Et si on parlait travail

Le sujet n’était pas évident : parler du travail en élevage laitier ! Avec plus de 50 personnes mobilisées, cette journée organisée par Ardèche Conseil Elevage, la MSA et la Chambre Agriculture a été une réussite. Des besoins d’échanges et d’accompagnement ont été pointés. Reste à transformer l’essai.

En préambule de la journée, Josiane Voisin ergonome s’appuyait sur un film présentant, à travers les témoignages de 4 élevages et 7 éleveurs, les problématiques du travail en élevage laitier. Elle insistait sur deux points :

 

 Exploitant agricole, un métier à multifacettes

L’éleveur a au moins 3 casquettes qu’il doit assumer : Dirigeant, il doit définir la stratégie de son entreprise, négocier avec ses fournisseurs, la banque, prévoir des investissements. Cadre, il doit décider du mode d’organisation, des tâches à réaliser au quotidien et à différentes périodes de l’année. Opérateur, il doit savoir traire, donner à manger aux animaux ou encore labourer, semer ou faire les foins. Sans s’en apercevoir l’éleveur réalise toutes ces missions au quotidien. C’est d’autant plus vrai quand il est seul sur son élevage. En association ou avec des salariés, il faut aussi savoir gérer les relations humaines !

Définir sa propre stratégie

Les éleveurs doivent décider des priorités de leur exploitation en lien avec leurs propres objectifs personnels. Le tout combiné permet de préciser la stratégie de son élevage et les actions pour l’atteindre. S’il n’y aucune priorité affirmée sur les conditions de travail, les horaires et le temps de repos, il n’y a bien peu de chances que les conditions de travail soient bonnes et favorables à l’épanouissement des associés et des salariés. Comme le résumait un éleveur dans la salle en reprenant une chanson bien connue Johnny Halliday il ne faut pas « oublier de vivre ». Ses propres objectifs doivent être au cœur de la stratégie de chaque exploitation.

Les échanges et témoignages avec les Gaec de Lioux, Gaec des Lilas, Gaec de Baratons ou encore Gaec de la Route Panoramique ont permis l’expression de tous.

 

Certains points « clefs » de la réussite ont ainsi été débattus :

  • Nécessité de faire un point ou un bilan entre associés. Pour déterminer ce qui marche, ce qui fonctionne moins bien. Chiffrer le temps passé. Clarifier les besoins de chacun en terme d’horaires, de congés ou de charge de travail.
  • Importance de se faire accompagner. Pour faire un bilan plus approfondi (démarche Actel avec Ardèche Conseil Elevage) ou plus précis avec un ergonome par exemple ou les conseillers MSA ou chambre Agriculture. Ce regard extérieur peut être un catalyseur du changement ou un facilitateur dans le groupe. Cette problématique du travail est à discuter impérativement en amont de l’installation.
  • Changer de posture. Il faut oser se faire accompagner, dire les choses, se faire aider, déléguer certaines tâches ou embaucher un salarié. Mettre ses objectifs au premier plan, les affirmer. Se remettre en question.
  • S’organiser. Chaque éleveur est son propre patron. L’organisation au quotidien, la traite, le travail d’astreinte doivent être réfléchis pour réduire la pénibilité. La simplification des tâches est une voie comme peut l’être les investissements (DAC, alimentation, traite..).
  • Faciliter et développer les échanges. Des solutions collectives existent pour autant il faut les partager (CUMA, groupement employeur). D’autres solutions individuelles peuvent être apportées par le groupe. Une banque de travail « trucs et astuces » serait intéressante à partager. Enfin face à certaines difficultés individuelles, les échanges permettent de libérer la parole, reprendre confiance et trouver des alternatives.
  • Communiquer positivement. Plusieurs éleveurs présents ont témoigné sur leurs -bonnes- conditions de travail et leur plaisir à faire ce métier. Sans être idéaliste, il faut aussi passer des messages et des idées qui pourront donner envie à d’autres de modifier leurs pratiques.

 

 

Cette première journée en appelle d’autres. C’est l’engagement des partenaires présents de proposer dès cet hiver des rencontres plus approfondies sur des thématiques identifiées. Des formations seront proposées, des vidéos seront aussi réalisées.

 

Jean-Philippe Goron

Ardèche Drôme Isère Conseil Elevage