Gérer l’efficacité alimentaire de son troupeau

Synthèse des constats d’alimentation de l’année 2017

Les éleveurs adhérents à ACSEL Conseil Elevage ont la possibilité de calculer, après chaque contrôle de performance, le coût alimentaire de la ration distribuée aux vaches et la marge alimentaire, fonction du prix du lait payé. Cette analyse permet des ajustements techniques et économiques rapides.  Voici les principaux enseignements de l’analyse des résultats de 2017.

 

Un outil performant et simple d’utilisation

A la suite du contrôle de performance, le conseiller saisit les quantités d’aliments distribués dans la ration, les valeurs alimentaires et les prix des différents composants. Le logiciel SIEL met en relation la production de lait et les taux butyreux et protéique du contrôle avec la ration réellement consommée par les animaux présents.

Le constat d’alimentation calcule le coût de la ration et des différents aliments, ramenés aux 1000 litres et par vache.

 

Différents groupes possibles de comparaison….

La base de données comprend les résultats de près de 200 élevages. Elle permet une comparaison des fermes en fonction des systèmes d’alimentation hivernale dominants.

  • Groupe foin : 29 élevages en système Comté avec une alimentation à base de foin (ventilé ou non) et de regain.
  • Groupes par secteur géographique: élevages avec une ration à dominante ensilage maïs et herbe : 99 élevages avec une alimentation à base d’ensilage de maïs et 20 à 35% d’ensilage d’herbe ou enrubannage.
  • Groupe robot: le coût de l’alimentation en système de traite robotisée est analysé à travers les résultats de 14 élevages

 

….avec des écarts de coûts alimentaires

 

En moyenne, sur l’ensemble des 142 élevages ACSEL, le coût des aliments « concentrés + coproduits + minéraux » représente 85€ pour 1000 kg de lait produit. C’est 9€ de plus qu’en 2016.  

 

 Les élevages en système foin, doivent compenser une plus faible valeur énergétique des fourrages par des achats de concentrés. Les fourrages récoltés en 2016 étaient de médiocre qualité. Les éleveurs ont accepté une baisse de la production plutôt que de distribuer trop de concentrés. Dans ce groupe, les concentrés représentent toutefois près de 300 grammes de concentrés pour produire 1 kilo de lait. Pour les 29 élevages du groupe, le coût des aliments concentrés est de 85€ pour 1000 kg de lait produit.

 

Les systèmes alimentaires à base d’ensilage sont plus autonomes pour les apports énergétiques. Une part de la ration est constituée de co-produits (drèches de brasserie, pulpes de betterave…) ou du maïs épi. Le coût moyen des aliments, hors fourrages, de ces groupes est inférieur à 75€/ 1000 kg de lait produit.

 

Les éleveurs en traite robotisée ont des coûts alimentaires supérieurs aux autres. Les quantités de concentrés donnés au DAC du robot sont parfois excessives ou ne sont pas ajustées avec les apports faits à l’auge. Pour ce groupe, le coût des concentrés/coproduits est de 101€ pour 1000 kg de lait produit. Des élevages robot travaillent avec les céréales de l'exploitation et des aliments simples, pour des productions  de plus de 30 Kg par vache. Leur coût alimentaire (hors fourrages) varie entre 65 et 80€/ 1000 Kg de lait. Une économie non négligeable. 

 

  Les quantités de concentrés distribuées doivent être corrélées aux objectifs de production et aux valeurs de fourrages. Rechercher une augmentation de lait par la seule voie des concentrés n’est pas économique.  Les données par animal montrent que dans tous les groupes (hors la Dombes et Bresse sud) les quantité de concentrés par vache atteignent ou dépassent 1800 kg par an.

 

A quantité de concentré identique, les vaches peuvent produire 2000 litres de lait d’écart. Sur le graphique, tous les élevages sont représentés, en croisant la quantité de concentré et la production moyenne du troupeau. Les 3 points rouges correspondent à des élevages qui distribuent 150g de concentrés par litre de lait. La moyenne de production du troupeau est respectivement  de 6200, 8200 et 9200 kg. Les 2 points noirs correspondent à des élevages qui produisent 6500 kg de lait de moyenne, l’un distribue 100g de concentré par litre, le deuxième 280 g. La quantité de concentré distribuée n’est donc pas un gage de production basse ou élevée. C’est l’efficacité globale qui doit être analysée.

 

 

La part de pâturage représente 8 à 12%  de la ration totale dans les systèmes ensilages. Les élevages foin valorisent le plus l’herbe au pré, avec  27% de pâture dans l’alimentation. Les élevages avec robot ont souvent abandonné de sortir les animaux.

 

Coût de ration et marge alimentaire sont le reflet de l’efficacité du rationnement.

Lorsque la place dans les bâtiments est limitée, et c’est souvent le cas, il est important de regarder le coût alimentaire par animal. Il est compris entre 2,8 et 3,2€ par jour dans tous les systèmes sauf les robots et la montagne (plus de 4€). Les écarts s’expliquent par le coût de la ration totale, mais aussi par la capacité des vaches à exprimer le potentiel de la ration. La concurrence à l’auge ou pour le couchage et le manque d’abreuvement sont souvent les causes de sous valorisation du potentiel des animaux et des aliments. Sur ce graphique, le calcul de la marge est fait avec le prix réel payé aux producteurs, donc variable selon les laiteries.

La marge alimentaire aux 1000 litres représente l’écart, en euros, entre le coût alimentaire et le produit lait. Sur le graphique, la marge est calculée avec un prix forfaitaire du lait fixé à 340€  pour tous les groupes. Elle traduit la maitrise de l’efficacité alimentaire mais aussi la qualité du lait livré (taux et niveau cellulaire).  Le groupe Dombes qui a la meilleure maitrise du coût alimentaire, dégage une marge supérieure aux autres groupes.

 

Le lait d’équilibre, un indicateur de synthèse

 

Le lait d’équilibre représente la quantité de lait que doit produire une vache pour « payer » son alimentation quotidienne compte tenu du prix du lait payé. Par exemple, avec un litre de lait vendu à 0,35€ et un coût de ration de 3,5€, les vaches doivent produire au moins 10 litres de lait par jour pour payer leur alimentation. Ce critère combine donc le coût de ration et le prix payé par la laiterie. Il peut fluctuer selon les mois. En système foin et Comté, le prix du lait étant élevé, le lait d’équilibre est  5 kg plus faible que pour les systèmes robot avec un coût de ration plus élevé et un prix du lait industriel.

 

 

Suivre chaque mois l’évolution de la marge alimentaire, adapter la ration au potentiel des animaux, des fourrages et du prix du lait, sont un levier indispensable pour gérer son troupeau et son revenu. Les conseillers d’ACSEL Conseil Elevage  sont formés et compétents pour vous proposer des conseils en toute indépendance et aux plus prêt de vos intérêts.

 

 

 

Anne Blondel,  ACSEL Conseil Elevage

Avril 2018

 

 

 

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