Contrôler le bon nettoyage de l'installation de traite

Outre l’hygiène pendant la traite, le nettoyage des installations est également un point à ne pas négliger. Pour vérifier que tout fonctionne correctement ou pour identifier un problème, les éleveurs peuvent solliciter le service Net’traite, proposé par des entreprises de Conseil en élevage.

Contrôler le bon nettoyage de l’installation de traite

Net’Traite est un contrôle du nettoyage de l’installation de traite. Il se fait en condition réelle, pendant le nettoyage de l’installation. « On regarde comment se déroule le nettoyage et on mesure différents paramètres », indique Dominique Alloin, spécialiste de la question chez Loire conseil élevage. Le nettoyage des installations de traite s’effectue en trois phases : le rinçage, pour enlever le lait résiduel, en circuit ouvert ; le lavage, avec une lessive adaptée, en circuit fermé ; le rinçage final, pour éliminer les résidus de produit, en circuit ouvert. Certaines installations, plus récentes, ont une phase de ventilation, pour assécher l’installation. Certaines machines ont également des phases intermédiaires : par exemple une phase de prélavage pour réchauffer l’installation de manière à ce que la température ne baisse pas trop.

Dominique Alloin explique que « pendant la phase de lavage, le contrôleur vérifie sa durée, la température de l’eau, la concentration du produit, la turbulence (alternance d’entrée d’eau et d’air pour optimiser le nettoyage). En vérifiant la concentration du produit, on voit bien évidemment la quantité d’eau et la quantité de produit. »

Repères pour le nettoyage

La température d’eau préconisée en début de phase de lavage est 60°C minimum. « Je préfère dire 65°C pour avoir une marge de sécurité. Au dessous, ce n’est pas efficace. Au dessus de 70°C, l’éleveur utilise de l’énergie pour rien et le produit alcalin a tendance à s’évaporer à partir de 75°C. » En fin de lavage, la température de l’eau ne doit pas être descendue au dessous de 35°C. « Mais là aussi, je  préfère dire 40°C. En-dessous, l’effet du lavage est annulé. »

La quantité d’eau a une conséquence directe sur la température de l’eau et sur la turbulence (la quantité d’eau joue sur la variation de vide). « S’il n’y a pas assez d’eau, la température descend trop vite. »

La durée de la phase de lavage doit être comprise entre 6 et 10 minutes, et ce quelle que soit la dimension de l’installation. « Si le lavage dure trop longtemps, la température de l’eau descend trop bas et de l’énergie est gaspillée. A l’inverse, si le lavage ne dure pas assez longtemps, il n’est pas efficace. » 

Samuel Rocher, salarié de la Chambre d’agriculture du Rhône qui est en relation directe avec les techniciens traite de la Loire et du Rhône (des entreprises de conseil élevage et des concessionnaires) indique que les problèmes les plus souvent rencontrés lors d’un contrôle Net’traite (zone Rhône-Alpes, Saône-et-Loire, Doubs, Jura et Territoire de Belfort) sont la concentration du produit et la température de l’eau. Vient ensuite la quantité d’eau, qui peut parfois venir « de la sonde qui a bougé », précise Dominique Alloin.

«En intervenant avec Net’traite, on permet à l’éleveur de ne pas entrer dans une routine vis à vis du nettoyage, comme par exemple penser à vérifier de temps en temps le bon positionnement de la sonde pour la quantité d’eau... » Dominique Alloin poursuit : « Ce n’est pas quand l’éleveur commence à avoir une incidence sur le prix du lait qu’il faut réagir. La plupart des laiteries sanctionnent à 50 000 germes, mais il ne faut pas attendre de les atteindre. Il peut y avoir des signes d’alerte et des conséquences sur la machine avant. A 30 000 germes, il faut commencer à s’intéresser au sujet. » Grâce à Net’Traite, qui permet d’identifier des dysfonctionnements, le contrôleur est en mesure de donner des conseils à l’éleveur pour optimiser son installation.

Divers services autour de la traite

Loire conseil élevage propose à ses adhérents d’autres services autour de la traite. Le socle est Opti’traite, qui est le contrôle annuel de la machine à traite. Il est obligatoire dans la plupart des cahiers des charges d’élevage. « C’est en  quelque sorte le contrôle technique de la machine à traire. Il donne déjà pas mal d’informations à l’éleveur sur le fonctionnement de son installation de traite. » Le contrôle s’appuie dans un premier temps sur un examen visuel de la machine : pompe à vide, système de vide (caoutchoucs), état de propreté global ; entretien. La capacité du lactoduc est évalué : «  Il faut vérifier qu’il soit adapté pour véhiculer le lait : diamètre et inclinaison. Un manque de débit a des conséquences sur la traite et les animaux. ». Les niveaux de vide sont contrôlés et comparés aux niveaux de vide préconisés, ainsi que les paramètres de pulsation. Le bon fonctionnement du régulateur et de la pompe est vérifié. Les griffes sont testées (admission d’air, fuites).

Les éleveurs laitiers peuvent aussi solliciter Loire conseil élevage pour contrôler le décrochage automatique. Là aussi, un examen visuel (montage, conception, entretien) précède le coeur du contrôle, la vérification du seuil de dépose, c’est à dire à quel débit de lait le faisceau est décroché. « Si c’est trop tard, il y a sur-traite, et, à l’inverse, si c’est trop tôt, il y a sous-traite. » Si le seuil de dépose n’est pas adapté, le concessionnaire intervient pour faire les réglages de manière à ce que le seuil de dépose soit adapté au troupeau. » Dans le cadre du contrôle des déposes, « nous regardons aussi le vide résiduel dans les griffes, car il y a un risque pour les sphincters des vaches. » Il existe deux systèmes principaux pour la dépose : l’un par détection du lait en volumétrique ; l’autre  par détection par conductivité. « Ce deuxième système a tendance à plus se dérégler car il est sensible au nettoyage. Il est basé sur des bagues de détection, qui, si elles sont encrassées, fonctionnent mal. »

Autre service proposé par Loire conseil élevage : Lactocorder. « On sort une courbe d’éjection du lait pour chaque vache laitière qui donne des éléments sur la technique de traite, sur le début de traite (préparation des animaux), sur le fin de la traite (seuil de dépose). Lactocorder enregistre tous les paramètres de nettoyage, poste par poste. Il permet d’avoir une analyse fine du nettoyage » et vient donc en complément de Net’traite.

Quant à Certi’traite, il est réalisé au moment de la mise en service de la salle de traite. Il comprend les mêmes contrôles que Opti’traite, Net’traite et dépose. L’éleveur a ainsi les paramètres pour utiliser sa machine à traire, et notamment pour optimiser le lavage. Néanmoins, « certains éleveurs oublient les paramètres qui leur ont été donnés à ce moment-là et ne se souviennent plus quelles quantités d’eau et de produit doivent être utilisées. Il ne faut pas oublier que ces paramètres sont la base pour un bon nettoyage de l’installation et que les appliquer permet de régler un certain nombre de problèmes. »
Faire un contrôle Net’traite permet de se les remettre en tête, mais aussi, bien évidemment, de mettre le doigt sur certains dysfonctionnements.

Source : Paysans de la Loire - Lucie Grolleau Frécon


 

 

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