Les experts du réseau Conseil Elevage Bibiane BAUMONT, Eric BERTRAND et Patrice DUBOIS ont présenté lors du 3e symposium des Conseillers d'Elevage FIDOCL les avancées en termes d’indicateurs de pilotage du troupeau.

Les nouveautés en terme d'indicateur de pilotage de troupeau

La recherche et le développement sont actifs, en France et à l’étranger, pour améliorer ces indicateurs. Par Bibiane BAUMONT du Conseil Elevage du Puy de Dôme.

Déficit énergétique

Concernant la période sensible du début de lactation chez les vaches laitières, un indicateur de détection de l’acétonémie est existant, sous le nom de Cétodétect® ou CétoMIR®. Alors qu’il est sur le point d’être diffusé dans notre région, la recherche travaille déjà sur un indicateur qui permettra d’anticiper encore plus ce problème métabolique. La question posée est la suivante : peut-on être plus précoce et détecter les déficits énergétiques trop intenses qui se traduisent par des pertes de poids trop importantes ? Une étude menée par nos collègues du Conseil Elevage de Mayenne et Sarthe, apporte des résultats encourageants qui permettent d’envisager la création d’un indicateur de « Déficit énergétique » complémentaire à l’indicateur d’acétonémie, à partir de la composition du lait en certains acides gras.

Acidose

Concernant l’acidose, le rapport TB/TP est un bon indicateur mais qui ne détecte pas assez les vaches malades. Un modèle de détection par analyse infra-rouge est testé, avec des résultats prometteurs. Les tests menés en France, toujours par nos collègues du Conseil Elevage de Mayenne et Sarthe, seront prochainement renforcés par des données en provenance de Pologne et d’Allemagne.

Indicateurs immunitaires

La MAA est une protéine, produite dans la mamelle, marqueur spécifique del’inflammation mammaire. A partir du dosage de cette protéine, la société Bioteck Lait a mis au point une méthode qui permet de qualifier l’état sanitaire de chaque quartier, avec pour objectif de réduire l’emploi d’antibiotiques intra mammaires au tarissement. Le résultat obtenu, quartier sain ou infecté, est un outil d’aide à la décision au tarissement. Il permet de se passer de traitement au tarissement sur les quartiers sains, dans de bonnes conditions de logement des vaches taries et sur des animaux avec des comptages cellulaires faibles. Bien évidemment, la pose d’obturateurs est plus que recommandée.

Indicateur de gestation

Un indicateur de gestation dans le lait est en cours de déploiement sur la zone FIDOCL. Il est déjà disponible dans le Puy-de-Dôme et la Creuse. On dose dans le lait des PAG, Protéines Associées à la Gestation. Le test est réalisable sur les échantillons du contrôle de performances, à condition de prendre quelques précautions pour éviter la « pollution » de l’échantillon par le lait de la vache précédente. En effet, du lait résiduel de la vache précédente peut fausser la prédiction, notamment dans l’échantillonnage en systèmes robots de traite. En contrôle avec tru-test, il suffit de bien égoutter le tube de mesure et le pichet pour éviter ce problème. Un prélèvement manuel est possible, en prélevant les 4 quartiers. Ce test, très fiable, peut être pratiqué dès 30 jours après insémination ou saillie, et pendant toute la lactation.

Zoom sur l’acétonémie

Par Eric Bertrand, responsable de la recherche et développement au sein de FIDOCL Conseil Elevage, et chargé de mission à Eleveur des Savoies.

Qu’est-ce que l’acétonémie ?

L’acétonémie ou cétose est souvent une conséquence du déficit énergétique. Elle est due à l’accumulation de corps cétoniques dans le sang, suite à la mobilisation de réserves graisseuses. Ses conséquences sont une chute du taux de réussite à l’IA et des pertes plus ou moins importantes de lait. La production laitière de l’année est pénalisée, avec des problèmes de reproduction. Le coût d’une cétose est estimé à environ 330€.

La cétose apparait généralement après le vêlage. La cause déclenchante correspond à des besoins énergétiques très élevés. Elle peut toucher trois types de vaches : la vache grasse qui perd de l’appétit et fait du foie gras, la vache haute productrice qui perd rapidement de l’état après la mise bas et la vache plutôt maigre avec un taux protéique faible, plus difficile à détecter. Un troisième type de cétose (par accumulation d’acide butyrique) peut apparaitre à n’importe quel moment de la lactation.

Comment la repérer ?

