Influence du matériel et de son utilisation sur la valeur alimentaire des fourrages

La qualité d’un fourrage dépend de nombreux facteurs dont sa composition botanique, le stade de développement des plantes et les conditions de récolte et de stockage. L’objectif à la récolte est de ne pas dégrader la qualité sanitaire et alimentaire du fourrage obtenu.

 

La fauche

Il existe 3 grands types de faucheuses :

  • La faucheuse rotative classique sans conditionneuse qui limite les pertes mécaniques mais entraîne une durée de séchage plus importante,
  • La faucheuse conditionneuse à doigts ou à fléaux. Les pertes mécaniques peuvent être importantes selon le réglage et l’utilisation du matériel. Les conditionneurs à fléaux, plus agressifs que ceux à doigts, sont déconseillés sur les légumineuses.
  • La faucheuse conditionneuse à rouleaux, utilisable avec des légumineuses, n’est pas toujours efficace sur la 1ère coupe de graminées.

 

La conditionneuse permet de diminuer le temps de séchage de l’ordre de 25-30% en blessant la peau de la plante « cuticule » pour favoriser l’évaporation, sans casser ni émietter les fourrages. Le risque de lessivage lors d’aléas climatiques est plus important.

 

 

 

Conditions de fauche

Pour optimiser la fauche, il ne faut pas oublier d’observer les points suivants :

  • Des couteaux bien affutés pour couper le fourrage de façon nette et faciliter sa repousse;
  • Une vitesse de rotation suffisante pour assurer une fauche régulière (2500 à 300 tours/minute)
  • Bien régler le conditionneur pour limiter les pertes de jus et l’effeuillage trop prononcé
  • Régler les volets et le déflecteur pour former un andain correct
  • Faucher au moment de la journée le plus adapté (après-midi voir fin d’après-midi)
  • Veiller à une hauteur de coupe adaptée (6-8 cm du sol)

 

 

Le fanage

Le fanage n’est pas nécessaire le 1er jour si le jour est bien étalé. La faneuse à toupies diminue la durée de séchage mais peut entraîner des pertes mécaniques très importantes.

 

Des essais réalisés à la Section Systèmes agricoles (Stilmant et al., 2005) montrent que la vitesse de rotation de la faneuse à 540 t/min a entraîné un accroissement des pertes en protéines de plus de 11 % en deuxième coupe par rapport à un fanage à 270 t/min. Les feuilles de luzerne commencent à se réhumecter à partir de 75-80% d’humidité relative.

 

 

Raisonner le fanage selon l’humidité du fourrage.

Les pertes de protéine brute sont 35% plus élevées que les pertes de matière sèche lors du râtelage de la luzerne à 30% d’humidité (10% vs 7,5%) et 60% plus élevées à 25% d’humidité (12,7% vs 8,5%) (Buckmaster, 1993) (figure 6).

Ne pas faner à une teneur en humidité inférieure à 40%.

 

 

 

 

 

 

 

 

Attention aux pertes de feuilles pour la luzerne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le séchage

Le séchage doit être rapide pour diminuer la durée d’exposition et donc limiter les pertes de rendements et de valeur alimentaire :

  • Perte de rendement : 3% par jour pour les graminées ; 5% par jour pour la luzerne
  • Perte de qualité : -0,7% PB / jour d’exposition ; +1% ADF / jour d’exposition

 

L’andainage

Importance du taux de matière sèche

Ne pas râteler à une teneur en humidité inférieure à 30%.

Pour la luzerne, l’andainage dès 65% de MS…. c’est l’idéal.

Un râtelage à 20% d’humidité entraîne deux fois plus de pertes de matière sèche qu’un râtelage à 33% d’humidité (12% vs 7%).

 

 

Attention à l’utilisatio:

  • Optimiser la vitesse d’avancement par rapport au régime de la prise de force
  • Regrouper au maximum les andains pour un pressage rapide
  • Des andains bien formés…. des balles rondes bien formées

 

 

 

 

 

 

Le pressage

Importance du type de presse

Attention au taux d’humidité lors du pressage

Un pressage à 20% d’humidité fait aussi augmenter les pertes de matière sèche par rapport à un pressage à 25% d’humidité (4% vs 3%) (Pitt, 1990).

 

 

 

 

Réussir sa récolte de fourrages

Comme nous avons pu le constater, les pertes en matière sèche et en valeurs alimentaires peuvent être très importantes tout au long du chantier de récolte.

 

A retenir

  • Maîtriser son rythme de coupe (stade de récolte adapté)
  • Conserver un maximum de feuilles (pilier de la valeur alimentaire) : heures d’intervention, choix du matériel, réglage du matériel
  • Maîtriser le taux de MS à la récolte.

 

 

Benoit DESANLIS, Isère Conseil Elevage

Tags: