Des vaches à 40 kg, pourquoi pas ?

Ce challenge demande un savoir faire. Dans cette conjoncture incertaine, les réponses sont plurielles. L’intensification à la vache peut être une solution. Les conditions de réussite sont nombreuses. Dans cette partie, l’objectif est d’aborder les fondamentaux en terme de nutrition.

 

 

Des fourrages au top et une fibrosité à la limite

Le couple ensilage maïs et ensilage herbe est un socle solide. Les deux fourrages doivent titrer plus de 0,90 UFL et se situer vers 35% de MS.  L’ensilage de maïs atteint facilement les 0,90 UFL grâce à son potentiel grain. Par contre, il faudra l’ensiler entre 33 et 35 % de MS pour conserver une digestibilité des tiges et feuilles suffisante. La récolte de l’ensilage d’herbe sera très précoce. Le rendement est pénalisé. Il faudra prévoir suffisamment de surfaces pour couvrir les besoins des animaux. La chaîne de récolte sera étudiée pour monter la matière sèche entre 35 et 40%. Pour favoriser l’ingestion de 25kg MS et concentrer la ration,  la distribution des deux fourrages sera rationnée à 40 kg. La fibrosité mécanique du mélange s’obtiendra avec 1,5 kg de foin de luzerne de préférence, coupée entre 2 et 4 cm. Une fibre courte mais consommée. Dans ce compromis : ingestion et acidose, être entre 25 et 28% de NDF fourrage sera un critère important.

 

Diversifier les sources d’énergie

Le défi est d’apporter au minimum 25 UFL par jour qui soient valorisables par le rumen. La complémentarité des formes et des quantités d’énergie est obligatoire : de l’amidon rapide, voire des sucres solubles, de l’amidon intestinal, de la cellulose digestible et de la matière grasse plutôt insaturée. Pour protéger ce cocktail détonnant, l’utilisation de bicarbonate de sodium pour tamponner le pH du rumen et de levures vivantes pour favoriser la capacité de la flore microbienne sera indispensable.

 

Piloter l’alimentation azotée

Pour faire tourner cette bétonnière molle qu’est la panse, le pilotage de l’alimentation azotée reste simple. Les deux ténors que sont le tourteau de soja et le tourteau de colza sont les incontournables avec une complémentarité au niveau dégradation, lysine et méthionine. Le recours à un tourteau protégé par un process industriel reconnu sera nécessaire pour couvrir les besoins en PDIA et acides aminés essentiels.

Alexandre Batia, Rhône Conseil Elevage

 

 

 

 

 

 

« EARL du Petit Ramard, Condrieu (69)

De la productivité maîtrisée

Marc et Quentin Velut ont fait le pari de la production par vache. En 2015, le niveau de performance est de 12534 kg de lait à 39,0 de TB et 32,2 de TP.

 

Un bâtiment ancien valorisé

L’aire paillée de 260 m2 et la salle de traite 2X3 permettent  de gérer 35 vaches en production. La gestion de l’aire paillée passe par le retournement des bouses et un paillage à 10 kg en deux fois par jour. Le curage se fait une fois par semaine. A la traite, la préparation de la mamelle est minutieuse avec pré-trempage, lavage et essuyage. Le niveau cellulaire obtenu est excellent avec  90% des comptages à moins de 300.000 et une  moyenne annuelle à 167.000. Cette capacité à être minutieux et précis est indispensable avec des animaux à forte production. Dans l’élevage, cette règle est appliquée à la lettre sur l’ensemble de la conduite des animaux. Le coût de ration de 5 € par vache et par jour est valorisé par 100% du lait produit dans le tank et des animaux en forme qui se reproduisent.

 

Une reproduction maîtrisée

L’intervalle vêlage-vêlage est de 410 jours. L’insémination première est réalisée 100 jours après vêlage, le taux de réussite est de 47%. Le nombre d’insémination pour féconder une vache est de 2,3 avec 32% des animaux qui nécessitent 3 IA et plus. Le défi de l’énergie est géré, les animaux ingèrent en moyenne 26 kg MS et au moins 25 UFL par jour. La consommation des animaux est stimulée avec notamment une repousse à 22 h 30 pour favoriser l’ingestion de nuit. La préparation au vêlage assure du volume de panse  avec une flore et des papilles développées et les minéraux adaptés.

 

Des fourrages de qualité et un panel de concentrés

La mise en œuvre de la ration garde le même cap. Il ne faut pas de bons fourrages mais d’excellents fourrages avec une attention particulière à la confection et au tassage des silos. Nous retrouvons les 40 kg du couple ensilage maïs et herbe à 35% de MS. 10 kg de concentrés sont apportés, 65% à l’auge et 35% au Dac. Orge, tourteau de soja, tourteau de colza et graine de lin extrudée sont au cornadis. Orge et tourteau protégé sont au DAC pour adapter la complémentation au niveau de production. La passion des Holstein et de la génétique sont les sources de la motivation du travail de précision au quotidien.

 

Laurine Desmaris, Rhône Conseil Elevage.


 

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