Eleveur – Troupeau – Surface, trouvez le bon équilibre

La réalisation d’une cohérence système permet de s’interroger sur ses pratiques, de simuler un changement de situation. C’est l’occasion de lever des pistes d’amélioration ou de confronter la solidité du projet vis-à-vis des contraintes de l’exploitation et de son environnement.

 

L’application éleveur et conseiller Mil’klic s’étoffe d’un nouveau module économie.

 « Cohérence du système » est l’occasion d’apprécier l’adéquation entre le troupeau, les fourrages disponibles et la main d’œuvre. C’est un outil de diagnostic et de simulation.

 

Croiser facilement les données techniques troupeau - surface

Après la saisie des données relatives à l’assolement, aux récoltes, à la main d’œuvre et aux livraisons, ce module calcule rapidement des indicateurs et des ratios sur l’utilisation des surfaces, les rendements valorisés par les animaux, le chargement ou encore la productivité du travail. Intégré directement dans Mil’klic, le module valorise les données déjà existantes du troupeau : entrées-sorties, vêlage, effectif, mortalité, reproduction (IA, IVV, renouvellement..) et performance technique (lait produit, taux).

 

Des références et indicateurs par système

Fruit du travail collaboratif entre les ECEL de la Région AURA mais aussi d’autres ECEL français, l’outil permet de comparer ses résultats et indicateurs à différents profils d’élevage : bio, tout herbe, herbe-maïs, intensif maïs ou encore robot. Nos experts ont établi des références avec des valeurs cibles et des plages de cohérence. Vous pouvez ainsi vous comparer et creuser les leviers d’amélioration avec votre conseiller, sur plusieurs thématiques telles que l’alimentation du troupeau, le renouvellement, la reproduction, le système fourrager (rendement-chargement-récolte et pâture), l’autonomie alimentaire et le travail.

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau de cohérence : regarder, déchiffrer et croiser les regards…

A vous de simuler votre exploitation pour connaître votre niveau de résilience pour une bonne adaptation aux changements climatiques.

Jean-Philippe Goron, Adice

 

 

Avis d’expert : Virginie Vernay, conseillère dans le Puy de Dôme,

« La réalisation d’une cohérence système est indispensable avant tout projet. Est-ce que mon projet est techniquement réalisable par rapport aux contraintes de mon exploitation (places en bâtiments, autonomie fourragère, travail,…). L’échange avec l’éleveur autour de la réalisation de ce diagnostic lui permet également de se projeter sur son exploitation demain, de soulever des interrogations auxquelles il n’aurait pas pensé (charges travail, stockage, …). Et bien sûr, tout ce travail permet d’appréhender au plus juste le chiffrage économique (quel volume de lait, quels investissements nécessaires, combien de concentré en plus à acheter, quelles charges de fertilisation retenir, quels niveaux de charges de mécanisation prendre en lien avec les nouvelles surfaces à récolter...). »

                                                                                        

Gaec Ranglaret, Le Vernet-Chaméane (63)

A l’approche de la retraite de Gilles, Guillaume, son fils, a souhaité faire le point sur le devenir de l’exploitation.

 

Lorsque la cohérence troupeau - surface aide à déterminer la stratégie d’exploitation.

 

Le départ en retraite de Gilles est prévu dans un an. A moyen terme, Guillaume ne se sent pas capable d’assurer seul, toutes les traites. La mise en place d’un robot de traite fait son chemin, mais aussi, avec beaucoup d’interrogation. Est-ce que le projet va être rentable, est-ce que je pourrais faire pâturer mes vaches, sur quelle surface, combien d’hectares de maïs devrai-je semer, mes silos sont-ils suffisamment grands, … ?

Face à toutes ces questions Virginie, conseillère Conseil Elevage leur a proposé de faire le point sur le projet dans le cadre d’un conseil stratégique.

 

La grille de cohérence : un outil pour se situer

Ce premier bilan a permis de définir les niveaux de rendements moyens sur l’exploitation, l’utilisation des stocks par les animaux, le fonctionnement du troupeau.

L’exploitation en année normale est autonome en fourrages à 100 %. Elle peut même en vendre les bonnes années. Avec 94 UGB pour 125 ha de SFP, le chargement est de 0,75 UGB/ha. Les 48 vaches laitières pâturent d’avril à octobre, soit plus de 30 ares/VL.

« La grille de cohérence » montre que l’exploitation est cohérente sur l’utilisation des surfaces (10 % de maïs/SFP et 4,2 TMS récoltées/UGB), sur l’alimentation des vaches laitières (1500 kg/VL, 190 g de concentré par litre de lait) et sur la conduite du renouvellement (30 mois d’âge au 1er vêlage, 13 génisses de renouvellement soit 30%, 7 % de mortalité des génisses de 0 à 30 j). Peu chargé actuellement, l’exploitation dispose d’un potentiel d’intensification fourragère. Une fois l’analyse de la situation actuelle effectuée, les fondations posées, il faut construire « l’exploitation de demain ».

 

 

Pas d’efficacité économique sans cohérence

Avec le robot de traite, l’objectif de Guillaume est de traire 65 vaches tout au long de l’année. C’est donc un troupeau de 75 vaches présentes et 25 génisses de renouvellement par an qui pourrait être conduit sur la surface actuelle. Cet objectif est assez ambitieux en termes de saturation du robot et de travail. L’outil et les références permettent d’alerter l’éleveur sur la dimension du projet.

Il est nécessaire de refondre le système fourrager, la conduite des surfaces et l’alimentation des vaches. Les chiffres retenus restent prudents pour prendre en compte le changement climatique et les différents aléas. La production laitière par vache est augmentée à 8000 litres (+ 250 litres), avec 1800 kg de concentré par vache (+ 300kg).

Les vaches, plus nombreuses, pâturent les surfaces à moins de 800 mètres du bâtiment. Seulement 10 ha sont accessibles, soit 15 ares par vache. Il est donc indispensable de stocker plus de fourrages pour une distribution à l’auge sur la période de printemps et été et compte tenu de l’augmentation du cheptel. Les besoins en stocks passent de 4,2 T à 4,9 T MS/UGB. Et au global, il faut récolter 170 tonnes de stocks en plus. Dans le projet, les surfaces récoltées en ensilage d’herbe pour la 1ere coupe et en regain pour la 2éme coupe augmente d’une vingtaine d’hectares. A noter la prudence sur les rendements qui sont diminués de 0,4 T MS/ha. La surface à maïs s’accroit de 3ha au détriment de la surface à céréales.

 

Finalement, c’est grâce à l’intensification des surfaces d’herbe, au développement de la surface en maïs et à l’arrêt des ventes de foin que l’autonomie fourragère est maintenue.

Ce travail de mise en cohérence suscite d’autres questionnements, notamment sur le travail au moment du semis de maïs et de l’ensilage d’herbe, sur la capacité de stockage des fourrages et des silos, sur le logement des velles et des génisses et sur le nombre maximum de vaches avec robot en condition de pâturage. Le projet est ainsi reprécisé au vu de ces contraintes.

Une fois ce travail de cohérence validé avec l’éleveur, le chiffrage économique est assez simple à réaliser et en plus, il colle au plus près de la technique. « Ce travail me rend plus serin et plus à l’aise pour négocier auprès de la banque, je connais les limites de mon projet » conclue Guillaume.

Catherine Cougoul, Puy de Dôme Conseil Elevage

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