Gaec grand Rozière, un élevage en transition

 

Exploitation familiale depuis 3 générations, Patrice Andrieux, sa femme Géraldine et leur fils Thibault cherchent à concilier performance technique, économique et environnementale tout à assurant une bonne qualité de travail et de vie.

 

Anticipation et organisation = souplesse

Initialement en EARL Patrice devait assumer seul la diversité des travaux et l’astreinte quotidienne. Depuis l’installation de Géraldine et plus récemment avec l’appui de Thibault, salarié à mi-temps sur la ferme, les éleveurs ont trouvé le bon équilibre entre charge de travail, souplesse et sécurité. Patrice est responsable du troupeau, Géraldine le seconde au quotidien et assure la partie administrative. Thibault s’occupe plutôt des travaux des champs. Une bonne anticipation des travaux, une organisation huilée et des bâtiments fonctionnels (aire paillée raclée, salle de traite épis) facilitent le remplacement. Pas de calendrier pour les week-end mais une souplesse en famille. Patrice et Géraldine partent une semaine au ski l’hiver et une semaine de vacances en été. Thibault les remplace sans problème.

Petit mais costaud l’éco !

Depuis l’installation de Géraldine, la stratégie a été de miser sur l’intensification et la spécialisation laitière tout en valorisant les bâtiments existants. Cela se traduit par des annuités contenues et qui ne pèsent pas sur la trésorerie (annuité/produit < 10% vs 15%). Ainsi, les éleveurs arrivent sur une surface limitée (80ha) et un volume de lait vendu de moins de 500 000 litres (dont 15 000 l de vente directe) à sortir 2.5 salaires tous les mois. La productivité par UMO est modeste (100 000 euros/UMO) mais l’efficacité est au RDV (>35% EBE/produit). Une bonne partie du matériel est en copropriété et en CUMA (fenaison, transport, épandage, entretien champs). Les éleveurs misent davantage sur les hommes que les machines. Avec moins 100 euros/1000 l  de charges de mécanisation, le travail est bien fait et sans retard ! L’intensification laitière (>8 500 l par vache et 6 500 l/ha SFP) est maîtrisée. En associant pâturage, luzerne, maïs ensilage et matières 1°, les charges alimentaires (concentré et intrants SFP) restent en dessous des 100 euros/1000 l. Ainsi depuis le 15 mars 2021 la ration est composée pour moitié d’herbe pâturée. Malgré le sec d’avril, c’est 4 mois à plus de 30 l de lait pour 1.5 kg de tourteau soja/colza !

 

Des transitions qui confortent la stratégie

Une nouvelle étape est en cours avec l’arrivée de Thibault en 2020. Salarié à mi-temps sur une ferme voisine en bio, il n’hésite pas à revoir l’assolement : développement du pâturage tournant dynamique sur une 12° d'hectares, réduction du maïs ensilage au profit des luzernes, arrêt des céréales à paille et mise en place de méteil grain. L'objectif est d'être le plus autonome possible sur le troupeau en diversifiant les ressources. Les éleveurs souhaitent garder un haut niveau de productivité et de production. Pour garder une bonne sécurité fourragère le nombre de génisses élevées sera diminué. De fait le nombre d'UGB n'augmente pas avec quelques vaches supplémentaires. Au final le chargement est réduit (1,3 à 1,1) et apportera donc plus de souplesse en cas d'aléas climatiques. En cas de sécheresse importante, du maïs épis sera acheté localement.

 

Associer production et environnement, c’est possible !

Située en zone périurbaine, les vaches pâturent à 2 kilomètres de la ville de Bourgoin-Jallieu. Proche d’un étang fréquenté et de parcours pédestres, les éleveurs sont très attentifs à leur environnement et leurs pratiques (épandage, transport, propreté de la ferme, odeur). Situé en coteaux séchants avec peu de surfaces disponibles, le passage en bio n’est pas possible économiquement. Il n’empêche les méteils, la luzerne, le fumier et compost permettent de limiter fortement les intrants et phytosanitaires. 

Engagés dans une transition agro-écologique les éleveurs viennent de signer un PSE1 et s’engagent dans la réduction des gaz à effet de serre2. L’empreinte carbone est actuellement de 0,81 kg CO² par litre de lait. L’atelier nourrit 1820 personnes par an. C'est un résultat satisfaisant mais l’objectif est encore de réduire ces émissions (<0.70).

Baisse des IFT et de l’azote minéral, diversification et allongement des rotations, entretien des haies, pâturage dynamique, productivité animale, vêlage précoce des génisses, la technicité des éleveurs est bien au service de l’économie et de l’environnement.

 

1 : Paiement pour Services Environnementaux dans le cadre d’un contrat sur 5 années avec une communauté de commune pour améliorer la qualité de l'eau potable.

2 : dans le cadre du programme Les 2 Pieds sur Terre de DANONE et l’appui technique d’Adice.

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