En élevage bovins laitiers, les boiteries sont en passe de devenir la première pathologie devant les mammites et les problèmes de reproduction. Les causes de boiteries sont multifactorielles et peuvent être le signe d’un manque d’hygiène et de confort global, de problèmes de conduite d’élevage, de prédisposition génétique ou de déséquilibres alimentaires.
Les boiteries bien les identifier pour une prise en charge adaptée
Pour les identifier, il est indispensable de lever les pieds des animaux et de faire un relevé des lésions observées. Avec la synthèse de ces relevés, un nom sera mis sur chaque pathologie et un plan d’action sera mis en place. Ce travail pourra être réalisé avec l’aide d’un pareur ou d’un vétérinaire.
Les boiteries se distinguent en trois grandes familles.
Infectieuses :
Les boiteries d’origine infectieuses sont dues à des bactéries qui pénètrent dans le pied par des microlésions et créent une inflammation :
- La dermatite digitée ou maladie de « mortelarro »
-La dermatite interdigitée ou fourchet
-Le panaris
Pour lutter contre ces infections de plus en plus fréquentes dans les systèmes avec peu ou pas de pâturage, l’hygiène du bâtiment est souvent remise en cause. En prévention, il faut travailler sur la propreté du bâtiment (fréquence et efficacité du raclage) et la ventilation essentiellement. En curatif, un traitement individuel des vaches les plus atteintes peut être envisagé, combiné parfois à un traitement collectif avec un système de désinfection des pieds à l’aide d’un pédiluve et d’une solution désinfectante.
Mécaniques :
Les boiteries mécaniques sont créées par une lésion du sabot ou une fragilisation :
Ouverture de ligne blanche :
- Ulcère de la sole et cerise
- Nécrose de la pince
- Erosion de la corne du talon etc.
Pour lutter contre ces boiteries, il faut limiter au maximum les sols agressifs, les chemins pierreux, les irrégularités des bétons, les marches, les rails de racleur trop saillants ou à l’inverse dans des gorges trop profondes. Il faut limiter les zones trop humides dans le bâtiment et également proposer aux vaches un couchage confortable qui permet un temps de repos suffisant afin de limiter une pression importante dans le pied sur une trop longue période.
L’alimentation autour du vêlage doit limiter les pertes d’état importantes et rapides qui engendrent une diminution des coussinets graisseux jouant un rôle d’amortisseur sous le pied.
Accidentelles :
Les boiteries dues à une chute sont en constante augmentation et dans certains troupeaux la première cause de mortalité. Ces accidents ont un impact sur la locomotion globale de l’animal. Dans le cas où l’animal est relevé, un isolement sur une surface non glissante pendant quelques jours permet souvent la guérison mais ceci à condition d’avoir un bâtiment équipé de cases d’isolement.
Pour limiter les accidents, il faut faire attention à la qualité des sols, rainurage, tapis strié. L’isolement des vaches en chaleurs, lorsqu’il est possible, doit être envisagé. Il faut également faire attention à ne pas fragiliser les animaux en début de lactation lors de pertes d’état trop importantes.
Conséquences d’une boiterie
Le coût d’une boiterie est difficilement chiffrable avec précision. Il est principalement tributaire de la durée de la boiterie. Elle peut être soignée rapidement ou, à l’extrême, entrainer la mort de la vache si elle dégénère. L’impact financier sera de quelques centaines d’euros pour une boiterie rapidement maitrisée à quelques milliers d’euros en cas de mort de l’animal conjuguée à la perte de production. Il faut également prendre en compte l’impact très important sur la production, la reproduction, la longévité, l’augmentation des frais vétérinaires et le travail de l’éleveur.
Comment les gérer ?
Comme pour toute pathologie, les mesures de prévention sont à privilégier et les plus efficaces sont :
- Confort dans le bâtiment
- Bonne hygiène des sols
- Parage préventif
- Entretien des chemins de pâture
- Bonne gestion de l’alimentation péri partum
- Sélection d’animaux avec de bons sabots (nouvelle indexation des taureaux)
En curatif la rapidité d’intervention pour identifier la cause de la boiterie et mettre en place un traitement adapté est primordiale avant qu’une lésion trop grave apparaisse.
Témoignage du GAEC des délices fermiers
Avec le passage à la traite robotisée et la diminution du pâturage, le point faible de notre troupeau était les boiteries. L’expression du potentiel des animaux n’était pas optimale. J’ai donc décidé de participer à un cycle de formation sur la gestion des boiteries organisée par le GDS et Loire conseil élevage. Cela m’a permis de passer en revue l’ensemble des facteurs de risque et avec l’analyse des lésions de mettre en place un plan d’action. Les boiteries étaient globalement d’origine infectieuse et j’ai rapidement installé un pédiluve désinfectant. Je l’ai mis en service tous les 15 jours en faisant passer de force toutes les vaches au moins deux fois. L’amélioration a été très rapide. J’ai tenté d’espacer un peu plus les passages mais je me suis vite rendu compte que je ne pouvais pas aller au-delà de 3 semaines car les problèmes réapparaissaient très vite. Pour alléger le travail j’ai aménagé en sortie de robot un système de pédiluve où les vaches passent sans notre intervention et sans ralentir le passage au robot, ceci 10 heures par jour pendant 2 jours. Le pédiluve est composé de 2 bacs de 3 x 0.90 mètres chacun, l’un sert de rinçage avec 15 cm d’eau claire, le second mélangé avec un produit désinfectant renouvelé chaque jour. Les vaches sont systématiquement parées préventivement au tarissement et dès les premiers signes de boiteries en cours de lactation. La formation m’a beaucoup apporté sur la connaissance des diverses lésions. Aujourd’hui nos 120 vaches Montbéliardes en forme produisent depuis 3 ans aux alentours de 11000kg de lait / vache.
Yves ALLIGIER – LOIRE CONSEIL ELEVAGE