Les étapes clés pour réussir la mise à la reproduction sur chaleurs naturelles : ne pas utiliser de traitements hormonaux est la volonté de certains éleveurs, ce n’est pas pour cela que le taux de réussite et l’amélioration génétique des troupeaux en pâtissent.

Planifier la reproduction

La reproduction sur un troupeau se planifie bien en amont. Organiser et anticiper sont les mots d’ordre pour une préparation optimale des animaux. Que l’on pratique des inséminations artificielles ou des saillies naturelles la préparation des animaux est toute aussi importante. Il faut dans un premier temps définir la période souhaitée. Pour des mises-bas groupées d’automne, la reproduction aura donc lieu en contre-saison et un programme lumineux est indispensable, pour des mises-bas fin d’hiver la reproduction se déroulera en avance de saison et enfin pour des mises-bas de printemps, la reproduction aura lieu lors de la saison sexuelle naturelle des chèvres.

En fonction de la saison et des objectifs, le protocole doit être adapté et personnalisé, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre inséminateur ou de votre conseiller d’élevage pour sa mise en place.

Préparer ses animaux

Les boucs :

La préparation des boucs est un élément à ne pas négliger. Le mâle doit d’abord être sélectionné sur plusieurs critères : être âgé de 2 à 6 ans, s’être reproduit au moins une fois, être en bonne santé (ex : attention au parasitisme), avoir une bonne condition physique (ex : attention aux aplombs), avoir une libido bien exprimée et ne pas subir de stress. Pour cela, il lui faut une alimentation complète : du foin, de l’eau et un apport de concentrés journalier, à adapter en fonction des périodes. Un apport de vitamines est également conseillé pour stimuler la spermatogenèse. De plus, pour garantir une bonne reproduction, il faut que les boucs soient actifs, pour cela certaines techniques peuvent être mises en place : réveil sexuel, flushing, programme lumineux, etc.

Les chèvres :

Il est important de trier les chèvres mises à la reproduction.

Pour l’insémination, il faut choisir :

- des chèvres ayant mis bas l’année précédente ou en lactation longue choisie

- des chèvres dont l’intervalle depuis la dernière mise bas est compris entre 180 et 240 jours

- des chèvres de moins de 5 ans et/ou de moins de 5 lactations

- des chèvres ayant reçues au maximum 3 traitements hormonaux dans leur carrière (pour les IA avec traitement)

Pour les saillies naturelles : pensez à faire des lots et à préparer les accouplements. Privilégier les meilleures chèvres avec les meilleurs boucs pour avoir un renouvellement réussi.

Pour une reproduction des chèvres faites sur chaleurs naturelles, la stimulation des femelles doit être efficace. Pour cela, tous les mâles devront être séparés dans un bâtiment éloigné pendant au moins deux mois avant leur introduction. La séparation des animaux doit être totale. Elle doit respecter les conditions suivantes : voir schéma.

Introduire les boucs

L’insémination sans hormones :

Le repérage des chèvres en chaleurs se fait à l’aide des boucs. Pour les IA sur chaleurs naturelles, il faut compter 1 bouc pour 10 chèvres. Il est important d’effectuer un roulement journalier pour que les boucs se reposent et s’alimentent correctement. Vous devrez prévoir un nombre correct de boucs.  Cela nécessite donc d’élever et de manipuler un effectif suffisant.

La mise en place des tabliers permet l’identification des femelles en période d’œstrus, en empêchant le bouc de saillir. Il est important qu’il soit bien installé pour être efficace. Le tablier sera nettoyé tous les jours lors de la manipulation des boucs. On pose des crayons marqueurs pour la détection des chaleurs. On peut aussi utiliser des boucs vasectomisés avec des marqueurs pour éviter la manipulation de tabliers.

Le relevé du marquage s’effectue également tous les jours pour détecter efficacement les chaleurs et donc les chèvres à inséminer. Il faut que la croupe de la chèvre soit bien marquée, un simple trait n’est pas suffisant. Les inséminations devront ainsi, elles aussi être réalisées quotidiennement. Cependant, un délai d’attente de 12h à 24h est nécessaire entre la détection de la chaleur et l’insémination.

Les saillies naturelles :

Les boucs préparés doivent être en nombre suffisants, il faut compter 1 bouc pour 10 à 15 chèvres en contre saison et 1 bouc pour 20 à 30 chèvres en saison.

Confirmation de gestion

Pensez à faire des échographies pour faire un bilan de la reproduction de votre troupeau et ainsi éviter les surprises.

Emma Rival, Loire conseil élevage

Témoignage :

GAEC du Lautaret à Marlhes (42) - 2 associés avec un troupeau de 35 VL (bio) et 155 chèvres.

Aujourd’hui, l’éleveur utilise la technique de l’effet bouc pour l’insémination sans hormones.

« J’ai commencé cette pratique il y a 4 ans, le but était de ne plus utiliser d’hormones, d’améliorer la fertilité et la prolificité du troupeau. Je fais 80 IA la 3ème semaine d’août. Le plus important c’est réussir l’effet bouc pour avoir des chèvres bien en chaleurs et des mises bas groupées pour l’organisation de mon travail quotidien. Pour repérer les 80 IA, j’utilise 8 boucs équipés de tabliers. La contrainte, c’est la manipulation journalière des boucs. A l’avenir, je souhaite réaliser 80 inséminations, reproduire les chevrettes en SN et conduire le reste de mon troupeau en lactation longue ».

Sources : GRC, Coopel