On évalue le niveau de risque de l’élevage par des observations du troupeau et de l’alimentation et aussi par des résultats d’analyse. Les écarts de taux butyreux et protéique importants sont un premier indicateur. Des analyses de sang ou des analyses du lait permettent d’affiner le diagnostic.

Trois corps cétoniques peuvent être tracés : le BHB, l’acétone et l’acéto-acétate. Cependant leur volatilité est importante donc l’échantillon est difficile à conserver. Le dosage du BHB est utilisé comme indicateur du déficit énergétique. Ce corps cétonique diffuse de 12 à 13% entre le sang et le lait donc une faible quantité est diffusée dans l’échantillon de lait.

Les études nationales portant sur cette thématique sont récentes. Les premières études ont été menées sur des Prim’Holstein aux Etats-Unis.

Cétodétect® et CétoMIR®

Cétodétect® et CétoMIR® sont des modèles d’analyse infra-rouge des BHB dans le lait des échantillons du contrôle de performances. Ils seront bientôt à disposition de la zone fidocl qui avait commencé à travailler sur un projet nommé IDEC. Le modèle IDEC qui donnait de très bons résultats a été abandonné car il ne fonctionnait que sur les analyseurs Bentley. Cétodétect® et CétoMIR® ont depuis été développé et fonctionnent sur les analyseurs des marques Bentley et Foss, ouvrant de plus grandes perspectives.

Les Savoies ont choisi de travailler avec Cétodétect®, les autres départements avec CétoMIR®. La différence entre ces deux modèles réside dans la présentation du résultat. Aucun de ces modèles ne permet de distinguer le type d’acétonémie. Par contre, ces résultats présentent une bonne corrélation avec les alertes alimentation déjà disponibles sur Mil’klic et sur les alertes mensuelles du contrôle de performances. La démarche d’analyse avec ces résultats sera toujours de commencer à regarder les résultats lait et taux par stade, puis le niveau d’alerte alimentation. L’indicateur acétonémie sera regardé en dernier et servira à renforcer le diagnostic.

Faire parler le flacon de lait

Patrice Dubois, expert nutrition et directeur de Rhône Conseil Elevage, a terminé la présentation en faisant la synthèse des indicateurs disponibles et de leur utilisation.

Le message qu’il veut faire passer est le suivant : il faut travailler en complémentarité entre le flacon tank et le flacon vache par vache. Ce dernier va passer dans une autre dimension en bénéficiant prochainement des nouveaux critères précédemment exposés.

La Zone de Confort Rumen Animal®

Lorsque les éléments de couverture et valorisation énergétique, santé nutrition, nutrition azotée, et réponse lait sont maitrisés, l’animal est en zone de confort appelé Zone Confort Rumen Animal ou ZoCoRA®. Economiquement, cela correspond à un gain de 60€ par 1000 litres.

Couverture énergétique

Le principal indicateur de la couverture énergétique est le TP. Pour des démarrages de lactation bien couverts, il faut des TP à 31 g/kg sur la période 0-100j. La référence à rechercher est de 33g/kg sur les analyses mensuelles et 34 g/kg en interpro.

Maladies métaboliques

Les maladies métaboliques sont renseignées par le rapport TB/TP. L’équilibre à rechercher est de 1,21.

Réponse Lait

Les vaches en démarrage de lactation doivent produire 5kg de lait en plus que la moyenne du troupeau.

Nutrition Azotée

L’urée est le principal indicateur de la nutrition azotée. C’est au travers de la cinétique des analyses interpro qu’il est le plus pertinent. L’objectif est de rester stable autour des 0,25g/l.

Valorisation énergétique

Le TB objectif est de 41g/l en analyse interpro. Le profil des acides gras est un élément dont l’importance va augmenter.

Les acides gras du lait

Dans le lait, il y a environ 75% d’acides gras saturés pour 25% d’acides gras insaturés. En alimentation humaine, les premiers sont à éviter au profit des seconds. Globalement, la vache ne sait pas très bien gérer la matière grasse et elle transforme des insaturés en saturés s’il y a trop de matière grasse dans la ration.

On n’a pas trouvé meilleur aliment que l’herbe pâturée pour avoir un profil en acide gras optimum. Les fourrages fauchés précocement ont aussi de meilleurs profils acide gras. Les rations à 50% d’ensilage de maïs et 50% d’ensilage d’herbe produisent des profils intéressants. Les rations à 100% d’ensilage de maïs comportent trop d’acides gras insaturés. Dans les rations à 100% d’ensilage d’herbe, les profils sont variables.

Cécile PANDROT, Acsel Conseil Elevage.