Sur notre territoire Rhône alpin, ce n’est pas une pratique courante, mais en Savoie, cela commence à se répandre. L’objectif des éleveurs pratiquant l’alpage est de pouvoir concilier ce système avec des performances techniques intéressantes.

Un chantier parfois complexe

Les systèmes alpagistes freinent souvent les éleveurs à inséminer. Effectivement, la contention des animaux n’est pas toujours évidente. Les chèvres partent en pâturage tôt le matin pour atteindre le haut des alpages. Les chantiers d’IA ont donc lieu tôt le matin. Certains alpages sont plus accessibles que d’autres, parfois, il faut compter 1h de piste en 4x4.

Toutefois, cinq éleveurs Alpagistes sur les Savoie misent aujourd’hui sur l’insémination pour améliorer la productivité de leurs troupeaux.

Miser sur les taux plus que sur le lait

En AOP Chevrotin, le cahier des charges exigent que les chèvres, de race Alpine, ne produisent pas plus de 800 kg de lait par lactation. De plus, la production laitière en alpage est très aléatoire : pas ou peu de complémentation en foin, et une forte dépendance à la météo : il n’est pas impossible d’avoir un mois de pluie !

Les éleveurs pratiquant l’IA, ont donc naturellement misé sur les taux plutôt que le lait pour faire progresser leur troupeau.

Enfin, pour certains éleveurs, l’insémination de seulement quelques chèvres leurs permettent de produire des boucs et ainsi éviter toute introduction d’animaux dans le troupeau. Le CAEV, par exemple, est un réel frein pour ces systèmes où les chèvres doivent beaucoup marcher.

Un lait riche qui permet un meilleur rendement

Si nous appliquons le calcul théorique du rendement fromager* sur le troupeau alpagiste, chaque chèvre produit en moyenne 115 kg de fromage en 300 jours, contre 106 kg/chèvre pour les autres troupeaux en AOP Chevrotin.

Sachant que le kilo de fromage sur l’AOP se vend en moyenne 17 €, grâce au travail sur les taux, les éleveurs gagnent 153 €/chèvre de plus que la moyenne sur une lactation de 300 jours.

Hélène JOLAIS, Elevage des Savoies

*Equation de RICORDEAU ET MOCQUOT : R = 0,165 TB + 0,525 TP - 1,31 R = 0,098 TB + 0,592 TP - 5,87

« Marc et Sophie AGNELLET, Aravis (74)

Un élevage remarquable pour ses taux

Installé depuis 1983, Marc a repris l’exploitation familiale et Sophie, son épouse, l’a rejoint quelques années plus tard. Ensemble, ils conduisent un troupeau de 100 chèvres alpine au coeur des Aravis.

Un système alpagiste touristique

La conduite du troupeau se déroule en deux périodes bien distinctes : une période hivernale d’environ 6 mois et une période estivale où le troupeau pâture en alpage. Nous fabriquons du chevrotin, un fromage à pâte pressée non cuite dont le cahier des charges est exigeant.

La majorité des mises bas a lieu en janvier afin d’avoir du lait pour les périodes hivernales et tout particulièrement pendant les vacances de février.

Des éleveurs à la pointe

Nous avons adhéré au Contrôle de Performances dès 1983. Dès lors, nous avons commencé l’insémination avec l’adhésion à Capgènes. Nous étions dans les premiers éleveurs à avoir recours à l’insémination sur le département. Aujourd’hui, 30 chèvres sont inséminées tous les ans.

A l’époque, tout était à faire ! Nous avions besoin de travailler sur notre troupeau que ce soit au niveau des taux comme au niveau de la morphologie. Nous sommes plutôt satisfaits de l’amélioration génétique sur notre troupeau.

Un travail sur la conformation des mamelles à faire

Désormais, notre souhait est de travailler davantage sur la conformation des mamelles. Ce critère est en effet indispensable dans notre système et c’est aujourd’hui le premier critère de réforme de nos chèvres.

Capgènes propose aujourd’hui, en plus de l’IMC (Index Morphologique Caprin) qui intègre les 5 postes de la mamelle, des index détaillés par poste. Nous pouvons donc ajuster les accouplements pour travailler sur la conformation mammaire de façon plus précise. Nous sommes confiants pour l’avenir.

Propos recueillis par Hélène JOLAIS