Complémentation au pâturage : Profiter de la valeur de l’herbe pour faire des économies

Une bonne maitrise du pâturage au printemps offre aux vaches un fourrage aussi riche qu’un concentré. L’herbe pâturée est l’aliment le moins coûteux disponible sur l’exploitation, trois fois moins cher qu’un fourrage conservé. Il faut l’utiliser au maximum pour réduire les charges alimentaires.

 

 

Lâcher précoce et rotation rapide

La mise à l’herbe doit s’effectuer tôt, dès le départ en végétation. Il faut ensuite tourner rapidement et revenir sur les parcelles assez vite pour bénéficier au maximum d’une herbe feuillue et de qualité. Avec une surface pâturable de l’ordre de 30 ares/vache, lâcher la nuit dès que possible. En pâturage à volonté, jour et nuit, la production permise par de l’herbe jeune est de  20 à 24 litres de lait. Il est inutile de complémenter les animaux en dessous de ce niveau.

 

Un kilo de concentré égal un litre de lait

La valeur de l’herbe de printemps est proche de celle d’une VL 18. Avec ce fourrage à volonté, l’efficacité de la complémentation est faible. On a alors tout intérêt à en limiter la distribution. Le suivi des taux et de l’état corporel sont des indicateurs pour décider d’un apport d’un complément énergétique.

 

Taux d’urée supérieur à 350mg/l : limiter l’apport d’azote

La pâture de qualité permet souvent de supprimer la complémentation azotée. Le taux d’urée est un outil pour guider l’éleveur dans ces choix. Un taux faible, inférieur à 250 mg/l, n’est pas inquiétant si le niveau de production laitière est satisfaisant. Un taux élevé, au delà de 350 mg/l, est une alerte qui doit amener l’éleveur à réduire progressivement la complémentation en azote.

 

Apporter du fourrage pour pallier au manque de pâture

Avec une surface pâturable inférieure à 30 ares/vache ou avec une pousse insuffisante,  un complément fourrager à l’auge est nécessaire. L’herbe jeune étant  riche en azote soluble, le fourrage complémentaire devra être distribué à volonté. Si l’ensilage de maïs est le fourrage adapté pour avoir un rapport UF/PDI élevé, un enrubannage ou un foin grossier peut être très bien valorisé à cette période. Si les quantités de fourrage distribuées sont supérieures à 7 kg de MS, un calcul de ration est indispensable.

Patrice MOUNIER – Haute-Loire Conseil Elevage

 

« Lionel GRANGE - La Séauve sur Semène (43)

Réduire mon coût alimentaire grâce au pâturage

Pour Lionel GRANGE,  les 8 ha de pâture autour des bâtiments constituent une oportunité pour accroitre la production au printemps et produire au moindre coût. Avec une période de vélage plutôt calée sur l’automne, le pâturage relance le niveau de production de ses 35 prim’hostein.

 

Comment gérez-vous la mise à l’herbe ?

A 800 m d’altitude, je lâche tôt, autour du 10 mars. Au printemps 2014, j’ai terminé le premier tour au 6 avril et le deuxième le 6 mai. Les conditions étaient idéales, la qualité de l’herbe excellente. Avec 25 ares/VL  et des conditions peu poussantes j’ai dû laisser  de l’ensilage de maïs à disposition. Les très bonnes années j’arrive à fermer le silo pendant deux mois.

 

Quelles quantités de fourrage et de concentré apportez-vous ?

Je laisse l’accès au silo d’ensilage de maïs en libre service et du foin à volonté. Elles ne touchent pratiquement pas au foin et consomment seulement 3 kg de MS de maïs. L’été quand l’herbe devient plus rare la quantité de maïs consommée augmente. Au DAC je complémente à partir de 22 litres. Pour 28 litres : 1,2 kg de tourteau et 2,5 kg de céréales. Pour quelques vaches à plus de 40 kg je monte jusqu’à 8 kg de concentré. Le taux d’urée est souvent un peu bas, à 220 mg/l, mais comme le niveau de production est bon je pense que l’efficacité alimentaire est satisfaisante.

 

Etes-vous satisfait de cette gestion du pâturage ?

Evidemment, un contrôle d’avril à 27 kg de moyenne çà me convient tout à fait.  Avec un coût alimentaire de 68 € / 1000 kg, le pâturage c’est tout bénéfice. En plus, les taux sont bons et les vaches n’ont pas trop perdu d’état. Grace à l’herbe pâturée je distribue un kilo de moins de tourteau et un kilo de moins de céréale que l’hiver pour autan de lait produit.   

  

Propos recueillis par Patrice MOUNIER - Haute-Loire Conseil Elevage

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