Irriguer oui, mais quelles espèces et à quel prix ?

Si toutes les plantes pour pousser ont besoin d’eau, elles n’ont pas la même efficacité et supportent différemment les températures élevées.

 

 

Privilégier les plantes en C4

Les besoins en eau varient d’une espèce fourragère à l’autre. Les plantes les mieux adaptées sont les plantes en C4 originaires de région subtropicale. Pour exemple avec 1mm d’eau par ha on va pouvoir produire 40 kg de MS de maïs par ha alors qu’avec la même quantité d’eau on aura seulement 20kg de MS de luzerne ou 25kg de MS de blé ou de Ray Grass (Barrière 2001). Le choix des espèces est donc primordial et se limite essentiellement dans notre région au maïs, sorgho, moha ou millet. Ces plantes en C4 ont un système sophistiqué pour valoriser le CO2 et limiter la transpiration. L’irrigation de prairie peut tout de même s’envisager si l’on a semé des espèces ne craignant pas trop la chaleur type fétuque, dactyle, luzerne…

 

Garder une bonne structure de sol

Même pour les plantes adaptées à la chaleur, il faut les semer dans un sol qui puisse conserver suffisamment de fraicheur entre les passages d’irrigation. Un sol profond riche en matière organique et fertile sera préférable. Il est important d’intégrer la culture irriguée dans une rotation afin de conserver une bonne structure de sol. Il faut porter une attention toute particulière au taux de matière organique car l’irrigation accélère l’humification et la minéralisation. Il est fortement conseiller de réserver les épandages de fumier sur ces parcelles et d’incorporer le plus souvent possible des engrais verts dans la rotation.

 

Du collectif pour réduire les coûts

Suivant les zones les éleveurs peuvent avoir le choix entre un réseau collectif (irrigation à partir de barrages, nappes souterraines ou de retenues collectives) ou individuel à partir de retenue ou de forage. En général en réseau collectif le coût à l’hectare est de 350 à 450€ pour 2.000m3 d’eau disponible environ alors qu’en individuel on est plutôt sur des dépenses de 600 à 800€ par ha pour la même quantité d’eau.

 

Calculer le retour sur investissement

Avant d’investir dans une installation d’irrigation, il faut prendre le temps de calculer le retour sur investissement. Les charges supplémentaires doivent être compensées par une augmentation des rendements fourragers ou par une diminution des achats et doivent permettre de sécuriser le système. Pour un maïs ensilage, il faudra viser 40% de rendement supplémentaire en moyenne.

 

Une opportunité pour réussir ses semis ou booster les premières coupes ?

Si la ressource en eau n’est pas limitante, la mise en place d’irrigation devrait avec le réchauffement climatique être de plus en plus intéressante. Depuis quelques années, les exploitations disposant de l’irrigation ont pu en plus des cultures habituelles, irriguer les semis de prairie à l’automne pour assurer une bonne germination et ont pu également grâce à un ou deux passages d’eau au printemps assurer de bonnes coupes d’herbe.

 

Charlotte DUMAS, Loire Conseil Elevage

 

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