps : la demande de l’éleveur, des échanges individuels ou collectifs si nécessaire (cas où plusieurs personnes sont concernées) pour comprendre la demande, la situation actuelle avec ce qui le satisfait ou non et la situation future souhaitée (l’idéale, ce vers quoi on veut aller). Un contrat est établi au départ avec l’éleveur pour s’assurer que les échanges restent confidentiels mais aussi pour ne pas se fixer de limite, de barrière lors des échanges et dans l’établissement de la situation idéale. Au cours de ces discussions qui permettent à l’éleveur d’avancer sur sa réflexion, un plan d’action détaillé avec un échéancier va être établi et validé par celui-ci pour lui permettre d’atteindre ses objectifs. Ce plan d’action permet à l’éleveur de se mettre en action, d’avoir une projection sur les marches à gravir pour atteindre la situation souhaitée. Cette situation idéale peut être atteinte, selon la demande, à court terme ou sur plusieurs années. Un point de situation est réalisé de manière régulière afin de discuter de l’avancée du plan d’action, de discuter du bénéfice ou des difficultés rencontrés lors de la mise en place de ces actions ou de la non-réalisation.
En règle générale, cet accompagnement nécessite 3 rencontres pour échanger, l’établissement d’un plan d’actions et des petits points réguliers pour échanger sur l’avancée du plan d’action.
Cette approche permet de mieux comprendre le choix des éleveurs, de découvrir leur motivation même dans le cas d’éleveurs que l’on suit depuis plusieurs années. En effet, la réalité pour l’un n’est pas forcément la réalité pour l’autre.
Être coach, c’est vous aider à atteindre vos rêves, vous aidez à être heureux dans votre vie.
Benoit DESANLIS, Adice
Témoignage : EARL Chèvrerie de la cayonnière, à Chassignieu (38)
Comment avez-vous connu cette prestation ?
Notre conseiller nous a proposé cette prestation au vu de la situation dans laquelle on était : projet de bâtiment et souhait d’améliorer nos conditions de travail.
Pourquoi avez-vous choisi d’y participer ?
Pour essayer de résoudre les problèmes d’organisation, gagner en qualité de travail, se positionner sur ce que l’on veut faire, se remettre en question : pourquoi on fait ça ? Pourquoi de cette manière ? Pourquoi on applique ce tarif ? sur ce produit ? à la ferme ? au magasin ?
Savoir dans quel sens on voulait faire évoluer notre ferme : réduire et rester petit ou bien s’agrandir ?
Cet accompagnement permet d’avoir un œil extérieur, neutre, sans critique.
Il nous a bien titillé : pourquoi ? pourquoi ? réfléchir à ce qu’on fait ? pourquoi on fait comme ça, car on a toujours fait comme ça. Des fois, on ne se posait pas la question des choses faciles qui pouvaient être mises en place, même si c’était « merdique », on s’en foutait.
Le fait d’être séparé lors des échanges permet d’avoir les points de vue de chacun sans être influencé, sans se dire qu’est-ce que l’autre va dire ? Ça nous a permis d’avoir notre vision individuelle, chacun notre version de notre avenir.
Le fait de se confronter à ce que chacun a dit est pas mal, ça nous a beaucoup aidé car on n’arrivait pas à discuter, chacun avait son idée, son optique.
Qu’est-ce que cet accompagnement vous a apporté ?
Il a permis de mettre de l’ordre dans nos têtes, de se donner des objectifs. La mise en place d’objectifs avec une chronologie pour l’améliorer la qualité et l’organisation du travail, optimiser ce travail, mettre des choses en place pour améliorer ce qu’on a (recalcul des prix des fromages, pourquoi on fonctionnait comme ça, …).
Nous regardons le planning de temps en temps, si l’objectif n’est pas réalisé, nous nous sommes au minimum renseigné et avons choisi de le reporter ultérieurement. Parmi les objectifs établis, nous avons mis en place l’augmentation de salaire aux dates fixées, augmenté le prix de certains de nos produits et ajustés selon le mode de vente, nous avons arrêtés de curer le fumier des boucs à la main, nous ne portons plus le lactosérum qui est distribué aux chèvres, nous avons arrêté le marché de Novalaise pour privilégier le magasin de producteurs qui manquait de fromages notamment les pâtes pressées et les spéciaux. Avant, nous nous obligions à faire beaucoup de vente, ce qui nous prenait beaucoup de temps. Aujourd’hui, avec l’arrêt de ce marché, gain de temps, moins de fatigue, moins de stress grâce au développement de la vente magasin de producteurs.
Lorsque qu’à la date fixée, un objectif n’est toujours pas mis en place, Benoit va nous « engueuler ». Le fait d’avoir des dates nous pousse au cul. C’est compliqué de se donner des objectifs quand on est tout seul sur la ferme. Nous gardons des prestations de conseil telles que le suivi de croissance des chevrettes, le suivi d’état corporel, … au bout de 13 ans d’installation, pour organiser notre travail, avoir un œil critique et extérieur, nous obliger de prendre le temps, sinon on a toujours quelque chose d’autre à faire. Ça permet de garder un regard critique et de se pousser.
On voit les petites évolutions au quotidien : achat d’un chargeur articulé qui permet de ne plus curer le fumier des boucs à la main, de rentrer du foin, augmentation de la rémunération, diminution de la pénibilité, …
Le deuxième point était les problèmes de tension, avec des objectifs différents, pas la même manière de les exprimer mais une même vision lorsque que nous nous sommes projetés : qu’est-ce que tu veux faire de tes 10 prochaines années ? Où te vois-tu dans 10 ans ?
Ça a permis de rediscuter entre nous car avant nous étions tous les deux pris dans la routine.
Se poser pour se poser les vrai bonnes questions, casser routines. On perdait la banane au boulot, plus d’objectif, l’impression d’être arrivé au bout du projet, plus d’évolution possible, on tournait en rond car on avait plein de projets mais on se mettait plein de barrière.
Que vous reste-t-il de cet accompagnement aujourd’hui ?
Nous n’avons pas atteint l’ensemble des objectifs que nous nous étions fixés mais nous gardons ses objectifs en tête avec l’idée de les atteindre. Nous nous interrogeons sur le projet de construction de la nouvelle chèvrerie au vu des coûts qui augmentent régulièrement. Si jamais ce projet ne voit pas le jour, nous passerons au plan B, nous nous demanderons qu’est-ce qu’on fait évoluer en premier pour les années à suivre : la salle de traite, le tunnel, le magasin de vente, …
Nous continuons à nous poser certaines questions qu’avant on ne se posait pas. Cependant, il faut quelqu’un pour faire le point de temps en temps, nous relancer pour éviter de retourner dans la routine. Le fait de relire de temps en temps le planning de suivi permet de se rappeler, de marquer les choses, les pointer.