Stéphane Violleau, Conseiller Fourrage à la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme, témoigne de dix années d’expérience de production du bulletin hebdomadaire.
C’est quoi le principe du BIP ?
On utilise les données de températures journalières issues des stations météo France pour faire le lien avec le stade de maturité des prairies. Cela indique aux agriculteurs les moments propices pour les différentes interventions. En effet, la Recherche a démontré la corrélation importante qui existe entre le stade des graminées (ex : démarrage, montaison, épiaison ou floraison…) et les sommes de température cumulées à partir du 1er février de chaque année.
Pourquoi avoir développé cette méthode dans le 63 ?
La situation du département est très contrastée et l’utilisation des repères de températures s’est avérée judicieuse. En effet, les systèmes d’élevage du département sont très majoritairement herbagers. Les élevages sont situés à des altitudes allant de 300 à 1200 m. Parler de date d’exploitation était un exercice compliqué. Aujourd’hui, on conseille en «repère de somme de température » et on devient audible pour tous les éleveurs. De plus, les enregistrements météo de ces dernières années montrent que chaque année reste unique et qu’il faut s’adapter en permanence à la météo du moment.
Comment faites-vous pour donner des conseils susceptibles d’intéresser tous les éleveurs?
Nous disposons des données météo de 15 stations réparties selon 4 classes d’altitude. Chaque semaine nous indiquons dans le bulletin d’information la somme de T°C acquise dans chacune des stations. L’agriculteur dispose ainsi des données de la station météo la plus proche de chez lui. Les conseils sont présentés par classe d’altitude.
Les bulletins info-prairies sont diffusés chaque semaine de fin février à juillet avec l’évolution des sommes de température. Ils reprennent à l’automne (de fin août à début novembre), à raison d’un bulletin tous les 15 jours. Il s’agit alors de conseils de saison en lien à l’exploitation des prairies et nous n’utilisons plus l’indicateur de somme de température. Les bulletins sont diffusés dans la presse agricole locale, sur le site internet de la Chambre d’agriculture, par envoi de mail aux agriculteurs, et à de nombreux prescripteurs conseillers d’élevage.
Comment utiliser le bulletin ?
C’est un outil d’anticipation de prise de décision. Par exemple, l’éleveur qui repère que la somme de T°C sur sa station est à 600°C sait que dans les jours qui suivent, il est théoriquement possible de commencer les récoltes précoces si une fenêtre météo favorable se précise. L’idée est d’inviter les éleveurs à aller voir leurs parcelles par anticipation pour prendre les décisions en connaissance de cause. Le principe est le même pour la plupart des interventions sur les prairies (apport d’engrais, mise à l’herbe, fin du 1er tour de pâture ou du déprimage…).
Propos recueillis par Jean ZAPATA
« Aurélie, Olga et Yannick MENADIER, Gaec de la Terrasse à Courpières (63)
450000l de lait AB dont 60000 l de lait transformés VD, système herbager 1.1 UGB/ha, 185 ha SAU dont 60 ha PT, 90VL, 3 associés.
« Notre système est basé sur l’herbe. Nous la récoltons pour partie sous forme d’ensilage d’herbe, de foin séché au sol, de foins ventilés et regains. A partir de la mi-mars, nos vaches pâturent essentiellement. Mais en été, on a recours au foin ou à l’affouragement en vert pour pallier aux épisodes de sécheresse et compléter le manque d’herbe pâturée. Les animaux sortent normalement 8 mois au pâturage (de mars à fin novembre). La qualité de l’herbe est pour nous un critère tout aussi important que la quantité.
On utilise le bulletin infoprairie surtout au printemps. Comme on sort toujours dès que la portance le permet, ça ne nous sert pas forcément pour la mise à l’herbe. En revanche, on l’utilise pour arrêter le déprimage de certaines parcelles avec le conseil de notre technicien, ou pour anticiper les dates de fauche. Ce qui est sûr, c’est que c’est différent d’une année à l’autre. Par exemple la mise à l’herbe a été décalée de 6 jours en 2018 par rapport à 2017 et surtout la date d’ensilage d’herbe 1ère coupe a été retardée de 16 jours (le 7 mai en 2018 à 755°C).
Le « Bulletin info prairie », mais aussi les visites très régulières de notre conseiller nous aident à mieux exploiter les prairies. On regarde le bulletin régulièrement sur le site de la chambre d’agriculture pour cibler le moment opportun pour aller voir les parcelles à faucher. C’est un outil d’anticipation des prises de décision ! Les conseils associés au BIP indiquent l’évolution du cumul de températures. Entre les prairies permanentes, les temporaires, les luzernes et compte-tenu de la surface de l’exploitation et de la diversité des sites plus ou moins froids au printemps, l’utilisation du bulletin est une aide parmi d’autre.
En bio on regarde aussi la quantité de fourrage présente sur la parcelle et parfois comme l’année passée, nous sommes amenés à retarder la fauche car il y a trop peu de fourrages. »
Propos recueillis par Jean ZAPATA, conseiller fourrage à EDE Conseil elevage 63