Intensifier sa production fourragère pour gagner en autonomie

Optimiser le pâturage, choisir des cultures qui sont déjà implantées au moment de la période de pousse et semer des mélanges pâturables. L’autonomie fourragère doit être raisonnée sur plusieurs années. Les variations de pluviométrie en lien avec l’accroissement des températures, tant dans leurs quantités que dans leur répartition, amènent à repenser l’équilibre pâture-stocks.

Optimiser le pâturage

L’herbe pâturée reste le fourrage disponible sur les exploitations au meilleur rapport qualité-prix, il faut la valoriser. Définir les surfaces de pâturage pour le troupeau est la première étape du calage du système fourrager. Il faut privilégier un effectif d’animaux qui permette d’obtenir la plus longue période d’autonomie alimentaire à la pâture. En complément du pâturage, l’affourragement en vert des surfaces plus éloignées permet aussi une bonne valorisation de l’herbe, sans perte de valeur nutritive et sans besoins d’espace de stockage. La tentation à substituer le pâturage par des fourrages stockés est grande. Pourtant, cette pratique est plus onéreuse et demande plus de complémentation énergétique et protéique.

Sécuriser le système fourrager

Fourrages annuels et prairies pérennes se complètent pour assurer des stocks. Il faut penser un assolement où toutes les terres sont recouvertes de cultures en permanence, et surtout prévoir des cultures déjà bien implantées au moment de la période de la pousse. Pour les prairies temporaires, il est conseillé de semer des mélanges pâturables, en préférant donc les mélanges multi-espèces associant graminées et légumineuses aux légumineuses pures. Leur productivité est supérieure et les repousses estivales, trop faibles pour être fauchées, pourront alors être valorisées par le pâturage. Enfin, les associations de céréales et légumineuses apportent une réelle sécurisation du système fourrager. Ces méteils sont très souples d’utilisation en fonction des besoins fourragers. Ils peuvent être récoltés très tôt en ensilage ou plus tard en grains.Suivant leur composition, ils permettent de produire de la matière sèche ou de la protéine.

Josiane Chaussaroux et Jean Zapata, Puy de Dôme Conseil Elevage

 

« M. et Mme CHABRILLAT, Ardes sur Couze (63)

Face aux sécheresses récurrentes, la recherche de solutions était nécessaire

« En 2015, moins de 500 mm de pluviométrie et 10 mois classés en situation sèche à très sèche. Nous avons repensé l’exploitation
en adaptant les aspects zootechniques et la conduite des surfaces. »

M. et Mme Chabrillat sont producteurs de lait en Agriculture Biologique depuis 2009, sur les contreforts du massif du Cézallier, dans le parc naturel régional des volcans d’Auvergne.

Respecter la cohérence entre les surfaces et le cheptel

« Les conditions d’exploitations fourragères sont particulièrement contraignantes. Sur 71 ha, 24 sont labourables et 35 sont fauchables. Nous nous sommes adaptés à cette situation. Les vaches Jersiaises ont remplacé les Holstein d’origine. Ces « p’tites » vaches vont chercher l’herbe. Elles peuvent pâturer loin et longtemps. La conduite en vêlage à 24 mois a aussi permis de réduire le chargement global à 0,7 UGB/ ha SFP sans affecter le taux de renouvellement. »

Favoriser le pasturage dans l’espace et dans le temps.

« Chez nous, les clôtures sont permanentes : on peut faire pâturer partout et tout le temps. Plus de la moitié de la surface de l’exploitation est accessible aux laitières et nous avons multiplié les points d’eau sur les parcelles. L’exploitation des 18 ha de prairies temporaires riches en légumineuses a un double intérêt. La première coupe est destinée aux stocks. Ensuite, ces prairies reverdissent plus vite et augmentent la possibilité de pâturage en été et en automne. Ainsi, l’offre de pâture limite les besoins en stocks  fourragers à 2,2 tonnes de matière sèche par UGB et par an. La surface en céréales de 8 ha résulte du choix de l’assolement qui privilégie une durée des prairies temporaires de 3 ans et des potentialités du parcellaire. Je préfère acheter de l’aliment concentré, 7 tonnes par an pour 36 vaches laitières, plutôt que du fourrage. »

Jean Zapata, Puy de Dôme Conseil Elevage


 

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