La pérennisation de mon exploitation passe par mon coût de production

Avec les prix du lait actuel, la recherche de la maîtrise du coût de production est primordiale.

Sur la campagne 2016-2017, 117 élevages laitiers adhérents à ACSEL Conseil Elevage ont réalisé un coût de production.

L’année climatique se caractérise par un faible ensoleillement et donc une récolte de fourrages 2016 très faibles en valeur alimentaire.  

Par rapport à l’année précédente, le coût de production moyen n’a pas trop évolué. La productivité du travail a augmenté et les charges d’alimentation sont dans l’ensemble maitrisées. Dans tous les système

 

s hors zones AOP, les produits ont diminué en lien avec la baisse du prix du lait par rapport à la campagne précédente.

Le produit global des élevages ACSEL est de 550€/1000l. Le prix du lait correspond à 78% du produit. Il s’est établi à 326€ en plaine, soit -28 € par rapport à 2015-2016 et -50€ cumulé sur 2 ans. En montagne, sur des systèmes foin en AOP, le prix du lait a continué d’augmenter d’une vingtaine d’euros pour 1000l, il dépasse les 510€ en moyenne.

 

Le produit viande est plus stable et en légère augmentation. Il n’y a pas eu l’effet de capitalisation dans le cheptel femelle qui avait été constaté sur les années précédentes (avec les sollicitations de vente de génisses pour l’export).  L’utilisation de la semence sexée est plus maitrisée avec une part de mise en place de croisement viande pour compenser le surcoût.

 

L’évolution du montant des aides ne s’explique que par les variations des élevages composant les groupes.

 

Le coût de production au niveau ACSEL a augmenté de 23€/1000l. Il est passé d’environ 538€/1000l à 561€/1000l. Il y a la même augmentation que l’année précédente.

 

 

La moyenne cache des disparités entre les différents systèmes : de 677€ pour les systèmes de montagne en foin AOP à 496€ pour les systèmes de plaine, hors robots de traite.  Le nombre d’élevages dans groupe de montagne hors AOP est très différent de l’an passé (13 élevages au lieu de 6), de ce fait, la comparaison entre les couts de production annuels n’est pas significative. Ce sont les élevages de plaine qui ont le mieux maitrisé la gestion de leurs charges. Leur coût de production augmente de 2,2% alors qu’il augmente de 6% pour la moyenne des élevages d’Acsel.

 

 

Les 2 postes qui ont le plus augmenté sont l’alimentation et la mécanisation : +6,7% pour chacun d’eux. Les groupes montagne AOP et robot sont ceux qui évoluent de la façon la plus importante, +14% d’écart entre les 2 années.  Pour les élevages en système foin, cela s’explique par une médiocre qualité des fourrages que les éleveurs ont tenté de compenser par des distributions de concentrés supplémentaires. Cela n’a pas eu l’effet attendu mais a renchérit le coût alimentaire. Pour les élevages en robot de traite les marges de progrès sont importantes dans ce domaine. La programmation des tables d’alimentation ne sont pas toujours optimisées pour maitriser les couts.

 

Les disparités sont toujours plus importantes intra-systèmes. Dans tous les groupes, l’écart entre les couts de production maitrisés et les plus élevés est de 200€ environ. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La productivité du travail

La productivité du travail est le lait vendu par Unité de Main d’œuvre (UMO) affectée à l’atelier Bovin Lait. Sur l’ensemble de la zone ACSEL, le lait vendu par UMO affectée à l’atelier bovin lait est passé de 299 000 litres en 2014-2015 à 317 000 litres en 2016-2017. La productivité du travail est restée stable en système robot mais elle a fortement augmenté dans les élevages de plaine, avec + 80 000l en 3 ans. La productivité des élevages de montagne reste en dessous de la moyenne et varie de 200 à 268 000l selon les systèmes fourragers.

La méthode de calcul du coût de production intègre une rémunération forfaitaire des exploitants. Elle est basée sur 1,5 smic par associé affecté à l’atelier lait. Plus la productivité du travail est élevée et moins la charge de rémunération sera importante.

 

Les produits ne couvrent pas les charges…

 

En superposant les produits et charges, on constate que les produits ne couvrent pas la totalité des charges dans la plupart des systèmes hormis les élevages en système foin AOP. Sur la moyenne de la zone ACSEL, le prix du lait en 2016-2017 a couvert les charges d’alimentation, les frais d’élevage, la mécanisation, les charges liées au bâtiments et une partie des frais de gestion. En 2014-2015, le prix du lait couvrait en plus une partie des charges liées au capital : fermage, rémunération des terres en propriété, frais financiers et rémunération du capital propre.

 

… et la rémunération est hétérogène

Le prix d’équilibre nous permet de connaitre le prix auquel il faudrait vendre le lait pour couvrir les charges courantes, les remboursements d’emprunts et des prélèvements équivalents à 1,5 SMIC/UMO. C’est une approche qui est proche de la gestion de la trésorerie, les amortissements ne sont pas pris en compte.

Le prélèvement permis permet d’exprimer la capacité de prélèvements privés et d’autofinancement des exploitants lorsque toutes les charges sont financées. Il est exprimé en nombre de SMIC/UMO.

 

 

Dans les systèmes où le prix du lait payé en 2016-2017 est supérieur au prix de fonctionnement, le prélèvement permis est > 1,5 SMIC/UMO exploitant. C’est le cas pour le système montagne foin AOP. Pour les autres systèmes, la rémunération permise est inférieure à 1,5 SMIC.

Dans tous les systèmes hors AOP, cette rémunération potentielle est en diminution de 50% en 3 ans. Les élevages en robot n’arrivent pas à dégager une trésorerie permettant la rémunération de leur travail.

 

 

Anne Blondel, Acsel Conseil Elevage, mars 2018.